Le concept de classes moyennes
Publié le 07/05/2011
Extrait du document
Introduction :
Amorce = Certains sociologues comme Henri Mendras ont analysé les transformations de la structure sociale de la France à partir des années 1950 en termes de « moyennisation », caractérisée par un développement particulièrement important des classes moyennes.
Problématique = Le concept de classes moyennes est délicat parce qu'il fait l'objet d'analyses diverses ; on peut toutefois en dessiner les contours. Elles comprennent deux sous-ensembles : d'une part, une petite bourgeoisie composée d'indépendants, artisans, commerçants et agriculteurs aisés et d'autre part, et surtout, les couches salariées qui, dans les organisations productives, occupent des emplois intermédiaires. Elles se différencient donc des classes dominantes ayant le pouvoir de décision au sein des organisations et des classes populaires, cantonnées dans les travaux d'exécution. Ces classes moyennes occupent-elles réellement
une place centrale dans la société française aujourd'hui, reléguant les classes populaires et les classes dominantes au rang de groupes sociaux de moindre importance ?
Annonce du plan = S'il est incontestable qu'elles ont pris une importance croissante dans la deuxième moitié de XXe siècle, leur position sociale est aujourd'hui moins assurée.
I - Les classes moyennes se sont développées après la deuxième guerre mondiale et ont constitué un groupe central dans la société française.
A - Un groupe en expansion.
• En expansion numérique. (Doc. 1) Forte croissance des groupes socioprofessionnels les plus
couramment intégrés dans les classes moyennes : professions intermédiaires + une partie des cadres + les employés les plus qualifiés, en dépit du déclin des classes moyennes traditionnelles : artisans,
commerçants et agriculteurs. Chiffres.
• Un sentiment d'appartenance croissant aux classes moyennes, accompagné d'un déclin de celui
d'appartenir à la classe ouvrière et à la bourgeoisie. Chiffres. (Doc. 2)
B - Un groupe qui a bénéficié de l'essor économique des Trente Glorieuses.
• Forte hausse du nombre d'emplois salariés qualifiés, de professions intermédiaires, de cadres,
notamment sous l'effet du développement des emplois publics. (Doc. 3)
• Hausse des salaires, y compris des salaires ouvriers, due à la croissance économique, facteur
d'augmentation du pouvoir d'achat et de la consommation.
• Développement de la consommation de masse et d'une certaine uniformisation des modes de vie
: les classes moyennes sont au cœur de ce processus. Ex. Taux d'équipement très élevés en
téléviseur, lecteur de DVD. Chiffres. (Doc. 4) Les taux d'équipement, de départ en vacances et de
pratiques culturelles des professions intermédiaires sont toujours élevés, au 2e rang après les
cadres, dont une partie appartient aussi aux classes moyennes. (Doc. 4)
• Le développement de l'Etat providence et de la protection sociale a contribué à atténuer les disparités de revenus, facteur d'une certaine homogénéisation sociale, autour des classes moyennes
C - Une promotion sociale favorisée par l'accès à l'éducation. (Doc. 3)
• Hausse de la part des bacheliers dans une génération ; mobilité sociale ascendante pour
beaucoup d'enfants d'ouvriers ou d'employés qui accèdent à des emplois de professions inter-
médiaires, voire de cadres.
• La croissance du nombre de diplômés s'est accompagnée d'une hausse du nombre d'emplois
qualifiés offerts par les entreprises.
II - Les classes moyennes ont aujourd'hui une place moins assurée.
A - Des classes moyennes menacées d'éclatement.
• L'hétérogénéité des classes moyennes pose des problèmes d'analyse (le pluriel est révélateur !),
leur expansion numérique a accentué la tendance.
• Aujourd'hui, risque de prolétarisation pour les couches inférieures des classes moyennes, sous l'effet
du chômage, de la précarité de l'emploi, de la faible hausse du niveau de vie et de la remontée des
inégalités de revenus. (Doc. 5 et 6)
B - Un risque de déclassement accru pour les enfants des classes moyennes.
• Une certaine dévalorisation des diplômes sous l'effet de la massification de l'enseignement; diminution
du rendement des diplômes sur le marché du travail.
• La cause : croissance du nombre de diplômés supérieure à celle du nombre d'emplois qualifiés.
• Conséquence : une mobilité sociale ascendante plus difficile pour les enfants des classes populaires et
un risque accru de chute sociale pour les enfants des classes moyennes.
C - La persistance des autres classes : vers une nouvelle polarisation ?
• Les classes populaires occupent toujours une place importante. Elles connaissent actuellement une
certaine paupérisation sous l'effet du chômage, de la précarité et du développement des emplois
à temps partiel qui les touchent particulièrement.
• La grande bourgeoisie est toujours une classe sociale à part entière, très éloignée de tout processus
d'uniformisation. (Doc. 6)
Conclusion :
Rappel de la démonstration = La société française a connu à partir des années 1950 un développement des catégories salariées occupant une position intermédiaire dans le processus de production, entre une classe dirigeante et une classe populaire occupant les emplois d'exécution non qualifiés. De profondes transformations socioéconomiques ont favorisé ce processus, notamment la salarisation de la population active, la forte croissance des emplois qualifiés et la hausse du niveau de vie, accompagnées d'une massification progressive de l'enseignement secondaire et supérieur. Toutefois, aujourd'hui ce processus est remis en cause par les transformations du marché du travail. Le chômage de masse et le développement des emplois précaires et à temps partiel fragilisent la position des salariés, freinent la progression du pouvoir d'achat et accentuent les inégalités de revenus. De son côté, la massification de l'enseignement crée un effet pervers : la baisse de rentabilité des diplômes à l'embauche. Tous ces facteurs freinent la mobilité sociale ascendante
des classes populaires, pendant que les classes moyennes sont fragilisées dans leur position sociale.
Ouverture = Au delà des classes sociales, d'autres clivages traversent les sociétés contemporaines
et retiennent l'attention des sociologues. C'est notamment les cas des inégalités entre les classes d'âge puisque les difficultés sur le marché du travail touchent particulièrement les jeunes de moins de trente ans, même lorsqu'ils sont qualifiés, retardant, voire compromettant, leur accès à l'autonomie et leur intégration sociale.
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