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Le jeu de l'amour et du hasard, Acte II, scène 12 - Marivaux

Publié le 30/07/2010

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amour

Cette scène nous rapproche de la fin puisque Dorante révèle son identité.    L’aspect dramatique du texte    1 L’aspect dramatique    On notera que cette scène s’ouvre sur un monologue (réplique 1), alors que c’est un dialogue. On dira même une intervention angoissée de la part de Silvia « Ah que j’ai le cœur serré «. Le mot cœur renvoyant effectivement au secret de l’âme de Silvia. On pourra aussi noter que « serré « est la définition exacte de l’angoisse. On soulignera aussi à la réplique 1 « Je ne sais ce qui se mêle à l’embarras où je me trouve «, le « je ne sais « exprime le désarroi et la détresse de Silvia et l’ignorance où elle se trouve des secrets de son amour. « Je ne sais pas « montre l’incompréhension où se trouve Silvia à l’égard d’elle-même. On soulignera que c’est le comble de la détresse que de ne pas comprendre au moment où l’on explore son intériorité. Le vocabulaire « embarras «, « affligée «, « défiée « traduit chez Silvia une extrême solitude. Une solitude face aux événements mais aussi face aux autres « défier «, « je ne suis contente de personne «. Cette extrême solitude est renforcée par l’occurrence de la première personne du singulier « j’ai le cœur serré «, « je ne sais «, « je me trouve «, « je me défie «, « je ne suis«, « je ne le suis pas «.  On peut dire dans cette scène, que Silvia est seul contre tous. On ajoutera par ailleurs qu’elle est si seule, qu’elle semble vouloir sortir de la situation « cette aventure m’afflige «, nous rappelle « le souvenir de tout ceci me fera bien rire un jour « (Acte II, scène 9). Silvia à la réplique 1, ligne 2, trouve cette aventure affligeante, ce qui nous rappelle la sentence qu’elle avait prononcé dans la scène 9 «  le souvenir de tout ceci me fera bien rire un jour « et qui montre chez Silvia, son effort pour se distancer de la situation [Acte II, scène 9, « Faut que je parte ou que ma tête me tourne «, montre qu’à chaque instant que les personnages sont dépassé par des situation qu’ils ne maîtrisent pas, cherchent à partir]. Le comble de la solitude chez Silvia est qu’elle n’est pas contente d’elle même « je ne le suis pas de moi-même «. Elle n’est maître ni de la situation, ni d’elle-même, ni des autres.  Une parole et un amour qu’on se refuse à dire. Réplique 12 « je n’ai pu me défendre de t’aimer «, le verbe « défendre sous-entend une idée de lutte, d’un combat de se défendre. Réplique 1 montre un climat de lutte chez Silvia. Le « je ne sais pas « de Silvia à la réplique 1, explicite à l’idée que la parole fait défaut, qu’un éclaircissement manque. C’est cette confusion qui crée son malaise. Ce « je ne sais pas « explique le « je ne suis contente «, deux lignes plus loin.    2 L’accélération du rythme dramatique    La scène commence par une longue réplique de quatre ligne, mais on observe que les réplique vont s’abréger et s’atténuer très rapidement. Les héros vont être pris dans le temps de l’urgence, de l’imminence. Réplique 4 « J’ai à te parler pour la dernière fois « (Dorante), cette obligation, cette nécessité du rapprochement est immédiatement contredite, placé sous le signe de la séparation. Notons que cet scène révèlent un caractère de gravité dramatique mais cet aspect se trouve souligner par les acteurs eux-mêmes, Dorante : « Ah ! Lisette «.  L’instant, ici, le maintenant de la scène est désigné par Dorante comme l’instant défini.  Nous sommes placés sous le temps de l’urgence, de l’imminence comme le montre les périphrase « tu vas juger « (réplique 16), « tu vas voir « (réplique 6), « je vais dire « ‘réplique 6). On peut noter d’ailleurs que ces périphrases qui indiquent l’imminence sont complété par des verbes qui suggèrent l’idée de révélation « voir, dire, juger «. Réplique 8 « Me promets-tu le secret « (Dorante), réplique 18 « Personne ne vient-il ? « (Dorante).    3 Du secret à l’identité    Ces personnages semblent en quête de leur identité qui sont voilé par le déguisement. Le paradoxe est qu’il cherche leur identité tout en la fuyant. Image récurrente de la course poursuite, réplique 2 « Je te cherchais, Lisette « (Dorante), réplique 3 « Ce n’étais pas la peine de me trouver, car je te fuis « (Silvia). Les amants au lieu de se chercher se fuit. Nous sommes dans l’esquive perpétuelle [le dialogue se fait en dialogue]. Réplique 4 « J’ai à te parler « (Dorante), réplique 5 « Va le dire à eux-mêmes « (Silvia). Réplique 16, « tu vas juger des peines qu’a dû ressentir mon cœur ! « et réplique 17 «  Ce n’est pas à ton cœur que je parle : c’est à toi. «. Ce sont des paroles de dénégation dans laquelle Silvia refuse de s’inscrire dans le cœur du sujet et que c’est à la lettre une dénégation du sentiment amoureux. L’esquive de la réplique 17 est grave, tragique, que textuellement elle refuse de considérer l’être profond. La vérité est dans notre langage la métaphore « le cœur est l’être profond «.  Silvia est effectivement physiquement dans le fuite, réplique 3 « je te fuis «. Mais à la réplique 5 « aller «, confirme le fait qu’elle est dans le mouvement et le « arrête donc « de Dorante peut-être pris dans deux sens : arrête et ne bouge plus.  Face à cette fuite perpétuelle de Silvia, Dorante lui aussi en mouvement, tente de la rattraper. Au refus du dialogue va donc s’opposer le désir désavouer de révéler, de la part de Dorante. On montrera que la révélation de la part de Dorante se fait avec emphase, elle est longue et différé. De la réplique 4 à la réplique 22.  Dorante est amené à se répéter de la réplique 6 à la réplique 4 « il s’agit d’une chose de conséquence «, « tu va voir les choses bien changer de face par ce que je  vais te dire «.  La révélation est à la réplique 14 « Reste : ce n’est plus Bourguignon qui te parle «. L’aveu est crypté et peut s’entendre de deux manières. Seul le spectateur peut le prendre au sens propre ou au sens figuré. Le « Reste « marque une transition dans le temps qui indique que la page va être tourné. Une nouvelle étape.    Le thème de l’aveu et de la parole    1 L’importance de la parole    Le moteur de l’action dans cette scène est la parole. Toutefois, la parole dans cette scène est plus que cela, elle est en effet un thème explicitement évoqué et commenté par les personnages eux-mêmes. Ceci nomment avec emphase (procédé de soulignement) et de façon récurrente l’acte de parole. Réplique 4 « J’ai à te parler «, réplique 6 « Ecoute moi, je vais te dire «, réplique 14 « Ce n’est plus Bourguignon qui te parle «, réplique 17 « Ce n’est pas à ton cœur que je parle «, réplique 20 « me force à te le dire «. On remarque un contraste étonnant entre l’importance du silence et du secret, et d’autre part la nécessité de parler qui apparaît comme un objectif jamais atteint et semble inscrire l’acte de parole comme un effet inabouti.    A. La parole apparaît toute fois comme une nécessité, une force qui s’impose  A la réplique 12, l’impératif « achevons « implique par son sens et sa forme grammaticale la détermination, la volonté d’arrêter le « je «. Réplique 20 « L’état où sont les choses me force à te le dire «, montre la nécessité de l’aveu. Ce sont les événements, c'est-à-dire quelque chose de plus fort qui va insister à ce que Dorante parle. « Je suis trop honnête homme pour n’en pas arrêter le cours «, l’image du cours, du fleuve, du mouvement suggère la nécessité de la confidence comme une force impétueuse (= plein de force). On notera que la formule superlative, qui entretient un rapport de cause à conséquence, suggère elle aussi le caractère inéluctable de l’aveu.  La parole n’est pas simplement une nécessité, une obligation d’en passer par là pour expliciter sa pensée, son cœur, mais également une force qui s’empare des héros.    B. la parole a une valeur éthique  La réplique 20 associe très nettement l’association honnête et parlé, qui montre un lien profond qui unit la parole et l’obligation orale. A la réplique 12 « Tu te trompe, Lisette. Tu m’as promis le secret : achevons. Tu m’as vu dans des grands mouvements ; je n’ai pu me défendre de t’aimer. «, la nécessité de parler est ici, directement lié à l’amour. On observe d’un côté la nécessité de se dévoiler moralement et inversement la nécessité de garantir l’un l’autre le secret.  Le thème du secret : à la réplique 9 « Je n’ai jamais trahi personne «, Silvia énonce un principe moral. On soulignera donc le vocabulaire presque contractuel qui caractérise la parole, le verbe « promettre « contient le mot engagement. Cette idée d’engagement que l’on retrouve à la réplique 10 avec le verbe devoir « Tu me dois la confidence «.    Confidence  CONFIDENTIA (latin)  Confiance    Cet échange de réplique, illustre l’étymologie commune qui relie la confiance à la confidence. Nous sommes donc non seulement dans le contractuel ( accord qui relit quelqu'un de façon réciproque), mais aussi dans la réciprocité qui est le résultat des sentiment que se portent les amoureux mais qui est aussi le résultat de la reconnaissance morale d’autrui, comme le montre le mot « estime «. On pourra conclure cette partie, que l’estime ne résulte pas de l’aveu mais l’estime est antérieure à l’aveu. Inversement c’est l’aveu qui résulte de l’estime.

amour

« Le thème de l'aveu et de la parole 1 L'importance de la parole Le moteur de l'action dans cette scène est la parole.

Toutefois, la parole dans cette scène est plus que cela, elleest en effet un thème explicitement évoqué et commenté par les personnages eux-mêmes.

Ceci nomment avecemphase (procédé de soulignement) et de façon récurrente l'acte de parole.

Réplique 4 « J'ai à te parler », réplique6 « Ecoute moi, je vais te dire », réplique 14 « Ce n'est plus Bourguignon qui te parle », réplique 17 « Ce n'est pas àton cœur que je parle », réplique 20 « me force à te le dire ».

On remarque un contraste étonnant entrel'importance du silence et du secret, et d'autre part la nécessité de parler qui apparaît comme un objectif jamaisatteint et semble inscrire l'acte de parole comme un effet inabouti. A.

La parole apparaît toute fois comme une nécessité, une force qui s'imposeA la réplique 12, l'impératif « achevons » implique par son sens et sa forme grammaticale la détermination, la volontéd'arrêter le « je ».

Réplique 20 « L'état où sont les choses me force à te le dire », montre la nécessité de l'aveu.

Cesont les événements, c'est-à-dire quelque chose de plus fort qui va insister à ce que Dorante parle.

« Je suis trophonnête homme pour n'en pas arrêter le cours », l'image du cours, du fleuve, du mouvement suggère la nécessité dela confidence comme une force impétueuse (= plein de force).

On notera que la formule superlative, qui entretientun rapport de cause à conséquence, suggère elle aussi le caractère inéluctable de l'aveu.La parole n'est pas simplement une nécessité, une obligation d'en passer par là pour expliciter sa pensée, son cœur,mais également une force qui s'empare des héros. B.

la parole a une valeur éthiqueLa réplique 20 associe très nettement l'association honnête et parlé, qui montre un lien profond qui unit la parole etl'obligation orale.

A la réplique 12 « Tu te trompe, Lisette.

Tu m'as promis le secret : achevons.

Tu m'as vu dans desgrands mouvements ; je n'ai pu me défendre de t'aimer.

», la nécessité de parler est ici, directement lié à l'amour.On observe d'un côté la nécessité de se dévoiler moralement et inversement la nécessité de garantir l'un l'autre lesecret.Le thème du secret : à la réplique 9 « Je n'ai jamais trahi personne », Silvia énonce un principe moral.

On souligneradonc le vocabulaire presque contractuel qui caractérise la parole, le verbe « promettre » contient le motengagement.

Cette idée d'engagement que l'on retrouve à la réplique 10 avec le verbe devoir « Tu me dois laconfidence ». ConfidenceCONFIDENTIA (latin)Confiance Cet échange de réplique, illustre l'étymologie commune qui relie la confiance à la confidence.

Nous sommes donc nonseulement dans le contractuel ( accord qui relit quelqu'un de façon réciproque), mais aussi dans la réciprocité quiest le résultat des sentiment que se portent les amoureux mais qui est aussi le résultat de la reconnaissance moraled'autrui, comme le montre le mot « estime ».

On pourra conclure cette partie, que l'estime ne résulte pas de l'aveumais l'estime est antérieure à l'aveu.

Inversement c'est l'aveu qui résulte de l'estime.. »

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