Le cinéma/ littérature

Au premier abord, on pourrait penser que la littérature permet de s'évader plus facilement que le cinéma, par un aspect qui est en somme paradoxal, c'est bien celui de l'imaginaire. Un livre, par ses mots, ses phrases, donnent des esquisses qu'il faut modeler dans son esprit. Là est l'avantage. Le lecteur est dieu. Il peut s'imaginer les décors, affecter des nuances dans l'univers du livre, choisir les traits de ces personnages. Mais le paradoxe intervient justement là. Si tu imagines, tu te confines à ton imagination. A la tienne seule. Peu importe quel livre, tu lis, c'est toujours ta propre conception, c'est TA réalité. Que tu sois entrain de lire du Camus ou du Flaubert, c'est toujours toi, et tu seras confronté à tes limites. Tandis qu'au cinéma, tu es plongé dans l'esprit du cinéaste. Un film, au fond, ce n'est qu'un roman, une histoire imagée, et justement, une histoire imaginée à chaque fois par une personne différente. Tu te retrouves ainsi face à plusieurs réalités car, il y a de nombreux réalisateurs. Comme chaque réalisateur a sa conception du cinéma, tu retrouves les styles de chacun. Toi, quand tu imagines un roman dans ton esprit, tu l'imagines selon tes capacités. Et tous les romans que tu liras auront les mêmes capacités et les mêmes limites. Tandis qu'au cinéma, comme il y a de nombreux réalisateurs, les limites ne seront pas les mêmes à chaque fois, et plusieurs versions te seront proposés. Par exemple, si tu lis le roman La Peste de Camus, tu t'imagineras les personnages d'une manière, et après ? Maintenant imagine que ce roman est adapté par Kubrick, ensuite, par Truffaut, tu auras là deux versions, deux visions, deux interprétions de la même histoire, voilà un avantage du cinéma que n'a pas la littérature. La littérature ne t'offre qu'une interprétation d'une histoire, la tienne. Tandis que le cinéma t'offre plusieurs réalités d'une histoire, et différentes de la tienne. Car, en s'imaginant nous même, on limite quelque part son évasion. Oui, car, on s'emprisonne dans notre imagination, on se connait, on affronte du connu.