Introduction Les rapports sur les effets désastreux du changement climatique et du réchauffement de la planète soulèvent des débats passionnés. Cependant, un certain consensus émerge pour défendre une croissance économique compatible avec le développement durable. La question est alors de savoir comment cette compatibilité est possible. La croissance économique est un indicateur de variation des richesses mesuré par l’augmentation du PIB réel. Le développement durable, défini par la commission Brundtland en 1987, correspond au développement qui permet de satisfaire les besoins des générations présentes sans mettre en cause la satisfaction des besoins des générations futures. La question est donc de connaître les conditions qui pourraient rendre compatibles croissance économique et développement durable. Une première réponse à la compatibilité de la croissance et du développement durable tient au progrès technique, mais elle sera insuffisante s’il n’existe pas une véritable volonté politique. I. Le progrès technique peut permettre de concilier croissance et développement durable Depuis les années 1970, des études montrent les effets néfastes de la croissance sur l’environnement. Cependant, on peut montrer que l’absence de croissance nuit à l’environnement et que les progrès technologiques peuvent permettre de nuancer les conclusions sur les effets néfastes de la croissance. 1. L’absence de croissance peut conduire à la dégradation de l’environnement De nombreux pays ont utilisé d’une manière intensive leurs ressources naturelles (charbon, métaux précieux, etc.), raison pour laquelle l’état de la planète se dégrade de façon générale. Ainsi, les émissions mondiales de CO2, néfastes pour la couche d’ozone, ont été multipliées, approximativement, par 3 entre 1971 et 2008 (document 2). Cette situation est aggravée par le fait que le marché ne prend pas en compte les coûts environnementaux qui constituent des externalités négatives. Cependant, on peut observer que les pays les plus développés, depuis 1971, contribuent de moins en moins à cette émission car la Chine, pays émergent, a vu ses émissions multipliées par 8 (document 2). Dès lors, la problématique environnementale change de sens et elle se déplace vers celle de la pauvreté. En règle générale, les pays pauvres, peu responsables des dégradations de l’environnement, ne sont pas prémunis contre les risques écologiques. Certaines dégradations ont une portée internationale (par exemple le réchauffement climatique), qui risque de toucher plus durement les pays pauvres. En effet, pour faire face à leurs besoins, les pays les moins développés utilisent des techniques fortement consommatrices d’eau ou d’énergie. 2. Le rôle du progrès technique Le ralentissement de la croissance n’est pas un gage de développement durable. Ainsi, celui de l’UE s’est accompagné d’un accroissement de la consommation énergétique (document 1). Les exemples des pays émergents, Chine et Brésil, montrent que la croissance reste indispensable pour assurer les besoins essentiels des générations actuelles, ce qui est une condition du développement durable. Pour assurer la satisfaction des besoins des générations futures, il faut concilier croissance et préservation de l’environnement. Il faut développer, grâce au progrès technique, de nouvelles combinaisons productives moins consommatrices de ressources naturelles non renouvelables. Les pays les plus riches ont des ressources qui peuvent permettre de financer des recherches afin de trouver de nouveaux procédés ou matériaux moins énergivores (consommation d’énergies renouvelables comme l’énergie éolienne ou solaire). Cette évolution nécessite une nouvelle révolution industrielle afin de réduire l’empreinte écologique. Ainsi, dans le cadre d’une conception de la durabilité faible, il est possible de substituer du capital artificiel et humain au capital naturel, préservant ainsi le niveau total de capitaux et le bien-être des populations à venir. Si le progrès technique est un élément nécessaire pour concilier croissance et développement durable, il n'est pas suffisant sans une volonté politique forte. II. La compatibilité de la croissance et du développement dépend de choix politiques Si la pollution apparaît comme le résultat des défaillances du marché, l’État doit corriger les insuffisances de celui-ci. Cette intervention de l’État implique une volonté politique des pouvoirs publics tant au niveau international qu’au niveau national et/ou régional. 1. Au niveau international, le rôle de la solidarité entre les pays Dans le protocole de Kyoto, adopté en 1997, les pays signataires s’engagent à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5 % environ d’ici à 2012 et sur la mise en place d'un marché des droits à polluer (document 3). Cet accord international a été obtenu dans la douleur car certains pays comme les États-Unis ne l’ont pas signé et d’autres l’ont fait tardivement. Ce progrès marque un progrès dans la prise de conscience des effets d’une croissance trop gourmande en ressources non renouvelables, ce qu'illustre l’évolution des émissions de CO2 qui ont ralenti dans les pays développés, même aux États-Unis (document 2). Mais les difficultés pour renouveler ce protocole montrent que la volonté politique doit s’accompagner d’une véritable action pour réduire les inégalités dans la distribution des richesses au niveau mondial. Les pays non développés sont réticents à renouveler un accord international engageant les pays à réduire leurs émissions de GES car la croissance est une condition pour assurer la satisfaction des besoins essentiels des générations actuelles. Les pays riches ont une certaine responsabilité concernant la solidarité internationale, notamment quant aux droits de propriété intellectuelle sur les technologies favorisant une moindre consommation des ressources naturelles. 2. Les politiques publiques nécessaires au niveau européen et national Parmi les pays les plus riches, ceux de l’UE ont une responsabilité majeure. La « stratégie de Lisbonne » a permi d'engager une démarche de développement durable visant à améliorer la qualité de l’environnement tout en renforçant lacohésion sociale et la croissance économique. Ainsi, en principe, l’Europe applique les normes environnementales parmi les plus strictes au monde, afin de lutter contre le changement climatique et de préserver la biodiversité. De plus, les objectifs de protection de l’environnement sont considérés comme des moyens pour stimuler l’innovation. Mais l’effort au niveau européen doit être répercuté au niveau national. Les pays de l’UE agissent sur les comportements des consommateurs, notamment concernant le recyclage des déchets et l'usage de ressources renouvelables. Le développement durable implique une volonté politique forte. Il faut favoriser les transferts des technologies propres, ce qui suppose une remise en cause des droits de propriété sur le plan international. Conclusion Dans la perspective d’une durabilité faible, le progrès technique apparaît suffisant pour pouvoir résoudre les problèmes du développement durable. Cependant, il reste insuffisant s’il ne s’accompagne pas d’une volonté politique forte tant au niveau international qu’au niveau régional et/ou national. Depuis la crise financière en 2008, le risque est de voir les problèmes du développement durable devenir mineurs par rapport au ralentissement de la croissance économique et à la montée du chômage.