Le Chat, La Belette Et Le Petit Lapin
Publié le 26/09/2010
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Jean de La Fontaine est un célèbre conteur et poète de XVIIIème siècle. Déjà à cette époque, ses œuvres étaient très appréciées, y compris par la cours de Louis XIV. La fable, genre littéraire qui remonte à l'Antiquité gréco-latine, a été reprise tout au long de l'histoire jusqu'à ce que Jean de la Fontaine en fasse sa spécialité : il mêle son inspiration à celle de ses prédécesseurs. Il publie de 1670 à 1693 douze livres de fables dont le premier recueil est dédié au Dauphin de France. La fable intitulée le Chat la Belette et le petit Lapin, la seizième du livre VII, se rapproche d'un conte peuplé d'animaux familiers ; l'histoire d'un petit lapin et d'une belette entrant en conflit au sujet de la propriété. Mais qu'est-ce qui nous permet de dire que ce texte est un apologue ? Nous verrons dans un premier temps que ce récit est fait pour divertir, puis nous aborderons un autre but visé par la Fontaine : instruire. I- Un récit divertissant caractéristique de l'apologue. a) La vivacité et la concision du récit. _ Récit bref avec une succession d'action : ça ne s'arrêter jamais. _ Histoire très schématisée : *ellipse (lorsqu'ils vont voir le chat) *pas de situation initiale : tout ce qui n'est pas indispensable est éludé car l'auteur ne cherche pas à brouiller les pistes. Au contraire, cela permet de se concentrer sur le but de l'auteur. _ L'action commence brusquement avec le rejet de « s'empara « : surprise, brutalité. De plus, « s'empara« indique une action rapide, mise au premier plan par un effet d'attente sur trois vers, qui invite à une diction rapide, renforcée par renforcé par l'absence de ponctuation aux vers un et deux. *L'agitation est le propre du Petit Lapin qui « était allé faire à l'Aurore sa Cour (…) après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours «. L'absence « et « dans ce vers, suggère la rapidité et la répétition des gestes du lapin. Après son départ au vers six, et son retour au vers sept, il se voit « chassé du paternel logis « et presse Madame la Belette de « déloge[r] sans trompette «, et au vers dix-neuf « il n'entrait qu'en rampant «. Tous ces verbes de mouvement indiquent un va-et-vient perpétuel, rapide et cadencé, d'autant mieux mis en valeur qu'ils se succèdent sur quelque vers. _ Dialogues vivants : la parole est laissée aux personnages, ce qui confère vivacité et actualité au récit. « Ô là, Madame la Belette / Que l'on déloge sans trompette «. *Le ton est léger, le vocabulaire piquant et amusant. Ainsi, le chat inspire au poète des tournures à la fois solennelles et drôles : les vers 32 à 35 le définissent tour à tour comme « un dévot ermite « mais « faisant la chattemite « ; « Un saint homme de chat « : La Fontaine fait de « saint homme « une locution adjectivale figée qui produit un effet comique en mettant sur le même plan « homme « et « chat «. L'expression « bien fourré « est aussi un jeu de mots car elle évoque la fourrure du chat par le biais d'une expression figurée : « un chat fourré « désigne aussi un juge. Cette gaieté verbale amuse le lecteur dans ces descriptions animalières, mais aussi dans les dialogues qui composent cet apologue en le rendant plus vivant. * Le style des dialogues traduit une volonté d'égayer la fable en lui donnant un certain charme, un air agréable. *Le Lapin est d'abord un personnage ridicule, mais le ton change rapidement : « O Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ? «. Cette exclamation semble émaner d'un noble personnage, mais parce qu'elle est prononcée par Janot Lapin, elle crée un effet burlesque. Celui-ci reste grandiloquent : il est « maître et seigneur «. *La Belette illustre son habileté dans son discours, elle recherche une argumentation logique, et s'exprime par parallélismes : « A Jean fils / ou neveu // de Pierre / ou de Guillaume « « Plutôt qu'à Paul / plutôt qu'à moi «. Le Lapin repartit par la même construction : « la coutume / et l'usage « , « Rendu maître / et seigneur // et qui de père / en fils L'ont de Pierre / à Simon // puis à moi transmis « *reprises de constructions syntaxiques : impression d'un dialogue surpris sur le vif, et il traduit quelque agacement du Petit Lapin. Quant à la Belette, elle affirme sa supériorité et sa volonté en faisant rimer son « moi « avec « loi « et « octroi «. Le Chat fait l'objet d'un jeu lexical sur trois vers où La Fontaine joue sur la répétition du mot « chat « en en variant l'entourage. Raminagrobis parle sur un ton confiant, marqué par l'apostrophe familière « mes enfants « (qui le place comme figure une paternelle et protectrice ) et par la répétition de « approchez « ( vers 39 et 40 ). Il n'est pourtant pas un grand parleur, une phrase lui suffit car il préfère agir. b) Stéréotypes des personnages et procédés du comique. _ Les personnages Tout au long du récit, les personnalités des protagonistes apparaissent. * C'est la belette évoquée par la périphrase « la dame au nez pointu «, qui entre en scène la première, aussitôt définie par son caractère « rusé « et sournois : elle vole le terrier en l'absence du propriétaire, et saura par la suite argumenter face au lapin. *Ce « Janot « apparait bien ridicule (le nom commun lui-même désigne dans l'ancienne langue un personnage perpétuellement berné) lorsqu'il gambade dans la campagne, insouciant de la menace qui pèse sur ses biens. *Quant au chat, personnage dont la présence et l'action apparaissent récurrentes dans nombre de fables, « bon apôtre «, « bien fourré, gros, gras « il saura rassurer par sa « chattemite « mais bien sûr imposera sa nature féroce. _ Les procédés du comique *ironie : « du palais «, « le Maître « : ce n'est qu'un petit lapin et terrier « où lui-même il n'entrait qu'en rampant «. description du chat * humour : *« allé faire sa cour « : courtisan allant à Paris, La Fontaine fait la même chose *« brouté, trotté, fait tous ses tours « : ridicule propre aux gens de la cour, brouté = profité des faveurs du roi, trotté = se montrer, danser, faire le malin, fais tous ses tours = le malin, le beau (mais polysémique : il peut aussi jouer des tours) * personnifications : « fenêtre «, « les pénates «, « dieux hospitaliers «, « saint homme de chat « c) Les vers de La Fontaine. _ fable composée de vers courts (octosyllabes) et long (alexandrins), sans régularité et sans strophes. La Fontaine fait donc preuve d'une grande variété dans la mesure où il mêle des vers courts et longs. Leur alternance permet d'accélérer ou de ralentir la fable pour la rendre plus vivante. Cela reflète les actions. ex : « Grippeminaud le bon apôtre « _ La ponctuation est rare. A partir du vers trente deux le rythme ralentit, il est saccadé par la ponctuation : « Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, « (…) « Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez, approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause «. Le Chat feint une grande faiblesse, par ruse : les voyelles nasales allongent le rythme : « faisant « (v.33) « jean « (v.36, au lieu de janot v.9), « Devant « (v.38), « enfants « (v.39) etc. Cette absence de mouvement correspond à la vieillesse du Chat qui aurait perdu sa vivacité, mais surtout cela crée un rythme presque funèbre qui annonce la fin de la Belette et du Lapin. Il y a donc un retournement de situation : au statisme des bêtes correspond un changement de perspective dans la fable. _ allitérations en t « après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours «, qui souligne le ridicule propre aux gens de la cour, et le sautillement du lapin, la gestuelle d'un courtisan Puis allitération en r « arbitre expert «, ronronnement du chat mais aussi sonorité dure qui prévient le lecteur sur ce qu'il va arriver. _ nombreux enjambements, rejets et contre-rejets, ex : « s'empara « : rejet-enjambement qui met en valeur l'action, surprise, brutale _ « la Belette «, « sans trompette « : rimes riches qui sonnent de manière forte pour imiter le scandale, le cri du lapin _ les trois alexandrins : rythme ternaire (l'un et l'autre) II- Un récit didactique. a) La dimension allégorique du récit. _ ambiance bucolique qui rend le récit divertissant : « le thym et la rosée « _ pas de cadre-spatio-temporel précis, bien qu'il y ait une référence à la cour et au roi. Cela permet la généralisation de la situation, et donc de rendre la morale valable en tout lieu et toute époque. _ les personnages n'ont pas d'identité précise, ce sont des animaux personnifiés. On peut donc facilement s'identifier à eux. * Belette : animal agressif, tonique. Le vol, la ruse, la mauvaise foi. « c'est une rusée « : elle va poser le problème « Dame Belette « : référence au conte avec "palais" = apologue « la dame au nez pointu « : périphrase pour dire rusée, elle fouine partout. elle représente les profiteurs, ceux qui remettent en cause la société, les hypocrites. * Petit lapin : naïf, peu d'expérience, c'est l'insouciance coupable animal de basse cour, lapin = courtisan un Janot = dépréciatif, homme naïf, trompé * « les rats du pays « : ennemis mortels des belettes, symbolise la police * Chat : description beaucoup plus complète, La Fontaine peaufine son personnage pour la chute. Il fait un peu penser à Tartuffe. C'est par ce personnage que l'on va rentrer dans ma dénonciation. La loi du plus fort sous des apparences trompeuses, le cynisme politique, la justice humaine imparfaite. *Raminagrobis (ruminer et gros) : dépréciatif, tout de suite mauvaise opinion du chat, nom comique. Roi des chats dans Rabelais. *Quelqu'un d'imposant, d'important * « dévot ermite « (dévoué à Dieu, vit seul, en dehors de la société, de l'agitation) * «faisant la chattemite (mitis : doux), prendre un air doux : hypocrite, sournois * « un saint homme de chat « : grotesque personnification, par le rapprochement d'un homme et d'un chat. Il fait un peu penser à Tartuffe. * « bien fourré, gros et gras « : tout cela s'oppose à « dévot ermite « Fourré : robe du chat désigne un juge, archiduc des rois fourrés dans Rabelais, un « chat fourré « Gros et gras : péjoratif, mange comme un cochon * « arbitre expert « * « majesté fourrée « : juge * « grippeminaud « : attraper et minauder : tactique du chat, hypocrisie pour les avoir à sa portée. Il cache son jeu, il utilise un faux air paternel pour arriver a ses fins : " mes enfants ". Il n'hésite pas à jouer les vieux dévots, malade, et on le plaindrait presque, eu égard à sa condition : « je suis sourd, les ans en sont la cause. « * « le bon apôtre « : sous-entend quelqu'un de calme et généreux, à l'inverse du chat, c'est donc hypocrite b) La mise en place de la morale _ Des interventions du narrateur nous y ont préparé : « c'était un beau sujet de guerre /Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant «. Il se moque des deux car conflit pour un petit terrier de rien du tout. La Fontaine nous guide vers sa morale. _ Séparée du reste du récit : elle est donc bien identifiable et attire l'attention. _ Comme le reste du récit, elle est concise et donc facile à mémoriser. _ Le masque tombe : il n'utilise plus les animaux mais le roi et les petits souverains. _ Morale sur la propriété : *ambigüe *critique les petits souverains (terme méprisant) qui s'en remettent au roi pour des petites querelles, et valorise le roi qui sait discerner les vrais problèmes des bagatelles : moralité, il est préférable de s'arranger à l'amiable plutôt que d'en référer à un tiers * mais aussi dénonciation des méthodes fortes employées par les Rois, par la fin violente des deux protagonistes « en croquant «. c) Une réflexion sur la justice. _ une réflexion sans solution sur le conflit loi/coutume _ la Belette plaie pour « le premier occupant «, plus prosaïque « qui va à la chasse perd sa place «. _ la Lapin pour « la coutume et l'usage « : il défend son héritage et ses ancêtres. La terre fait partie de son patrimoine. _ qui donc écouter ? Conclusion Cette fable pleine de gaîté s'inscrit dans la tradition des conteurs antiques dont La Fontaine s'inspirait. Le Chat, la Belette et le Petit Lapin répond à ce que nous attendons d'une fable : elle nous divertit, nous amuse et nous instruit. Par la brièveté, les dialogues pittoresques, et son habileté picturale, l'auteur grave dans nos esprits une morale, celle du faible, et une poésie charmante et joyeuse. Mais cette gaîté ne serait pas aussi efficace si La Fontaine ne jouait pas des ressources musicales et lexicales de la langue. Jeux de mots, jeux satiriques, jeux métriques et lexicaux : tout concourt à faire de cette fable un conte poétique.
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Tout au long du récit, les personnalités des protagonistes apparaissent.* C'est la belette évoquée par la périphrase « la dame au nez pointu », qui entre en scène la première, aussitôt définie par soncaractère « rusé » et sournois : elle vole le terrier en l'absence du propriétaire, et saura par la suite argumenter face au lapin.*Ce « Janot » apparait bien ridicule (le nom commun lui-même désigne dans l'ancienne langue un personnage perpétuellementberné) lorsqu'il gambade dans la campagne, insouciant de la menace qui pèse sur ses biens.*Quant au chat, personnage dont la présence et l'action apparaissent récurrentes dans nombre de fables, « bon apôtre », « bienfourré, gros, gras » il saura rassurer par sa « chattemite » mais bien sûr imposera sa nature féroce._ Les procédés du comique*ironie : « du palais », « le Maître » : ce n'est qu'un petit lapin et terrier « où lui-même il n'entrait qu'en rampant ».
description duchat* humour : *« allé faire sa cour » : courtisan allant à Paris, La Fontaine fait la même chose*« brouté, trotté, fait tous ses tours » : ridicule propre aux gens de la cour, brouté = profité des faveurs du roi, trotté = semontrer, danser, faire le malin, fais tous ses tours = le malin, le beau (mais polysémique : il peut aussi jouer des tours)* personnifications : « fenêtre », « les pénates », « dieux hospitaliers », « saint homme de chat »
c) Les vers de La Fontaine.
_ fable composée de vers courts (octosyllabes) et long (alexandrins), sans régularité et sans strophes.
La Fontaine fait doncpreuve d'une grande variété dans la mesure où il mêle des vers courts et longs.
Leur alternance permet d'accélérer ou de ralentirla fable pour la rendre plus vivante.
Cela reflète les actions.
ex : « Grippeminaud le bon apôtre »_ La ponctuation est rare.
A partir du vers trente deux le rythme ralentit, il est saccadé par la ponctuation : « Un saint homme dechat, bien fourré, gros et gras, » (…) « Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez, approchez, je suis sourd, les ans en sontla cause ».
Le Chat feint une grande faiblesse, par ruse : les voyelles nasales allongent le rythme : « faisant » (v.33) « jean » (v.36,au lieu de janot v.9), « Devant » (v.38), « enfants » (v.39) etc.
Cette absence de mouvement correspond à la vieillesse du Chatqui aurait perdu sa vivacité, mais surtout cela crée un rythme presque funèbre qui annonce la fin de la Belette et du Lapin.
Il y adonc un retournement de situation : au statisme des bêtes correspond un changement de perspective dans la fable._ allitérations en t « après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours », qui souligne le ridicule propre aux gens de la cour, et lesautillement du lapin, la gestuelle d'un courtisanPuis allitération en r « arbitre expert », ronronnement du chat mais aussi sonorité dure qui prévient le lecteur sur ce qu'il va arriver._ nombreux enjambements, rejets et contre-rejets, ex : « s'empara » : rejet-enjambement qui met en valeur l'action, surprise,brutale_ « la Belette », « sans trompette » : rimes riches qui sonnent de manière forte pour imiter le scandale, le cri du lapin_ les trois alexandrins : rythme ternaire (l'un et l'autre)
II- Un récit didactique.
a) La dimension allégorique du récit.
_ ambiance bucolique qui rend le récit divertissant : « le thym et la rosée »_ pas de cadre-spatio-temporel précis, bien qu'il y ait une référence à la cour et au roi.
Cela permet la généralisation de lasituation, et donc de rendre la morale valable en tout lieu et toute époque._ les personnages n'ont pas d'identité précise, ce sont des animaux personnifiés.
On peut donc facilement s'identifier à eux.* Belette : animal agressif, tonique.
Le vol, la ruse, la mauvaise foi.« c'est une rusée » : elle va poser le problème« Dame Belette » : référence au conte avec "palais" = apologue« la dame au nez pointu » : périphrase pour dire rusée, elle fouine partout.elle représente les profiteurs, ceux qui remettent en cause la société, les hypocrites.* Petit lapin : naïf, peu d'expérience, c'est l'insouciance coupableanimal de basse cour, lapin = courtisanun Janot = dépréciatif, homme naïf, trompé* « les rats du pays » : ennemis mortels des belettes, symbolise la police* Chat : description beaucoup plus complète, La Fontaine peaufine son personnage pour la chute.
Il fait un peu penser à Tartuffe.C'est par ce personnage que l'on va rentrer dans ma dénonciation.La loi du plus fort sous des apparences trompeuses, le cynisme politique, la justice humaine imparfaite.*Raminagrobis (ruminer et gros) : dépréciatif, tout de suite mauvaise opinion du chat, nom comique.
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