L'Attentat De Yasmina Khadra
Publié le 22/02/2012
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Publié à Paris aux Éditions Julliard en 2005, dans la collection Pocket, L'attentat est un roman de 246 pages écrit par l'Algérien Yasmina Khadra, alias Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955. Bien que son éducation se fit à l'école militaire et qu'il ait servi l'armée pendant trente-six ans, il s'est toujours intéressé à la littérature. Ses oeuvres les plus notables sont L'écrivain, qui lui valut la Médaille de vermeil de l'Académie française et Ce que le jour doit à la nuit qui sera adapté au cinéma en 2010. Yasmina Khadra vit toujours et il est âgé de 55 ans.
C'est l'histoire d'Amine Jaafari, un éminent chirurgien arabe, naturalisé israélien, âgé de 45 à 55 ans. Le récit se déroule dans les années 2000 en plein coeur du conflit israélo-palestinien, en Israël. Un jour, survient un attentat terroriste à Tel-Aviv et la kamikaze est Sihem, l'épouse d'Amine. Décontenancé, ce dernier cherche à comprendre le geste de sa femme. Sa quête l'amène à Bethléem, Jérusalem et Janin. Finalement, après avoir trouvé quelques réponses auprès d'Adel, son neveu, il décide qu'il ne veut plus jamais en parler. Avant de rentrer chez lui, il rend visite à sa famille chez son grand-oncle Orm, à Janin. Lorsqu'il soupçonne sa nièce de s'être mêlée au mouvement terroriste palestinien, il tente de la raisonner. Il va la chercher là où il pense qu'elle peut être, à la mosquée, mais meurt dans un attentat contre le cheik, avant de l'avoir trouvée.
Tout au long de cette histoire, une grande persévérance est perceptible chez Amine. Lorsqu'il voulait rencontrer le cheikh Marwan et que les gardiens du temple voulaient l'en empêcher, il ne s'est pas laissé impressionner et a fini par voir l'imam « … décidé à pousser l'imam jusqu'à ses derniers retranchements» . Il ne s'est pas laissé tenir à l'écart des groupes terroristes, car il espérait en apprendre davantage sur sa femme qu'il ne connaissait plus. Sa quête l'a poussé jusqu'au coeur du conflit israélo-palestinien, Janin, là où plusieurs auraient renoncé.
— Ce ne serait pas une bonne idée, dit-il [Naveed] à court d'arguments.
— Je n'en ai pas d'autres.
— Tu veux te rendre où exactement?
— Janin.
— La ville est en état de siège, me prévient-il.
— Moi aussi… Tu n'as pas répondu à ma question. Est-ce que je peux compter sur toi?
— Je suppose que rien ne te ferait entendre raison.
— C'est quoi, la raison?... Est-ce que je peux compter sur toi, oui ou non?
[…]
— Je ne vois pas comment. Tu vas sur un territoire miné où je n'exerce aucun pouvoir et où ma baraka n'a pas cours. J'ignore ce que tu cherches à prouver. Il n'y a rien pour toi, là-bas. Ça canarde de partout, et les balles perdues causent plus de dégâts que les batailles rangées. Je te préviens, Bethléem est une station balnéaire par rapport à Janin.
Pourtant, il n'a pas abandonné malgré le danger. Cet aspect de détermination n'est pas seulement reflété dans l'action principale du récit, mais également dans l'ensemble de sa personne. Amine est issu d'un milieu pauvre, mais cela ne l'a pas empêché de devenir chirurgien et de s'élever dans le rang social : réussir des études médicales nécessite une grande persévérance.
Il est également une personne très pacifiste. Même lorsqu'il a été victime de raciste par un blessé à l'hôpital, il n'a pas cédé à la provocation et il est resté professionnel. D'ailleurs, il ne cautionne pas la lutte que se livre la Palestine et l'Israël. Il ne comprend pas pourquoi ils ne peuvent cohabiter en paix parce qu'il est lui-même Arabe, naturalisé Israélien et très bien intégré à la société. De plus, il est chirurgien. Il croit en la vie et ne veux pas mourir inutilement pour la Cause.
Jamais je ne me suis senti impliqué, de quelque manière que ce soit, dans le conflit sanglant qui ne fait, en vérité, qu'opposer à huis clos les souffre-douleur aux boucs émissaires d'une histoire scélérate toujours prête à récidiver. J'ai connu tant d'hostilités méprisables que le seul moyen de ne pas ressembler à ceux qui étaient derrière est de ne pas les pratiquer à mon tour. Entre tendre l'autre joue et rendre les coups, j'ai choisi de soulager les patients… Je hais les guerres et les révolutions, et ces histoires de violences rédemptrices qui tournent sur elles-mêmes telles des vis sans fin.
Amine reste toujours opposé à la guerre même s'il se fait intercepter excessivement par la police, se fait maltraiter par le capitaine Moshé, se fait agresser au même moment où sa maison est vandalisée et se fait incarcérer par les intégristes. Il ne parle jamais de rendre la pareille .
Amine n'est pas de ceux pour qui la violence est une option. Il ne s'est donc jamais mêlé au combat opposant son peuple à son peuple d'adoption. Pourtant, L'attentat côtoie constamment la violence, l'intolérance et le racisme, car le terrorisme entourant le conflit israélo-palestinien est le thème principal de ce récit. Effectivement, dès le début du roman nous sommes confrontés à l'attentat-suicide de Sihem qui luttait pour la cause intégriste. Lorsqu'il cherchera à comprendre ce qui a poussé sa femme à s'enlever la vie, il sera confronté à la réalité des Arabes qui se sentent humiliés par les Israéliens. Comme lui a expliqué Abu Moukaoum, commandeur arabe:
Nous [les Arabes] ne sommes ni des islamistes ni intégristes, docteur Jaafari. Nous ne sommes que les enfants d'un peuple spolié et bafoué qui se battent avec les moyens du bord pour recouvrer leur patrie et leur dignité, ni plus ni moins.
D'autre part, le grand-père israélien de Kim, son amie chirurgienne, lui a fait comprendre l'origine des aspirations juives d'avoir une terre bien à eux depuis l'Holocauste de la Deuxième Guerre mondiale.
On voyait bien que tout n'était pas rose en ville. La ségrégation raciale gagnait du terrain, tous les jours un peu plus. Les gens faisaient des réflexions désobligeantes lorsqu'ils nous croissaient dans la rue. Mais dès que nous rentrions chez nous, nous étions au coeur même du bonheur… Puis, un matin, nous avons dû renoncer à notre havre tranquille pour rejoindre d'interminables cohortes de familles déboussolées, expulsées de chez elles, et livrées aux démons de la Kristalnacht. Il est des matins qui se lèvent sur d'autres nuits. Celui de l'automne 1938 en est certainement le plus abyssal […] Pourtant, elle [l'étoile jaune] est là, greffée à chacun de mes souvenirs, infestant ma mémoire jusque dans ses derniers retranchements.
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