L'Athéisme représenté chez Sade
Publié le 11/09/2006
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Dans ce travail je vais présenter, en partant de certains discours des instituteurs immoraux, la représentation de l’athéisme et de l’immoralité chez Sade. Dans les dialogues de La philosophie dans le boudoir, à travers les discours de Mme de Saint-Ange et de Dolmancé (les instituteurs), Sade nous présente un tas d'arguments pour justifier les actes considérés immoraux par la société et l'institution religieuse de son époque. Dans le texte, les instituteurs n’ont aucune croyance religieuse et pour cette raison on les classe comme des athées. Dès qu’on connait le portrait de Dolmancé, celui qui est indiqué comme athée par définition, on ne fait pas la différence entre l’homme athée et l’homme immoral. Le Chevalier: Ah! que dis-tu là! C'est le plus célèbre athée, l'homme le plus immoral... Oh! C’est bien la corruption la plus complète et la plus entière, l'individu le plus méchant et le plus scélérat qui puisse exister au monde. (p.8) Dans cette affirmation du chevalier il y a une nuance entre le terme athée avec celui d’immoral. Le concept d’athée qu’on repère c’est athée = personne immoral. L’athée représenté par Sade est une personne complètement sans valeurs qui vit en faisant tout ce qui est contraire aux valeurs du code social-religieux de l’époque. Dans les dialogues, Sade cible les dogmes et les actions religieuses pour les critiquer et les contrarier avec des actions et des pensées philosophiques de divers personnages. Pourquoi Sade décide-t-il de représenter l’athée comme immoral ? Peut-on repérer tout au long des dialogues la nuance entre athée et immoral ? Quel est le but de cette représentation ? Ces questions me paraissent intéressantes à aborder, puisqu’elles nous donnent l’occasion de reprendre un sujet qui, même de nos jours, est très controversé. Par ailleurs, on peut ainsi étudier une position par rapport à la morale, qui est tout à fait contraire aux mœurs de l’époque au XVIIIème siècle. Sade nous présente dans ses dialogues, une justification logique de toutes les actions que l’on peut considérer comme ‘’immorales’’. Dans le 3ème dialogue Sade va, à travers les personnages de Dolmancé et de Mme de Saint-Ange, nous exposer une autre manière d’interpréter le monde et les actions des hommes. Pour ces deux personnages, les vertus --telles que la bonté, la pitié, etc.- sont contre-nature; alors que les actions que l’on connait comme réprouvables -telles que : l’adultère, le meurtre, la cruauté, etc.- sont vues comme des vertus et chacune d’elles nous viennent de la nature. Paula Préneron dit dans son article El influjo oculto de Sade: « El marqués, ciertamente, busca mostrar todo lo que compone nuestro lado salvaje, animal, nuestra inhumanidad, esa inhumanidad que recelamos en el fondo de nosotros mismos y cuyo descubrimiento nos aterra. Y aquí no estaría de más recordar que según la teología cristiana clásica, la naturaleza humana es doble –espiritual y animal- que el pecado de la impureza considerado como el más cercano a nuestra animalidad«. (p.155) Alors, c’est tout un renversement des valeurs sociales et morales, justifié par des lois de la nature. L’homme est guidé par des instincts comme n’importe quel animal l’est aussi. Pour mieux aborder le sujet sur lequel je veux bien mettre l’accent, il est important d’aborder le terme athéisme. L’athéisme est une attitude ou une doctrine qui ne conçoit pas l’existence ou affirme l’inexistence de quelque dieu, divinité ou entité surnaturelle. Contrairement, le déisme, le théisme et le panthéisme soutiennent ces existences; et l’agnosticisme considère qu’on ne peut pas répondre à ces questions (voir annexe). Dans La philosophie dans le boudoir, l’athée est présenté comme une personne sans mœurs et sans valeurs propres. Sade part du point de vue d’un religieux, c’est-à-dire, il va entrer dans le même discours (même mentalité) d’un homme religieux pour pouvoir contrarier ses principes et donner d’autres arguments contraires à ceux religieux. Au contraire, l’auteur ne pourrait pas faire une critique si fort de telles croyances; c’est-à-dire, Sade doit penser comme un religieux d’abord pour pouvoir comprendre certains principes et pouvoir donc émettre une critique contre tels arguments. D’ailleurs, Sade en voulant s’opposer aux gens religieux de l’époque présente avec ses personnages -tels que : Dolmancé et Mme de Saint-Ange- un modèle athée. La question de ce problème se pose sur le fait de ne pas faire une différence entre être athée et être immorale. «Au 17ème siècle et encore davantage au 18ème siècle, l’athéisme devient offensif parce que la réalité des rapports sociaux l’exige.« (voir annexe) Si l’athéisme devenait offensif au XVIIIème siècle c’est sûr que le marquis de Sade a voulu créer une révolte à partir de cette notion du terme athéisme. Certainement, à l’époque une personne qui se considère athée d’une manière ouverte ou fermée est une immorale. Mais immorale d’un point de vue religieux, puisque la morale ici s’appuie juste sur des principes religieux. Après avoir fait quelques recherches sur Sade, non pas seulement de sa vie mais aussi d’autres textes que lui appartiennent, j’ai décidé d’écrire sur la manière dont Sade représente l’athéisme dans La philosophie dans le boudoir. Je me suis servi de différents articles pour exposer mon point de vue. J’ai trouvé beaucoup d’information en ligne au sujet de l’athéisme et de ses différents débats. Dans d’autres textes, Sade, en tant qu’athée, donne toujours la même conception de l’athéisme comme une liberté de la pensée humaine. «Dolmancé: Que peut être cette vertu pour qui ne croit pas à la religion? et qui peut croire à la religion? Voyons, raisonnons avec ordre, Eugénie: n'appelez-vous pas religion le pacte qui le lie à son Créateur, et qui l'engage à lui témoigner, par un culte, la reconnaissance qu'il a de l'existence reçue de ce sublime auteur?«(p.42) Dolmancé explique que les valeurs peuvent être conçues différemment, donc, cela va dépendre du point de vue des gens. Que sont les vertus pour quelqu’un qui ne croit pas à un dieu? Que sont les péchés ou les actions immorales pour une personne athée? En niant l’existence de Dieu, Sade attaque la base de ceux qui font que les choses soient morales ou pas, c’est-à-dire, les institutions religieuses. Dieu est évidemment la base du christianisme et si l’on réussit à se débarrasser de lui, on est libre de faire tout ce que l’on veut. Donc l’athéisme est représenté par l’auteur comme une des vertus du libertinage et dans cette notion, l’athéisme est donc ce qui fait disparaitre d’une certaine manière tout ce qui représente la morale ou les arguments religieux. Sade présente l’athéisme comme une immoralité, en partant d’un point de vue religieux, puisque l’homme athée ne se régit plus par des principes religieux ou par des règles morales imposées par la société qui se dérivent directement des institutions religieuses de l’époque. Dolmancé: Ah! renoncez aux vertus, Eugénie! Est-il un seul des sacrifices qu'on puisse faire à ces fausses divinités, qui vaille une minute des plaisirs que l'on goûte en les outrageant? Va, la vertu n'est qu'une chimère, dont le culte ne consiste qu'en des immolations perpétuelles, qu'en des révoltes sans nombre contre les inspirations du tempérament. De tels mouvements peuvent-ils être naturels? La nature conseille-t-elle ce qui l'outrage? (p.39) Dolmancé dit que la religion ainsi que ses valeurs et ses fausses divinités ne sont qu’une chimère dont il s’agit de mettre la nature dans une immolation perpétuelle. Tout cela est contre nature, pourquoi donc se limiter de commettre des actes appartenant à la nature même? Dans un autre texte de Sade, Les infortunes de la vertu, le personnage de Bressac dit à Sophie : « -Toutes les religions partent d’un principe faux, Sophie, me disait-il un jour, toutes supposent comme nécessaire le culte d’un créateur; or si ce monde éternelle, comme tous ceux au milieu desquels il flotte dans les plaines infinies de l’espace, n’a jamais eu de commencement et ne doit jamais avoir de fin, si toutes les productions de la natures sont des effets résultatifs de lois qui l’enchaine elle-même, si son action et sa réaction perpétuelles supposent le mouvement essentiel à son essence, que devient le moteur que vous lui prêtez gratuitement? Ah, crois-le Sophie, ce dieu que tu admets ne le fruit que de l’ignorance d’un côté et de la tyrannie d’un autre; quand le plus fort voulut enchainer le plus faible, il lui persuada qu’un dieu sanctifiait les fers dont il l’accablait, et celui-ci abruti par sa misère crut indifféremment ce que l’autre voulut«.(p.39) Dans cette citation du texte, Les infortunes de la vertu, Sade expose la même pensée athéiste. Il ne nie justement pas l’existence d’un dieu, sinon qu’il expose aussi une position qui mène à une liberté de pensée en attaquant la cause première des choses. Donc, s’il n’y a pas de Dieu quelles sont les valeurs morales d’une société qui est régie par des principes religieux? Ce créateur est une invention humaine crée par le plus forts qui voulaient avoir du profit de ceux qui étaient plus faibles; en d’autres mots la religion est une arme de contrôle social. D’ailleurs, l’écrivain nous présente le même argument de la nature lorsqu’il dit qu’on est juste des effets résultatifs de la nature. Alors, quand Sade représente l’athée comme immoral, il le fait à partir d’une manière d’interpréter le monde plutôt religieuse. Mais pourtant ne pas être athée est un acte contre-nature, si on considère son argument des lois naturelles. On peut donc dire que Sade, dans le XVIII siècle, expose déjà un des débats que même de nos jours est très controversée pour les gens qui croient au créationnisme et ceux qui croient à la théorie de l’évolution. Car il s’agit de mêmes notions, celle des hommes qui croient à une possible création d’un auteur ou créateur du monde, contre celle des hommes qui croient à l’évolution des espèces, ce qui est par conséquence un principe naturel comme ceux qui Sade présente, systématiquement, dans ses œuvres. De plus, dans le 5ème dialogue l’écrivain nous présente, les avantages de l’athéisme comme une arme libératrice du peuple français alors que le théisme est l’ennemi le plus mortel de la liberté. Sade dit que la religion est une arme de contrôle. «Dans un siècle où nous sommes aussi convaincus que la religion doit être appuyée sur la morale, et non pas la morale sur la religion, il faut une religion qui aille aux mœurs, qui en soit comme le développement, comme la suite nécessaire, et qui puisse, en élevant l'âme, la tenir perpétuellement à la hauteur de cette liberté précieuse dont elle fait aujourd'hui son unique idole. Or, je demande si l'on peut supposer que celle d'un esclave de Titus, que celle d'un vil histrion de Judée, puisse convenir à une nation libre et guerrière qui vient de se régénérer ?«(p.182) Cette citation fait partie du discours de Sade s’adressant aux français. Sade se pose la question sur l’utilité d’une religion pour un pays qui veut devenir libre. Alors, l’auteur explique que la religion ne sert à rien quand il s’agit de la morale; il dit que la religion doit être appuyée sur la morale, c’est-à-dire, il suggère qu’il existe une morale qui n’appartient pas forcément aux principes religieux. Pour conclure, Sade expose l’athéisme comme un acte immoral en partant d’un point de vue religieux, pourtant, l’argument de la nature va évidemment contrarier les arguments des moralistes. Alors, le concept d’athée qu’il présente comme immoral peut juste être immoral pour un religieux mais non pas pour quelqu’un qui n’a aucune valeur religieuse. D’ailleurs, avec l’argument de la nature, qui pourrait être immoral ? Ceux qui ne croient pas aux lois naturelles, parce qu’ils contrarient les vrais instincts animaux qui nous viennent de la nature créatrice. L’importance de ce travail reste sur le fait que Sade, en tant qu’écrivain, a donné au XVIIIème siècle des arguments par rapport à l’athéisme et au théisme. Il nous parle de la position et l’influence des religions. Sade est en contre des institutions religieuses basées sur des idées inventées par l’homme même. Sera-ce un appel de l’écrivain à la pensée critique des hommes ou à la révolte du peuple français ? C’est certainement un appel à la conscience des hommes et à la pensée critique aux hommes de l’époque.
«
ordre, Eugénie: n'appelez-vous pas religion le pacte qui le lie à son Créateur, et qui l'engage à lui témoigner, par un culte, lareconnaissance qu'il a de l'existence reçue de ce sublime auteur?»(p.42)
Dolmancé explique que les valeurs peuvent être conçues différemment, donc, cela va dépendre du point de vue des gens.
Quesont les vertus pour quelqu'un qui ne croit pas à un dieu? Que sont les péchés ou les actions immorales pour une personne athée?En niant l'existence de Dieu, Sade attaque la base de ceux qui font que les choses soient morales ou pas, c'est-à-dire, lesinstitutions religieuses.
Dieu est évidemment la base du christianisme et si l'on réussit à se débarrasser de lui, on est libre de fairetout ce que l'on veut.
Donc l'athéisme est représenté par l'auteur comme une des vertus du libertinage et dans cette notion,l'athéisme est donc ce qui fait disparaitre d'une certaine manière tout ce qui représente la morale ou les arguments religieux.Sade présente l'athéisme comme une immoralité, en partant d'un point de vue religieux, puisque l'homme athée ne se régit plus pardes principes religieux ou par des règles morales imposées par la société qui se dérivent directement des institutions religieuses del'époque.Dolmancé: Ah! renoncez aux vertus, Eugénie! Est-il un seul des sacrifices qu'on puisse faire à ces fausses divinités, qui vaille uneminute des plaisirs que l'on goûte en les outrageant? Va, la vertu n'est qu'une chimère, dont le culte ne consiste qu'en desimmolations perpétuelles, qu'en des révoltes sans nombre contre les inspirations du tempérament.
De tels mouvements peuvent-ilsêtre naturels? La nature conseille-t-elle ce qui l'outrage? (p.39)
Dolmancé dit que la religion ainsi que ses valeurs et ses fausses divinités ne sont qu'une chimère dont il s'agit de mettre la naturedans une immolation perpétuelle.
Tout cela est contre nature, pourquoi donc se limiter de commettre des actes appartenant à lanature même?
Dans un autre texte de Sade, Les infortunes de la vertu, le personnage de Bressac dit à Sophie :« -Toutes les religions partent d'un principe faux, Sophie, me disait-il un jour, toutes supposent comme nécessaire le culte d'uncréateur; or si ce monde éternelle, comme tous ceux au milieu desquels il flotte dans les plaines infinies de l'espace, n'a jamais eude commencement et ne doit jamais avoir de fin, si toutes les productions de la natures sont des effets résultatifs de lois quil'enchaine elle-même, si son action et sa réaction perpétuelles supposent le mouvement essentiel à son essence, que devient lemoteur que vous lui prêtez gratuitement? Ah, crois-le Sophie, ce dieu que tu admets ne le fruit que de l'ignorance d'un côté et dela tyrannie d'un autre; quand le plus fort voulut enchainer le plus faible, il lui persuada qu'un dieu sanctifiait les fers dont ill'accablait, et celui-ci abruti par sa misère crut indifféremment ce que l'autre voulut».(p.39)Dans cette citation du texte, Les infortunes de la vertu, Sade expose la même pensée athéiste.
Il ne nie justement pas l'existenced'un dieu, sinon qu'il expose aussi une position qui mène à une liberté de pensée en attaquant la cause première des choses.Donc, s'il n'y a pas de Dieu quelles sont les valeurs morales d'une société qui est régie par des principes religieux? Ce créateur estune invention humaine crée par le plus forts qui voulaient avoir du profit de ceux qui étaient plus faibles; en d'autres mots lareligion est une arme de contrôle social.D'ailleurs, l'écrivain nous présente le même argument de la nature lorsqu'il dit qu'on est juste des effets résultatifs de la nature.Alors, quand Sade représente l'athée comme immoral, il le fait à partir d'une manière d'interpréter le monde plutôt religieuse.Mais pourtant ne pas être athée est un acte contre-nature, si on considère son argument des lois naturelles.On peut donc dire que Sade, dans le XVIII siècle, expose déjà un des débats que même de nos jours est très controversée pourles gens qui croient au créationnisme et ceux qui croient à la théorie de l'évolution.
Car il s'agit de mêmes notions, celle deshommes qui croient à une possible création d'un auteur ou créateur du monde, contre celle des hommes qui croient à l'évolutiondes espèces, ce qui est par conséquence un principe naturel comme ceux qui Sade présente, systématiquement, dans ses œuvres.De plus, dans le 5ème dialogue l'écrivain nous présente, les avantages de l'athéisme comme une arme libératrice du peuplefrançais alors que le théisme est l'ennemi le plus mortel de la liberté.
Sade dit que la religion est une arme de contrôle.«Dans un siècle où nous sommes aussi convaincus que la religion doit être appuyée sur la morale, et non pas la morale sur lareligion, il faut une religion qui aille aux mœurs, qui en soit comme le développement, comme la suite nécessaire, et qui puisse, enélevant l'âme, la tenir perpétuellement à la hauteur de cette liberté précieuse dont elle fait aujourd'hui son unique idole.
Or, jedemande si l'on peut supposer que celle d'un esclave de Titus, que celle d'un vil histrion de Judée, puisse convenir à une nationlibre et guerrière qui vient de se régénérer ?»(p.182)Cette citation fait partie du discours de Sade s'adressant aux français.
Sade se pose la question sur l'utilité d'une religion pour unpays qui veut devenir libre.
Alors, l'auteur explique que la religion ne sert à rien quand il s'agit de la morale; il dit que la religiondoit être appuyée sur la morale, c'est-à-dire, il suggère qu'il existe une morale qui n'appartient pas forcément aux principesreligieux.Pour conclure, Sade expose l'athéisme comme un acte immoral en partant d'un point de vue religieux, pourtant, l'argument de lanature va évidemment contrarier les arguments des moralistes.
Alors, le concept d'athée qu'il présente comme immoral peut justeêtre immoral pour un religieux mais non pas pour quelqu'un qui n'a aucune valeur religieuse.
D'ailleurs, avec l'argument de la.
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