Le débat sur le S.M.E. — Une opinion britannique
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
Lorsque la création d'une union monétaire européenne fut proposée pour la première fois en 1 969, à la Haye par M. Pierre Werner, l'idée-était en réalité moins révolutionnaire qu'elle ne l'est aujourd'hui. A l'époque, le système de fixité des taux de change issu des Accords de Bretton Woods était encore à même de fonctionner et les écarts entre les taux d'inflation des pays membres de la Communauté demeuraient relativement faibles. Depuis, la vive poussée de l'inflation et la mise en flottement des devises ont transformé l'union monétaire en un objectif singulièrement ambitieux.
Les adversaires de l'union monétaire font ressortir les dangers d'un blocage des parités entre des économies enregistrant des taux d'inflation très différents. Un pays faible avec un taux d'inflation élevé mais un taux de change fixe devrait continuer à faire de la déflation, au risque de créer davantage de chômage. Selon cette théorie, pour ralentir l'inflation, les pays doivent s'accommoder d'un chômage plus élevé.
En revanche, selon l'école de pensée dont le chef de file est M. Jenkins, président de la Commission de Bruxelles, l'union monétaire est non seulement réalisable dans la phase actuelle de tassement de l'activité et d'inflation conjugués, mais elle pourrait en fait contribuer à remédier à cette situation fâcheuse...
L'école de M. Jenkins avance par ailleurs les arguments suivants en faveur de l'union monétaire européenne :
1) Une union monétaire et une monnaie communautaire pourraient débarrasser l'Europe de sa mentalité inflationniste actuelle, de la même manière que les autorités de la République de Weimar sont parvenues à maîtriser l'inflation de 1 923 en créant une nouvelle unité monétaire et en contrôlant ensuite la croissance de la masse monétaire;
2) Les pays faibles pourraient relancer plus facilement leur économie dans le cadre d'une union monétaire, parce qu'ils n'auraient pas à se soucier des raids spéculatifs sur leur monnaie nationale, et ils pourraient ainsi résorber leur chômage;
3) En système de flottement des taux de change, le marché amplifie souvent les tendances. On pourrait éviter ces excès dans une union monétaire;
4) Toutefois, l'union monétaire ne pourrait fonctionner qùe si elle était soutenue par un transfert de ressources vers les pays les plus faibles...
A cela, les adversaires de l'union monétaire répliquent :
1 ) Si cette structure peut ralentir l'inflation dans les pays faibles, elle risque de l'attiser dans les pays forts. Un Ecu perdra sans doute plus vite de sa valeur qu'un D.M. Quant aux arguments relatifs au changement des 'mentalités inflationnistes, ils ne sont pas vérifiés;
2) Les inquiétudes relatives à la dépréciation des monnaies ne constituent pas les obstacles majeurs à la relance. En réalité, les gouvernements hésitent à relancer leur économie (témoin l'Allemagne fédérale en 1 978) par peur d'attiser l'inflation interne. L'union monétaire ne modifierait pas cet état de choses;
3) Les taux flottants peuvent certes amplifier à l'excès les variations de taux de change, mais ce système permet tout au moins aux taux de change de refléter les changements intervenus dans les performances économiques des différents pays. Une union monétaire ne permettrait aucun ajustement;
4) Existe-t-il une chance pour que la C.E.E. consente aux transferts de ressources nécessaires? De fait, dans le budget actuel de la Communauté les transferts de ressources s'opèrent des pays pauvres vers les pays riches. Les deux pays dont les contributions sont les plus élevées à l'heure actuelle sont la Grande-Bretagne et l'Italie. D'autre part, les pays membres seront-ils jamais disposés à doter la C.E.E. de suffisamment de pouvoirs en matière budgétaire pour permettre au système de fonctionner?
■ The monetary union debate,
The Economist, Londres, 5 mai 1 979.
«
Exercices
d'application 1 7 7
venues à maîtriser l'inflation de 1923 en créant une nouvelle unité
monétaire et en contrôlant ensuite la croissance de la masse moné
taire; 2)Les pays faibles pourraient relancer plus facilement leur éco
nomie dans le cadre d'une union monétaire, parce qu'ils n'auraient pas
à se soucier des raids spéculatifs sur leur monnaie nationale, et ils
pourraient ainsi résorber leur chômage;
3) En système de flottement des taux de change, le marché
amplifie souvent les tendances.
On pourrait éviter ces excès dans une
union monétaire;
4) Toutefois, l'union monétaire ne pourrait fonctionner qùe si
elle était soutenue par un transfert de ressources vers les pays les plus
faibles ...
A cela, les adversaires de l'union monétaire répliquent :
1 ) Si cette structure peut ralentir l'inflation dans les pays fai
bles, elle risque de l'attiser dans les pays forts.
Un Ecu perdra sans
doute plus vite de sa valeur qu'un D.M.
Quant aux arguments relatifs
au changement des mentalités inflationnistes, ils ne sont pas vérifiés;
2) Les inquiétudes relatives à la dépréciation des monnaies ne
constituent pas les obstacles majeurs à la relance.
En réalité, les gou
vernements hésitent à relancer leur économie (témoin l'Allemagne
fédérale en 1 978) par peur d'attiser l'inflation interne.
L'union moné
taire ne modifierait pas cet état de choses;
3) Les taux flottants peuvent certes amplifier à l'excès les
variations de taux de change, mais ce système permet tout au moins
aux taux de change de refléter les changements intervenus dans les
performances économiques des différents pays.
Une union monétaire
ne permettrait aucun ajustement;
4) Existe-t-il une chance pour que la C.E.E.
consente aux trans
ferts de ressources nécessaires? De fait, dans le budget actuel de la
Communauté les transferts de ressources s'opèrent des pays pauvres
vers les pays riches.
Les deux pays dont les contributions sont les plus
élevées à l'heure actuelle sont la Grande-Bretagne et l'Italie.
D'autre
part, les pays membres seront-ils jamais disposés à doter la C.E.E.
de
suffisamment de pouvoirs en matière budgétaire pour permettre au
système de fonctionner?
■ The monetary union debate,
The Economist, Londres, 5 mai 1 979.
Notes pour un commentaire
Cet extrait pose deux problèmes que le commentaire peut éclairer..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Question 13: Malgré la guerre d'Algérie, toile de fond de la vie quotidienne, un débat passionne (et divise) l'opinion française, dans la seconde moitié de 1959.
- Peut-on à la fois valoriser l'opinion dans le débat public et la combattre dans le travail de la pensée ?
- Les États-Unis : unilatéralisme et multilatéralisme, un débat international
- On ne peut se défaire de la métaphysique comme on se défait d'une opinion. Heidegger
- Modernisation et débat démocratique