L’ALLEMAGNE NAZIE de 1930 à 1939 : Histoire
Publié le 17/12/2018
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L’ALLEMAGNE NAZIE (1). Jusqu’en 1930, l’audience du parti national-socialiste (NSDAP) reste limitée : révolutionnaire, nationaliste et antirépublicain, le parti de Hitler ne songe alors qu’à s’emparer du pouvoir par la force. Lorsque la crise économique surgit, Hitler saisit aussitôt le bénéfice qu’il peut tirer de celle-ci et entrevoit pour la première fois la possibilité d’une prise légale du pouvoir. De fait, à partir de 1930, son discours, moins révolutionnaire, séduit une majorité de paysans et de membres des classes moyennes, petits commerçants ou fonctionnaires. Hitler concilie à leurs yeux deux objectifs contradictoires: transformer un régime incapable de faire face à la crise tout en préservant les valeurs de la société allemande, nationalisme et tradition. Pour la bourgeoisie, Hitler représente en outre le seul rempart contre le puissant parti communiste allemand dont l’audience s’est fortement accrue aux élections de 1930. Les dirigeants de celui-ci, obéissant aux directives du Komintern, s’obstinent par ailleurs à ne voir dans le parti social-démocrate que «l’allié objectif» du social-fascisme, empêchant ainsi la constitution d’un front uni antinazi.
L’ALLEMAGNE NAZIE (2). L'édification de la dictature nazie repose notamment sur une doctrine raciale qui fait des aryens la «race supérieure» destinée à dominer le monde. Mais ce destin ne peut s’accomplir qu’au prix de l’anéantissement du peuple juif, cet ennemi démoniaque qui prépare l’« asservissement de l’humanité». Dès 1933, l’antisémitisme paranoïaque d’Adolf Hitler se traduit par une persécution systématique des juifs allemands qui, pour la plupart, revendiquent leur patriotisme ainsi qu’un profond enracinement dans la société allemande. Aux brimades et aux humiliations succèdent, le 15 septembre 1935, les lois de Nuremberg, qui destituent de leur nationalité les Allemands d’origine juive. Le mariage et les relations sexuelles entre juifs et aryens sont désormais interdits. Une nouvelle étape est franchie lors de la Nuit de cristal (9-10 novembre 1938). À l’instigation de Goebbels, des commandos SS et SA déchaînent leur violence sur les biens des juifs : leurs magasins sont pillés, leurs logements saccagés, 200 synagogues incendiées ; des juifs sont battus, 36 d’entre eux sont tués et 30 000 déportés.
L’ITALIE FASCISTE DE MUSSOLINI. Au tournant des années trente, l’Italie fasciste semble à la recherche d’un nouveau souffle. Malgré le primat du Duce et l’instauration du parti unique, malgré le recours à la répression, malgré la propagande et l’encadrement des masses dans des organisations affiliées au parti, le régime instauré en 1922 par Mussolini n’a pas fondamentalement modifié le pays. L’hégémonie culturelle des anciennes élites est demeurée intacte et ni l’école ni la jeunesse n’ont pu être totalement fascisées, en raison notamment de l’opposition de l’Église. Aussi, afin d’assurer la pérennité du fascisme en Italie, Mussolini tente-t-il à partir de 1936 de faire du régime une véritable dictature totalitaire de masse fondée sur «l’homme nouveau, dynamique et viril». Il compte pour cela sur la jeunesse qui se voit ainsi embrigadée dans la GIL, organisation paramilitaire, tandis qu’une charte de l’école tente de réformer le système éducatif, jugé trop humaniste. Fasciné par la puissance de l’Allemagne, Mussolini se rapproche dès lors d’Hitler avant d’entraîner son pays, mal préparé, dans le désastre de la guerre.
L’EXPANSIONNISME JAPONAIS EN CHINE. En 1930, malgré l’œuvre d’unification et de modernisation entreprise par Tchang Kaï-chek, la Chine est encore faible et divisée. Pour le Japon expansionniste, c’est une proie tentante. En Mandchourie, où s’exerce déjà une forte influence économique japonaise, l’intervention armée est encouragée par le clan militaire. Au mois de septembre, prétextant un incident mineur, les Japonais occupent la province mandchoue et créent en 1932 un État fantoche : le Mandchoukouo. La Chine fait aussi- tôt appel à la SDN qui condamne le Japon, mais ne prend pas de sanctions. En 1933, le Japon quitte la SDN et signe un armistice avec la Chine. Sur le terrain pourtant, l’empire nippon entreprend un lent grignotage de certaines provinces chinoises. Le 7 juillet 1937, les troupes japonaises interviennent de nouveau. É’avancée nippone est remarquable. Bientôt les villes de Pékin, Chang-hai et Canton sont prises. Tchang Kaï-chek, depuis les provinces reculées où il s’est réfugié après avoir passé un accord avec Mao Tsé-toung, organise une résistance active. En 1939, l’issue du conflit est encore incertaine.
LA GUERRE D’ESPAGNE. Dès la fin de 1936, les interventions étrangères donnent à la guerre civile espagnole les allures d’une répétition générale du conflit mondial qui va éclater en 1939. Pour l’Italie et surtout pour l’Allemagne, dont les troupes et le matériel sont mis au service du camp nationaliste, la guerre d’Espagne représente un terrain d’expérimentation, grandeur nature, d’armes et de stratégies nouvelles. L’utilisation systématique de l’aviation d’assaut - Messerschmitt 109 et Stukas -, l’emploi massif des blindés dans un but offensif ainsi
que la propagande radiodiffusée ont en effet trouvé en Espagne leurs premières applications. En face, l’aide apportée au camp républicain par l’Union soviétique et - à titre officieux - par les démocraties européennes s’est très vite révélée insuffisante. Mais si l’ardeur déployée par les combattants des Brigades internationales n’a pu compenser le déséquilibre entre les deux camps, elle a néanmoins contribué à forger un mythe: pour beaucoup, la guerre d’Espagne reste l’un des rares moments de l’histoire qui ait vu des hommes venus du monde entier s’engager spontanément pour défendre la liberté.
LE CONFLIT ITALO-ÉTHIOPIEN. L’Italie fasciste, désireuse de coloniser de nouvelles terres, a depuis longtemps des visées sur l’Éthiopie, dernière terre africaine indépendante, voisine de surcroît de ses possessions d’Érythrée et de Somalie. En décembre 1934, un incident de frontière sert de prétexte à Mussolini pour entreprendre des préparatifs militaires. L’Éthiopie, membre de la SDN, soumet le différend à l’arbitrage international. Le Duce va successivement refuser toutes les solu-tions émanant autant de la SDN que des concertations franco-britanniques. En mars 1935, l’annonce du réarmement allemand inquiète Français et Britanniques qui cherchent avant tout à se concilier l’Italie (conférence de Stresa, avril 1935). Le Duce a les mains libres. Le 3 octobre 1935, il lance plus de 200 000 hommes contre les troupes du négus Haïlé Sélassié, certes vaillantes mais mal équipées. La SDN réagit dès le 7 octobre et vote des sanctions économiques; mais l’application de celles-ci est inefficace. Le 9 mai 1936, le Duce déclare l’Éthiopie annexée. Prélude à la formation de l’axe Rome-Berlin, l’affaire éthiopienne va bouleverser l’équilibre européen.
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