L'art de 1900 à 1909 : Histoire
Publié le 31/12/2018
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PREMIERS FILMS ET PREMIERS CINÉASTES. En inventant le Cinématographe en 1895, les frères Lumière n’imaginaient pas qu’il pût être utilisé à des fins artistiques ou commerciales. Pourtant, grâce à la fantaisie et aux expériences de Méfiés, roi de l’illusion, le procédé technique devient un art. D’autres metteurs en scène se passionnent pour ce nouveau mode d’expression, tournant de courtes saynètes, féeries, sujets comiques, reconstitutions historiques ou actualités. Alice Guy, Jasset puis Feuillade travaillent pour Gaumont, Zecca et Capellani pour Pathé qui, après avoir fondé sa maison de production, fait construire des stu
dios à Vincennes. Il contrôle l’ensemble de la réalisation, de la fabrication et de la diffusion des films vendus à des forains ou projetés dans des salles, dont il encourage le développement. En 1908, la sortie de l’Assassinat du duc de Guise, produit par la Société du film d’art, illustre les ambitions esthétiques nouvelles du cinéma. Certains acteurs, tel Max Linder, commencent une carrière de vedette, contribuant au succès populaire de cet art naissant qui a déjà trouvé son public.
LES FAUVES ENTRE IMPRESSIONS ET CUBES. Alors que triomphe l’art des peintres officiels, l’œuvre des impressionnistes gagne peu à peu la reconnaissance. Leurs recherches, comme celles de Gauguin, de Van Gogh, de Cézanne, de Seurat ou des nabis, auront une part essentielle dans Père qui va s’ouvrir. En 1905 éclate au Salon d’Automne la première révolution artistique du siècle. Dans l’une des salles, la «cage aux fauves», sont réunies les œuvres de Braque, Derain, Vlaminck et Matisse, défenseurs d’une couleur vive et pure dont l’allégresse est aussitôt perçue comme une provocation. Mais la rupture est plus violente encore
avec le cubisme. Le terme apparaît en 1908 pour qualifier les toiles de Braque, résultat d’expériences menées parallèlement à celles de son ami Picasso: il ne s’agit plus seulement d’une vision particulière de la réalité mais d’une mise à l’épreuve fondamentale de la technique picturale pour aboutir à la reconstruction d’un monde. L’influence diverse et profonde du nouveau mouvement s’exercera notamment sur les étrangers qui, tels Modigliani ou Chagall, arrivent alors en France.
MONTMARTRE DES PEINTRES ET DES POÈTES. Avec Toulouse-Lautrec disparaît en 1901 l’une des figures les plus familières de ce quartier singulier, celui qui depuis dix ans immortalisait ses vedettes, danseuses du Moulin-Rouge ou chanteurs du Chat noir. Ce cabaret fondé par Rodolphe Salis a fermé ses portes au début du siècle, laissant la place au Mirliton de Bruant. Les cafés-concerts se multiplient sur la Butte, offrant à leur clientèle venue du Tout-Paris le même accueil un peu rude et les mêmes spectacles mêlant poèmes et chansons. Cô-toyant leurs auteurs, Jehan Rictus, Maurice Donnay, Francis Carco ou Roland Dorgelès, des peintres vivent entre le Lapin agile où ils se réunissent et leurs ateliers du Bateau-Lavoir. En 1908, un banquet célèbre donné par Picasso y réunit Apollinaire et Max Jacob, André Salmon et Gertrude Stein, Georges Braque et Marie Laurencin pour fêter l’un des pères de la peinture moderne, le Douanier Rousseau. Nourrie de textes et d’images, de réalisme et de poésie, la légende de Montmartre, cadre de vie de noctambules et d’une bohème joyeuse, se trouve ainsi établie pour longtemps.
LA BELLE ÉPOQUE DU CAF’CONC’. La plu part de nos cinémas de quartier ont été, autour de 1900, des cafés-concerts. Ce sont alors pour les Parisiens des fieux aussi familiers que l’église ou le marché. Sinon que l’on s’y rend plutôt sans les enfants, pour épargner leurs chastes oreilles. Gauloiseries et refrains anarchistes, romances amoureuses ou comique troupier, chansons patriotiques et revanchardes, tous les genres ont leur place dans ces lieux de divertissement et de dévergondage qui ont leurs équivalents à Londres (les music halls déjà), en Italie (le variety), en Allemagne (les Spezialitâten- theater) et en Amérique (les vaudeville shows). Version modernisée des cafés-chantants et cabarets du xixc siècle, le café-concert propose un spectacle complet: dans les plus importants se succèdent en matinée et en soirée une vingtaine de «numéros», chantés ou non, enchaînés grâce au bagou de l’animateur qui est souvent le tenancier du lieu. La formule ne changera guère quand le cafconc’ prendra le nom de music-hall. Mais dès 1905, le cinéma envahit les lieux. L’engouement du public pour les films muets aura raison du cafconc’.
NAISSANCE DE L’ETHNOMUSICOLOGIE (I). Si l’anthropologie et l’ethnologie font partie des «sciences humaines» nées au xix6 siècle, il faudra attendre les années 1900 pour qu’elles trouvent vraiment leur application dans le domaine musical. Les voyageurs, explorateurs et folkloristes qui avaient, depuis la Renaissance, tenté de décrire les musiques populaires les plus diverses, s’étaient toujours heurtés à l’extrême difficulté de leur notation, de leur transcription sur partition, et donc de leur étude systématique. C’est le phonographe qui va devenir leur instrument Avec lui naît aussi l’ethnomu-
sicologie. Étude comparée des musiques du monde, elle va démontrer que le système musical européen «classique» n’est qu’une axiomatique parmi d’autres, dont beaucoup sont aussi, sinon plus, «savantes». Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le phonographe mécanique à cylindre, léger, maniable et parfaitement autonome, sera le premier des instruments de la musicologie. Il nous permet aujourd’hui de connaître la richesse des musiques populaires à l’aube de ce siècle et d’écouter celles qui ont disparu depuis.
NAISSANCE DE L’ETHNOMUSICOLOGIE (II). En 1900, l’Académie des sciences de Vienne ouvre la première phonothèque consacrée-aux musiques populaires du monde entier. Deux ans après, le musicologue Cari Stumpf inaugure celle de l’institut de psychologie de Berlin. Celles de Washington (à la bibliothèque du Congrès), de Londres et de Paris vont bientôt les compléter et même les supplanter. Très vite, l’Afrique et le Proche-Orient prennent une place éminente dans ces collections. C’est à l’Exposition universelle de Paris (1900) qu’ont été effectués par la Société d’anthropologie les pre-miers enregistrements de musiques africaines. En 1906 ont lieu les premiers collectages sur le terrain (au Cameroun et au Ruanda notamment) analysés deux ans plus tard par Erich von Hornbostel. Ainsi, à peu près en même temps que les arts plastiques, les musiques négro-africaines et arabes entrent dans le patrimoine universel revendiqué par la culture européenne. Elles exerceront, au fil du xx6 siècle, une influence croissante sur des musiciens occidentaux, en particulier à travers l’essor du jazz et des genres musicaux qui en dérivent.
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