L'ambition de Slobodan Milosevic: une Grande Serbie
Publié le 22/02/2012
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mais il échoue lorsque les communistes slovènes puis croates claquent la porte du congrès extraordinaire de janvier 1990, oùleurs " camarades " serbes veulent faire la loi.
Sa revanche sera de régner sur tous les Serbes de la Yougoslavie.
Et c'est ainsi, par mégalomanie, qu'il devient le patron de la" Grande Serbie " et l'apôtre d'une idéologie nationaliste qu'il manipulera avec d'autant plus de ruse et de cynisme qu'il la méprise.Pour lui, l'important, c'est le fauteuil.
Celui, désormais, de maître de la Nation serbe, de protecteur des intérêts serbes,d'interlocuteur incontournable dans le règlement de la question serbe et des différents aspects de la crise yougoslave.
Pour garderce rôle, il est prêt à tout, même à mettre le feu à l'Europe.
Purges redoutables Outre la guerre fratricide orchestrée depuis plus de trois ans de son bureau de Belgrade et dont l'objectifest de délimiter les confins de son royaume, Slobodan Milosevic ne cesse de montrer sa force dans son propre pays.
Il réduit ànéant l'opposition sans provoquer la moindre vague.
Il élimine ses alliés devenus encombrants pour être apparus comme dedangereux fanatiques (les ultranationalistes, comme Vojslav Seselj) ou pour avoir tout simplement voulu partager le leadership dela cause serbe.
Parmi les nombreuses victimes des purges, cette dernière catégorie est celle qui doit retenir aujourd'hui l'attentionpour mieux comprendre la récente volte-face du président de Serbie, sa rupture avec les Serbes bosniaques.
On se souvient, notamment, de la destitution expéditive de Dobrica Cosic, le président de la " mini-Yougoslavie " (Serbie etMonténégro), ou de son premier ministre, Milan Panic.
Le premier, écrivain à succès et chantre du nationalisme serbe -inspirateur en 1986 du célèbre " Mémorandum de l'Académie des sciences et des arts de Belgrade ", dans lequel SlobodanMilosevic allait puiser son idéologie guerrière - , a été écarté du pouvoir pour avoir tenté de s'imposer non seulement commepère spirituel de la nation mais aussi comme interlocuteur privilégié de la communauté internationale, en signant notamment leretrait de l'armée yougoslave de la péninsule de Prevlaka, à l'extrémité sud de la Croatie.
Quant à Milan Panic, le milliardaire américain d'origine serbe, il passera à la trappe après avoir brigué la présidence serbe et,surtout, coupé brutalement la parole, en pleine Conférence de Londres, à l'intraitable va-t-en guerre qu'était Slobodan Milosevicen août 1992.
Le " boucher des Balkans ", comme le surnomma la presse américaine de l'époque, rechignait à signer undocument condamnant l'usage de la force, demandant la levée du siège des villes bosniaques et l'ouverture des camps dedétention.
Le président monténégrin, Momir Bulatovic, survivra, pour sa part, à ses ambitions de " négociateur conciliant " que lesmédiateurs internationaux avaient encouragées pendant la guerre de Croatie.
Il préférera céder ses prérogatives à son homologueserbe et observer un silence complice plutôt que de quitter ses fonctions.
Autre évincé : Milan Babic, leader des Serbes de Krajina (en Croatie).
Au début de 1992, le président de Serbie demandaitl'envoi de " casques bleus " sur le front croato-serbe, pour y geler les acquis territoriaux serbes.
Mais le leader de la Krajina refusa jusqu'au bout de signer la plan de paix international pour la Croatie, concocté par lereprésentant des Nations unies, Cyrus Vance.
Les Serbes de Krajina s'alignèrent finalement sur la stratégie pragmatique de M.Milosevic.
Entre-temps, Milan Babic avait disparu de la scène politique et le " plan Vance " était signé.
La rébellion du vassal Karadzic A l'instar de Milan Babic, Radovan Karadzic, le numéro un des Serbes bosniaques, s'estaffirmé au cours de la guerre comme leader charismatique dans sa " République " autoproclamée et a fini par nourrir quelquevelléité d'autonomie à l'égard de Belgrade.
Il s'est rapproché ouvertement des forces hostiles à Slobodan Milosevic ettraditionnellement anti communistes, telles l'aile dure de l'Eglise orthodoxe et les " tchetniks ", ultra-nationalistes serbes.
Fort d'unevictoire militaire que son armée a pourtant remportée grâce au soutien financier et matériel de la Serbie, Radovan Karadzic semesure désormais à Slobodan Milosevic.
Les ambitions de ce vassal autrefois obéissant irritent profondément le chef serbe.
Déjà, en mai 1993, il avait dû hausser le tonpour lui faire signer le plan Vance-Owen.
Radovan Karadzic avait obtempéré, puis s'était rangé à l'avis de son Parlement, quiavait invalidé le document.
Slobodan Milosevic passera sur cet acte d'insoumission, par pragmatisme.
Il ne pardonnera, néanmoins, jamais l'humiliation àRadovan Karadzic.
Et lorsque, un an et quelques mois plus tard, le leader de Pale récidive en enterrant le nouveau plan de paixinternational, il enrage.
S'il cache toujours ses émotions et ne se laisse jamais emporter en public, les chroniques au vitriol de Mirijana Markovic-Milosevic, l'épouse du président restée fidèle à l'idéologie communiste et dirigeante du Mouvement pour la Yougoslavie,trahissent sans équivoque l'humeur du grand maître.
La presse officielle en rajoute, conspuant les héros d'hier et laissant pantoisplus d'un Serbe qui découvre, après deux ans et demi de guerre, que ses milices préférées ont, sous les ordres de la clique dePale, commis des crimes sauvages, assiégé des villes et persécuté femmes, hommes et enfants..
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