Le désir est-ce nécessairement souffrir ?
Publié le 27/02/2008
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Le désir est une tension vers un objet manquant. C'est toujours l'expérience d'un manque, d'une insuffisance qui nous pouse à chercher un objet considéré comme source de satisfation.
Domaine des sentiments= domaine des affects Le sujet est passif à des sensations. Le sentiment est l'effet des sensations sur le sujet, à l'intérieur. C'est une sensation au second degré.
Passion, émotion, désir : La passion désigne un désir exclusif tel que l ‘esprit se focalise sur un objet à l'exclusion des autres. A la différence de l'émotion, la passion est durable et perdure dans le temps sans perdre de son intensité. L'émotion est quelque chose d'éphémère. Elle trouble la raison et l'empêche un moment. La passion peut encore réfléchir.
On assimile souvent désir et volonté. Il est vrai que le désir est source de mouvements et donc de volonté.
Désir synonyme de vie, caractère producteur d'actions. Il semble être associé à la liberté. Les limites imposées au désir sont vécues comme des limites à la liberté. Il semble être la condition du plaisir qui naît avec l'assouvissement d'un manque. Il est donc un élan de bonheur qui semble être la satisfaction de mes désirs, durablement. Le désir se renouvelle toujours, il semble insatiable. Le bonheur est donc inaccessible. Il y a de la passivité dans le désir, c'est quelque chose qui n'est pas le choix du sujet, qui arrive sans décision. Il est infini par l'étendue des objets possibles et par sa renaissance incessante si bien que le bonheur n'est jamais vraiment accessible (=> déception, désillusion.
On peut distinguer besoin et désir. Ils sont tous les deux l'expérience d'un manque. Le besoin est nécessaire, on ne peut pas s'en passer alors que le désir ne l'est pas. Le besoin est nécessaire à la vie ( ex manger), il est déterminé et peut être satisfait. Le désir lui porte sur le superflu à la survie. Il est indéterminé, indéfini et semble ne pouvoir être satisfait durablement. Il tend à sa propre fin mais sa satisfaction semble mener au malheur du sujet, à l'ennui. Il y a ambiguïté du désir entre activité et passivité, entre bonheur et souffrance, entre liberté et aliénation. Pour l'homme, accomplir sa vie est difficile : il ne lui suffit pas seulement d'assouvir ses besoins vitaux. Le Désir est-il synonyme de souffrance ?
I- Faut-il maîtriser ses désirs ?
a- un modèle de vie : Pour vivre heureux et libre, il faut vivre pleinement ses désirs. On doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, il faut assouvir l'excès, la démesure de nos passions. On doit laisser aller nos passions car elles font notre singularité, notre individualité. En les laissant libres, on crée notre propre individualité. Lutter contre nos passions c'est aller contre la nature. Il faut mettre le courage et l'intelligence au service des passions. Cet idéal de vie nécessite des capacités, des qualités individuelles.
2- la tempérance : Contre calleuses, Platon défend la nécessité de tempérer les désirs et les passions. Pour cela il réfute les arguments annoncés par son adversaire.
a- critique de la passion : Socrate affirme que celui qui cherche à assouvir ses désirs n'est ni heureux ni libre. Le passionné est malheureux parce qu'il est constamment insatisfait, le propre du désir étant de se renouveler. Platon compare nos désirs à un tonneau percé : caractère insatiable et illusion d'un bonheur, d'une satisfaction. Plus on satisfait nos désirs et plus on contribue à les démultiplier. Par conséquent, l'individu s'expose à la déception car la satisfaction n'est pas durable et que la satisfaction de certains désirs se fait au détriment d'autres désirs d'où un sentiment de frustration. De plus, l'individu peut faire du tord aux autres (égoïsme ) mais aussi à lui-même (isolement, rejet). Lorsque nous suivons nos désirs, nous ne discernons plus notre intérêt véritable et on se met en danger. La passion rend aveugle, elle trouble notre jugement, notre faculté de discernement. Le désir est producteur d'illusions, il enflamme l'imagination. Les images produites par nos désirs remplacent la réalité. Nous projetons nos désirs dans la réalité. Par exemple, la passion amoureuse est capable de rendre quelque chose de médiocre exceptionnelle. Stendhal parle de cristallisation amoureuse : bous parons l'objet de nos désirs de nos souvenirs ,de nos attentes, de nos rêves et le transfigurons. La passion est capable de nous faire perdre le faux du vrai. Elle nous porte à ne pas croire ce qui est et à croire ce qui n'est pas (ex jalousie). Notre raison est mise en défaut non pas parce que nous sommes privés de la capacité de réflexion mais parce que la réflexion est faussée. Notre raisonnement est orienté, la conclusion est posée d'avance et le raisonnement vient confirmer la conclusion. C'est ce que Freud appelle le processus de rationalisation des passions : la raison sert à justifier nos désirs, des attitudes dictées par nos désirs et qui sont irrationnelles. Conséquences : Puisque la raison ne discerne plus le faux du vrai, nous risquons d'agir contre nos intérêts. En suivant nos désirs, nous suivons ce qui apparaît comme bien il se peut qu'il soit mal(exemple : le fumeur qui n'a pas de considération pour sa santé , le joueur qui risque sa ruine, le gros mangeur qui risque l'indigestion).Nous confondons le bien et le plaisir. Nous sommes comme les prisonniers du monde de la caverne, nous nous fions aux apparences des choses, par nos désirs et nous ne discernons pas les choses telles qu'elles sont vraiment. Il faudrait prendre conscience de notre ignorance et que la raison reprenne le dessus. Le passionné est aliéné : sous l'effet de la passion, c'est l'expérience non pas de liberté mais d'aliénation car nous nous sentons sous l'emprise d'une force qui est en nous mais pas décidé par nous. En obéissant aveuglement à mes désirs, j'ai l'impression de ne plus être moi-même. Dans l'état de passion, je est un autre. Selon Freud, c'est l'inconscient qui nous pousse à assouvir nos passions. Pour Socrate et Platon, c'est la raison qui définit l'individu alors que pour Callicles se sont les passions. Pour Platon, il ne faut pas suivre ses passions, il faut au contraire rester maître de soi même. Il va montrer que le bonheur et la liberté dépendent de la modération des passions et de la maîtrise de soi, de notre comportement par la raison.
b- la tripartition de l'âme : Platon estime que l'âme est divisée en trois parties : désir, raison et énergie. Les passions dépendent de l'intérieur du sujet. Si on parvient à une harmonie intérieure, on peut gouverner nos désirs, chaque partie de l'âme en accord, à sa place. Pour Platon, la raison doit dominer les désirs en s'aidant de l'ardeur car c'est elle qui peut nous indiquer notre véritable intérêt. Le thumos doit être au service de la raison pour combattre nos désirs. Ils ne doivent pas s'allier à l'epithumos contre la raison pour être assouvis. Les désirs doivent être soumis à la raison ; c'est pourquoi pour Platon chaque partie tend vers quelque chose. Il faut du courage et de l'ardeur pour résister aux tentations du désir. Pour lui, vivre selon ses passions c'est être désordonné. Le dérèglement de l'individu doit s'identifier à sa raison afin de s'humaniser, de passer au-dessus du côté bestial de nos désirs . Conséquences : les philosophes doivent être au pouvoir et fixer les lois. Les gardiens sont ceux qui font respecter les lois et contiennent la masse qui désobéit aux deux autres. La justice se traduit dans la cité par une organisation juste et similaire. Chaque classe doit tendre vers la vertu qui lui correspond. Platon, comme Callicles, est anti-démocrate : la plupart des hommes sont indépendants, ignorants donc ils ne discernent pas ce qui est bon pour eux. La démocratie risque de dégénérer en tyrannie : le sophiste se rend maître de l'opinion et donc du pouvoir. Socrate et Callicles sont contre la masse qui est la fois trop lâche pour assouvir ses désirs et trop tempérante pour les restreindre totalement. Chez Platon, seul l'homme juste est véritablement libre et heureux. Il fait ce que la raison lui indique comme bien pour lui, il n'est jamais soumis à ses désirs. Il réalise des désirs compatibles avec les valeurs de la raison. Comment devons nous tempérer nos désirs ? Le banquet, Platon : Le modèle proposé est celui du philosophe qui a une conception intellectuelle avec un mépris du corps. La philosophie de Platon est axée sur le fait que l'idée qu'il suffit de comprendre ce qui est bien pour moi pour tendre vers. Parfois nous le savons mais faisons le pire, le mal et la méchanceté sont des erreurs. Notre raison est-elle assez forte pour vaincre les désirs ? Où puise-t-elle sa force ? Seule une passion peut en vaincre une autre. La raison ne peut rien, elle n'est qu'idée (Descartes). Platon prend l'exemple du soldat qui a peur au combat : il ne peut pas, par sa raison, vaincre sa peur. Il faut réussir par l'imagination à susciter une passion contraire ( courage, colère) . Voir Le traité des passions, Descartes. Cette philosophie repose sur un certain mépris du corps. L'homme est esprit et le corps encombre. En philosophant, on rejoint l'âme : c'est un désir intellectuel. 3- L'ascétisme : L'ascète est quelqu'un qui cherche à se détacher de tout. L'ascétisme religieux cherche à détacher le corps de l'esprit par la spiritualité. On trouve une forme d'ascétisme en philosophie : le stoïcisme apparaît dès le IIème siècle avant JC avec Epictecte, Sénèque, Marc Aurèle et plus tard Montaigne, Pascal, Descartes. D'après ce principe, le malheur vient du fait que nous plaçons le bonheur en des choses qui ne dépendent pas de nous (amour, santé, richesse, honneur). En attendant de la fortune ou autres notre bonheur, nous serons toujours déçus. Nous ne sommes que maîtres de notre attitude face aux évènements. Il faut s'exercer à ne pas désirer les choses qui ne dépendent pas de nous. Il faut donc parvenir à rester impassible devant les choses qui ne dépendent pas de nous. Il faut être apathique pour avoir l'âme sereine (exemple de ne pas être touché par le décès d'un proche). Il ne faut pas ajouter de souffrance imaginaire à ce qui se produit. La plupart des souffrances sont morales et n'ont pas de sens. La seule chose qui dépend de moi est ma pensée, ma volonté. Le stoïcien refuse ses désirs parce qu'ils dépendent de choses qui ne sont pas de lui. Epictècte écrit « ne veuille pas que les choses soient comme tu les désires mais veuille qu'elles arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux ». Il faut reformer ses désirs plutôt que l'ordre du monde. C'est à moi de m'adapter et non au monde. Il faut consentir à ce qui est.
Conséquences :*Le stoïcisme ne conduit-il pas à la résignation ? il renonce à adapter le monde à ses désirs. Ce n'est pas une philosophie de l'action. *En se délivrant de nos désirs, nous prévenons la souffrance mais aussi la joie, le plaisir car on ne peut les éprouver que lorsque nous avons désiré. En étant insensible à tout, on l'est entre autre au bonheur. *Le stoïcisme parvient-il à se délivrer de tout désir ? L'ascète ne désire-t-il plus rien ? Il désire ne pas désirer. C'est un désir contradictoire. C'est le désir qui se renie lui-même. Nietzsche verra en le stoïcisme un désir monstrueux ; il y trouve un désir de mort, de néant. C'est renier l'essence même de la vie. *Un certain mépris du corps et une méfiance envers la sensibilité et les désirs qui nous font fauter. Il faut les maîtriser voir les supprimer. Il existe cependant une exception : Epicure qui dit que nos désirs ne sont pas insatiables. 4- la discrimination des désirs Tous nos désirs sont-ils insatiables ? Epicure (grec IV av JC) propose une réponse originale : Certains désirs peuvent être satisfaits et nous satisfaire. On ne peut concevoir le bonheur sans le plaisir. Le bonheur est quelque chose de sensible, qui est éprouvé, qui procure des sensations agréables. Cependant le corps à lui seul ne suffit pas, il est naturel de désirer le bonheur et de rechercher le plaisir mais il ne faut pas rechercher tout plaisir. Le corps a besoin de la raison mais elle est une aide a la recherche du plaisir. Elle fait la distinction entre les désirs naturels et les désirs vains. Moments de plaisir qui n'ont besoin de rien pour augmenter le plaisir : manger, boire dormir etc. Le désir d'être avec ses amis est un désir stable, qui n'a besoin de rien : lorsque je discute avec mon ami je suis satisfait( = être en pleine santé). Les désirs vains sont des désirs insatiables qui ne peuvent être satisfaits cars ils n'ont pas d'objet défini. Ils n'ont pas de fin (ex le désir de richesse, de pouvoir). Ils ne procurent jamais de plénitude ni de satisfaction. Nous ne sommes jamais débarrassés de la sensation de manque ni de tension du désir. Parmi les désirs naturels, certains sont nécessaires pour vivre et être heureux( ex l'amitié qui redouble le plaisir de vivre, c'est la célébration commune du plaisir d'exister). Philosopher est aussi indispensable au bonheur. Certains désirs sont naturels mais non nécessaires ex le désir sexuel : bien qu'il soit naturel, il ne procure jamais le sentiment de plénitude. Le bonheur est affaire de sensations( diff. Pensées) c'est pourquoi le corps signale quand je suis heureux. Mais pour parvenir au bonheur le corps ne suffit pas, il fait passer par le détour de la réflexion et de la philosophie pour nous ramener au simple plaisir de vivre. Le plaisir est un état de contentement, de plénitude dans lequel rien ne nous manque. Ce plaisir peut être atteint, il est à porté de main à qui sait y parvenir : ce sont les désirs naturels, c'est donc vers eux qu'il faut tendre. Le détour est nécessaire pour différencier les désirs vains qu'il est inutile de rechercher car ils n'apportent jamais de satisfaction. Ces désirs vains naissent d'un rapport faussé du monde qu'il appartient à la philosophie de dissiper. Nous serons heureux quand le corps ne souffrira pas et l'âme non plus. Cette sérénité de l'âme ( ataraxie) est atteinte lorsque l'on a chassé nos angoisses qui naissent d'un faux rapport et sont liées à ces désirs vains. Eudemonisme : lorsque la philosophie a pour but de rendre heureux Héronisme : le bonheur réside dans le plaisir Tetraphamakos est la quadruple remède qui nous libère des pensées ,des désirs qui nous empoisonnent la vie : 1- les dieux ne sont pas à craindre 2- la mort n'est rien pour nous 3- on peut atteindre le bonheur 4 on peut supporter la douleur 1-les dieux ne sont pas à craindre : les dieux existent ailleurs sans se préoccuper de nous donc il n'y a pas de force qui distribuerait bonheur et malheur. Il n'y a pas de force surnaturelle ou divine. Tous les phénomènes du monde peuvent s'expliquer par la physique. 2- la mort n'est rien pour nous : il n'y a aucun rapport entre la vie et la mort. Tant que j'existe, la mort n'existe pas. Quand elle est là, je n'y suis plus. La mort n'est pas à craindre car elle n'a aucun rapport avec ma vie. La seule dimension réelle est celle que je vis ici maintenant peut importe l'age, seul le plaisir compte. « Carpe diem » il faut se délivrer de la mort pour se consacrer aux plaisirs simples qui permettent le bonheur. Il faut cesser de vivre le temps comme une fuite 3- le bonheur est à porter de main de mains. Il faut simplement penser à notre rapport au monde pour accéder au bonheur de la vie 4- la seule douleur est la douleur physique mais nous passons notre temps à créer des douleurs mentales qui augmentent la douleur physique.
Conclusion : Epicure nous invite à un mode de vie simple, sobre ouverts sur les plaisirs du moment présent. C'est la philosophie qui a pour vocation de nous faire comprendre que le bonheur est accessible pour qui sait se rendre disponible aux plaisirs offerts dans le moment présent. Trois genres de vie s'opposent : - la vie passionnée qui prône l'exaltation des passions - la vie raisonnable qui prône la maîtrise voir la suppression des passions et des désirs - la discrimination par nos pensées de nos désirs Quel que soit le genre défendu, la réflexion aboutit à des positions tranchées sans doute à cause de la nature du désir (exaltant et inquiétant).
II- Le désir comme essence de l'homme Spinoza : « l'homme n'est pas un être de raison mais un être de désirs »
Il y a en l'homme une aspiration dont l'objet est indéterminé. Le désir peut prendre différentes formes et se porter sur différents sujets. Même le sage qui prône une délivrance des désirs puise lui-même la force de combattre les passions dans son désir de connaissance. Il semble bien qu'il s'agisse d'une spécificité de l'homme. Spinoza : « le désir est l'essence de l'homme ». Il y a le Désir derrière les désirs, il renvoie à ce qui est naturel. Il nous ramène au corps et va plus loin, il met en avant les facultés de l'esprit ( imagination). Le désir est corporel , naturel, mais il nous élance vers autre chose mais vers quoi nous tendons ? A quoi aspirons-nous ? Que signifie cette tension, chez l'homme, qui le pousse à avant vers l'ailleurs ? Le désir est ce qui nous ouvre le temps. Rapport entre la conscience et le désir. Quel est L'obscure du désir ? 1-Quel est l'objet du désir ? a- aspiration à l'absolu : Le désir se nourrit de l'inaccessible, du lointain. On peut penser que l'objet du désir est hors de porté, toujours au-delà, ailleurs. Lorsque nous songeons au bonheur, on le place soit dans l'avenir soit dans le passé. L'objet du désir est toujours autre .Si le désir est infini, est ce parce qu'il n'a pas d'objet défini ? Le seul objet qui lui conviendrait serait l'infini. Le désir désire l'infini, ce que nous ne sommes pas. La quête du désir est située hors d'une expérience. Idée des religions sur le désir, le seul objet d'amour doit être Dieu, il est le seul à pouvoir répondre aux désirs de tout homme. Il est le seul bien infini qui corresponde aux désirs de l'homme. Tant que nous sommes portés sur des objets finis, nous sommes insatisfaits. Le désir des biens infinis serait désir de l'infini. Pour Platon, l'amour manifeste ce désir Le Banquet, Platon : A l'origine, les mortels étaient formés d'entités doubles : homme-homme, femme-femme, homme-femme. Tout le monde était comblé. Ils défièrent les Dieux qui les condamnèrent en les coupant un deux c'est à dire en les condamnant à se chercher pour se combler. Chacun recherche sa moitié perdue pour restaurer l'unité. Il y a la quête amoureuse, une recherche de plénitude, de complétude, d'unité perdue sans laquelle nous ne sommes satisfaits (idée reprise en psychanalyse). Le désir est désir immortel. Il y a deux façons pour l'homme de se satisfaire, d'exprimer ce désir : -Dans le désir amoureux, sexuel, de la reproduction de l'espèce. C'est une participation à une forme d'éternité avec une manière de manifester l'immortalité. -Dans la gloire. Immortalité dans le souvenir du héros, de génération en génération. Les vérités mathématiques sont intemporelles. Philosophes et mathématiciens sont les mêmes personnes. Pour Platon le monde de la vérité est le monde des idées dans lequel tout reste stable. Philosopher c'est apprendre à mourir : appréhension de la mort. On tend à rejoindre le séjour de l'âme. L'objet du désir serait transcendant ( au-delà du monde- contraire d'immanent). Peut-on affirmer que l'être humain cherche l'infinité du désir ? Le désir cherche la satisfaction, la suppression mais nous aspirons à être totalement comblés ?
b- le désir de désirer Ambiguïté du désir. Il cherche sa satisfaction mais il la diffère indéfiniment. Il se nourrit de l'inaccessible, du lointain. Son but n'est-il pas de se porter sur les objets tels qu'ils puissent se maintenir ? Les objets seraient suffisants mais nous cherchons à perpétuer le désir. Un état ou le désir est inexistant est proche d'un état de mort. L'existence humaine est élan vers autre chose que ce que je suis. Il y a désir de désirer car il se confond avec le désir de vie et dans ce qu'elle a d'inachevé. Plaisir de poursuivre les buts. c- l'affirmation de la conscience Si le désir est désir de lui-même, sa propre perpétuation et la conscience est désir alors on peut comprendre, dans le renouvellement, une manière, pour l'homme, d'affirmer son humanité. Hegel : Phénoménologue de l'esprit Lorsque je désire, je porte un regard particulier sur l'objet. La consommation est une manière de réduire le monde à moi. Le monde trouve en moi sa destination. C'est pour Hegel une manière de prouver sa dignité de sujet. C'est en supprimant les objets que je démontre ma qualité de sujet. Par conséquent, le véritable objet du désir de la conscience est elle-même. La conscience se chercher elle-même dans son désir, elle cherche à s'affirmer. Tant que le désir se porte sur des objets, la quête est vouée à l'échec. C'est en consommant des objets qu'on se prouve en tant que sujet. Plutôt que de démontrer la dépendance des objets à son égard, il va montrer l'indépendance des objets. Pour pouvoir me sentir exister, il faut sans cesse que je nie des objets , je fais l ‘épreuve de ma dépendance au lieu de l'inverse. Il n'y a d'objets que pour les sujets. En conservant les objets, je me prouve comme sujet et je suis donc la seule vérité existante. d- Autrui est-il l'objet du fond de mon désir ? Ce n'est plus la dialectique du désir mais celle de la reconnaissance. J'attends de l'autre qu'il me signifie la valeur de sujet et il attend de moi la même chose. Les consciences sont égales dans leur besoin de reconnaissance , il y a donc rivalité. Pour montrer à l'autre que je ne suis pas un objet, je dois montrer que je ne tiens pas à la vie et que je ne crains pas la mort. Ma dignité est au dessus de mon attachement à ma propre vie. Comme chacun prétend la même chose et que chacun refuse à l'autre sa prétention, il y a une lutte à mort selon Hegel. Dans le duel chacun met sa vie danger, met la vie de l'autre en danger et reduit l'autre au statut d'objet. Sartre reprend cette idée dans l'échange du regard. Il y a très vite un rapport de force qui s'installe quand on croise le regard de quelqu'un d'inconnu pour savoir qui baissera le plus vite les yeux. La seule issue possoble pour qu'il y ait reconnaissance est la soumission à l'autre de l'un des deux. On passe à un nouveau dialecte : il doit devenir l'esclave de l'autre ( rapport du maître à l'esclave). Celui qui se soumet est un objet génial, c'est un sujet capable de se renier comme sujet pour reconnaître l'autre. Il a préféré sa vie à sa prétention en tant que sujet. Mais par là, il confirme l'autre dans sa prétention de sujet qui lui, ne craint pas la mort. La dialectique a échoué car je ne peux plus me reconnaître dans la conscience de l'esclave. Sartre dit « l'amant demande le serment et s'irrite du serment » dans l' Etre et le Néant. Je veux que l'autre existe que pour moi sans pour autant qu'il perde sa liberté , ce qui est contradictoire. Apparemment l'amour permet d'acquérir une reconnaissance, l'autre est tout pour moi, je n'existe que pour lui et en même temps je suis tout pour lui, qui n'est rien sans moi. Mais il y a contradiction interne, je suis à la fois sujet et objet du désir. D'un côté je multiplie les témoignages de ma dépendance à l'autre mais j'exige qu'il me rassure sans cesse, qu'il me dise qu'il n'est rien sans moi. Par conséquent, la relation amoureuse risque d'évoluer en relation maître esclave or cette relation ne peut être satisfaisante, ni pour l'un ni pour l'autre parce que l'esclave perd sa dignité et le maître ne peut pas se reconnaître en esclave. C'est pourquoi l'amant veut le serment ( l'autre affirme sa dépendance) mais il ne veut pas que l'autre s'aliène et se nie comme conscience de lui-même. Il y a contradiction dans la possession de la liberté. Est-ce que l'amour peut- être autre chose qu'un désir de possession, de reconnaissance ? Qu'est ce qui est en jeu ? L'autre ou moi ? Est-il un moyen de prouver sa valeur ? L'amour est-il une forme dérivée d'amour de soi ? Leibniz , philosophe du XVIIème siècle , distingue deux sortes d'amour : l'amour passionnel et l'amour pur dans lequel on vise le bonheur de l'autre même dans son malheur. Certains philosophes placent l'amitié au-dessus de toute relation. Il y a égalité parfaite entre les deux amis. Ils placent cette relation comme l'aboutissement des relations humaines. Le respect est aussi une relation à l'autre où l'égalité est maintenue et le conflit est dépassé.
Conclusion :
On ne peut pas vraiment définir le sens du désir. Il dépasse sa signification initiale de chercher à atteindre un plaisir. Au fond, c'est le sens de l'existence qui est en jeu. Le désir peut être compris comme une faiblesse dans la mesure où il est l'expérience d'un manque ; il manifesterai notre limitation, le fait que nous ne sommes pas auto- suffisants. Il manifesterai donc un défaut de l'homme. D'une autre coté, cet inachèvement est ce qui nous met en mouvement et en ce sens le désir peut être compris comme une force créatrice. Le désir est manque, c'est comme si il existait un objet préalable qui serait éprouvé comme un manque et que nous aurions envie de retrouver. Mais ne peut-on soutenir que c'est le désir qui crée le désir ? pour Spinoza , « nous ne désirons pas une choses parce que nous jugeons qu'elle est bonne mais au contraire nous jugeons qu'elle est bonne pour ce désir ». le bien a poursuivre n'est pas défini mais il est relatif à notre désir. D'autre part, comme le dit Rousseau, le désir est ce qui met l'imagination en mouvement. Nietzsche (XX) dit que « nous avons l'art pour ne pas périr de la vérité ». L'art, c'est à dire les productions de l'imagination, est préférable au réel car l'imaginaire nous satisfait d'avantage que le réel qui est décevant par rapport à l'idée qu'on se fait quand on désire. De plus l'imagination et l'illusion que le désir provoque sont nécessaires à l'action, le désir est créateur du possible. La possibilité n'est pas définie, elle est relative à l'homme. Ce qui peut paraître impossible peut devenir possible si on y met les moyens. Pour Rousseau, « l'imagination étant la mesure des possibilités, l'homme puise dans ses affects l'energie qui le pousse à se dépasser » . Sartre « l'homme est l'être par qui le néant arrive ». l'homme est tendu vers ce qui n'est pas. Cet inachèvement le pousse à faire être ce qui n'est pas.
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