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L'apologue vous parait-il une forme d'argumentation particulièrement efficace ?

Publié le 16/01/2011

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apologue

 Historiquement de genre noble, l’apologue vient du grec « apologos « qui veut dire « récit «. Soit par définition c’est un récit bref et plaisant en prose ou en vers, porteur d’un enseignement à visée didactique et d’une morale. Il est souvent dit synonyme de fable, certes mais pas seulement. L’apologue est un sous-genre argumentatif, qui lui-même englobe plusieurs catégories de récit pédagogique à des fins morales, mais parfois politiques ou religieuses. Comme par exemple l’utopie, contre utopie, fable, parabole, conte philosophique, conte merveilleux ou fantastique et certains mythes car ils racontent et enseignent.

Nous chercherons donc à savoir si l’apologue est la seule forme d’argumentation efficace. Tout d’abord nous analyserons les atouts qui font que l’apologue est particulièrement efficace, puis nous étudierons ses inconvénients par rapport à d’autres formes d’argumentation. Et enfin nous verrons que l’apologue est autant efficace que les autres textes argumentatifs.

 

      Les différentes formes d’apologue ont en commun de savoir capter leur auditoire. L’apologue est basé sur un récit imagé, plutôt sur une argumentation pure. L’auteur nous raconte une histoire pour prouver ce qu’il avance avec un schéma narratif précis. Par exemple dans la parabole du fils prodigue, qui raconte l’histoire d’un père qui avait deux fils, situation initiale, qui en laisse partir un avec sa part de l’héritage, élément perturbateur. Une fois que le fils a tout dépensé et qu’il meurt de faim, péripétie ; il décide de retourner chez son père, pour y travailler, élément perturbateur. A son retour le père l’accueil à bras ouverts, fête son retour, dénouement, et la morale. Il a donc une argumentation distrayante qui provoque de la curiosité chez le lecteur.

      L’apologue a une forme d’argumentation plutôt complexe, car celui-ci est amusant, court mais également à visée didactique grâce à sa morale. Dans les deux coqs, Jean de la Fontaine montre que les excès d’orgueil nous conduisent souvent a notre perte et il fait donc appel à l’humilité et à la prudence ainsi que la trop grande impériosité à crier victoire.

      Dans Le rat qui s’est retiré du monde, une fable où est critiqué le moine, Jean de La Fontaine use de la distanciation par la géographie ainsi que la personnification du rat pour critiquer avec finesse le clergé et le moine sans être censuré. L’une des caractéristiques de l’apologue est cette critique fine et implicite dans le récit. L’apologue est un récit facile à retenir, qui va donc rester en mémoire. Le récit imagé met en scène des personnages auxquels il est facile de s’identifier, et des situations dans lesquelles il est également aisé de se projeter. Par ce mécanisme, la morale est implicite et anticipée par l’auditoire.

      L’apologue peut donc être un récit distrayant, qui nous apprend quelque chose, qui nous entraîne à réfléchir, et qui critique avec grande finesse. Mais l’apologue est-il le seul à être efficace dans le genre argumentatif ?

 

      L’apologue trouve toutefois sa limite dans le fait qu’il doit être interprété par son auditoire. Or il n’est pas garanti que l’auditoire perçoive précisément le message que l’auteur voulait transmettre. C’est étonnant que pour un sous-genre argumentatif,  l’apologue soit autant focalisé sur le côté « récit « et peut être pas assez sur le côté « argumentation «. Ce qui ne facilite pas non plus la compréhension pour le lecteur qui peut avoir du mal à comprendre les intentions de l’auteur.

      Il existe d’autres autres textes du genre argumentatif, comme l’essai. L’essai est un ouvrage  qui propose  une réflexion, qui confronte des opinions, et surtout qui expose le point de vue personnel sur un thème dans quelque domaine que ce soit. La forme de l’essai est très libre et l’expression est très personnelle, comme par exemple dans les Essais de Montaigne. Ainsi que le pamphlet qui est un texte à la fois court et virulent qui remet en cause l'ordre établi. Le verbe est violent, le ton virulent, la forme courte et élancée. Le plus souvent il critique le pouvoir en place. Le caractère explosif du pamphlet tient du fait que son auteur a l'impression de détenir à lui seul la vérité. De nombreuses  accusations ont été portées contre ce mode d'expression et restent d’actualité. L’absence de portée due à une violence excessive, l’imbrication à l'actualité qui vieillirait très vite le contenu et mauvaise foi comme fondement de la démarche. En exemple on peut prendre les Châtiments. C’est un recueil de poèmes satiriques de Victor Hugo, publié en 1853.  Ces vers étaient, pour le poète, une arme destinée à décréditer et abattre le régime de Napoléon III auquel Hugo voue une fureur vengeresse et un mépris sans bornes.

      Contrairement à l’auteur d’apologue qui se cache derrière des images, l’essayiste va droit au but, s’implique personnellement dans ce qu’il avance, montrant ainsi qu’il est un auteur engagé prêt à assumer ses propos. C’est pourquoi on est amené à penser que l’apologue ne serait pas si efficace que cela.

 

      Enfin on peut donc dire que l’apologue, le pamphlet et l’essai par exemple, sont tout les trois des formes d’argumentation particulièrement efficace. Après tout dépend du message que l’auteur veut transmettre à travers cette argumentation. La question que l’on se pose maintenant est quelle forme d’argumentation pour quel public ?

      Tout d’abord, l’auteur de l’apologue a le grand mérite d’aiguiser la curiosité du lecteur, en cherchant à instruire en amusant. Ce genre argumentatif fait surtout appel à l’imagination de l’auditoire. C’est pourquoi il séduit un public plus large, avec son récit imagé. Sa lecture en est donc plus accessible que celle de l’essai, qui a une argumentation lourde. Car l’essai lui fait appel à l’intelligence. Dans ce cas il faut plutôt un public déjà sensibilisé au sujet. Des gens intéressés et prêts à lire ou écouter, à interpeller et à mobiliser. Enfin le pamphlet lui fait plutôt appel aux sentiments de l’auditoire.

      L’ « efficacité « dépendrait donc avant tout du public à toucher.

 

      L’apologue est efficace, car il touche un public large avec son récit imagé, mais il n’est pas la seule forme d’argumentation particulièrement efficace. Car nombreuses sont les formes dans l’argumentation qui savent bien persuader, convaincre et délibérer. La seule différence qui ferait que l’une soit plus efficace que l’autre dépendrait surtout de l’auditoire visé à lire ou à écouter. Pour que son argumentation soit efficace l’auteur devra alors faire attention au choix « des armes « qu’il utilise, pour s’adapter à ceux qu’il veut convaincre.

      Aujourd’hui encore, l’apologue reste d’actualité. Les fables de La Fontaine, les contes philosophique de Voltaire, ou les conte de Charles Perrault ,ou des frères Grimm sont toujours autant lut et leurs moralités peuvent facilement être adapté a notre époque.

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