L'adaptation du roman de Pascal Quignard par Alain Corneau vous semble-t-elle fidèle à l’esprit du roman ?
Publié le 13/11/2011
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L’adaptation du roman de Pascal Quignard par Alain Corneau vous semble-t-elle fidèle à l’espritdu roman ?Adaptation de Corneau en collaboration avec Quignard, coscénariste : une adaptation supposée fidèlepar le travail collaboratif, d’autant plus que le roman est court (pas de pb de coupes pour réduire le nbde pages).Ceci dit, Corneau décentre le thème du roman : ce n’est plus l’histoire de SC mais celle de MM.L’adaptation parvient-elle à rester fidèle à l’oeuvre, du moins à son esprit ?I. Une adaptation fidèle au romanUn récit filmique fidèle au roman= un schéma narratif fidèle à celui du roman : les mêmes épisodes dans un ordre identique racontésdans le roman=Très peu d’épisodes supprimés, réduits ou ajoutés> des épisodes secondaires supprimés tels que Caignet sous la cabane ou MM sous la cabane pourmarquer son retour à la musique du maître chap. XXI> un seul épisode développé supprimé : la halte de SC et MM dans le jeu de paume où les déclamationsdes vers de Racine (référence à la littérature et au janséniste Racine)Une structure circulaire fidèle au roman= la répétition de scènes clés telles que les apparitions de Mme de SC ou le travail de la viole= les répétitions sonores (Les Pleurs, La rêveuse) ou visuelles (la cabane, la nature)La reprise des mêmes motifs= les morceaux de musique mentionnés dans le roman= les tableaux évoqués et/ou décrits dans le romanLa langue du XVII restituée= la reprise du texte de Quignard dans les dialogues des personnages= la voix off de MM qui dit le texte écrit de QuignardL’originalité n’est pas tant dans le contenu et le récit mais dans la narration.II. L’originalité du filmDu roman objectif à la subjectivité du récit de MM qui va modifier le sens du film, son esthétique etla réception du récitLe sens et l’esthétique du filmLe prologue et l’épilogue : la présence du narrateur personnage et de la voix off, MM permet de créerun narrateur rétrospectif (la voix off) et un flash back sur l’histoire MM/SC, ce qui= amplifie le rapport maître/élève et la réconciliation posthume entre le maître et l’élève= résout l’énigme posée de l’imposture : moralisation de l’attitude de MM qui rachète sa trahison (celled’avoir pris à son maître la musique du « coeur » pour la diffuser à la cour)La réception du filmUne mise en valeur de MM par le récit cadre renforcée par le cadrage, le son et l’éclairage, ce quifavorise l’identification du spectateur à ce personnage complexe digne d’admiration pour avoir sutransmettre l’art de son maître.Malgré le décentrement, le film conserve l’esprit du romanIII. L’esprit du romanLa reconstitution d’une atmosphère plus que d’une époqueDisparition des références historiques concernant les jansénistes des chap. XIX et XX : aucune tracede ces faits historiques mentionnés dans le roman et reconstitution d’une atmosphère janséniste àtravers le personnage de Sainte Colombe et du lieu principal, la cabane dans le jardin.= austérité vestimentaire et physique de SC= retrait de SC dans sa cabane= abandon du jardin des SC : un jardin en friche qui rappelle les destructions des lieux jansénistesConcentration de l’image et du son sur un XVII baroque : aucune apparition du roi, aucune fête royalepour mettre en évidence la musique baroque qui accompagne le récit filmique= la représentation de la cour se réduit aux costumes des courtisans et de MM, à deux salles du palaisde Versailles où MM donne une leçon ou dirige l’orchestre à la courLe récit et ses personnagesL’importance accordée aux deux personnages respecte celle du roman même si le traitement de MMsemble privilégié : il s’agit bien de rendre hommage à SC, un personnage historique méconnu, à traversMM, musicien baroque reconnu et ainsi de faire connaître la viole et la musique baroqueUne esthétique qui renforce l’esprit jansénisteLa solennité des plans fixes dans le prologue et l’épilogue, les portraits (de Madeleine, de SC), lesnatures mortesLe raccord cut pour imiter la parataxe et limiter les effets afin de rester dans la simplicité etl’austérité jansénistesLe son et les raccords son : la musique au centre de l’image, du récit et de la narration qui vient direce que l’image et les dialogues sont incapables de dire= le thème de La rêveuse lors de la visite de MM, de son départ et du suicide de Madeleine et dansl’épilogue= les raccords son dès le prologue, dans les apparitions de Mme de SC (Le tombeau des regrets) Lamarche turque dans les déambulations de Madeleine…)La musique du troisième scénario écrit par Jordi Savall qui se substitue à la parole humaineimpuissante et rend compte du sens de l’oeuvre de Quignard.Un film plutôt fidèle au roman, si ce n’est l’identification de Corneau à MM et de Quignard à SC quimarque la différence essentielle entre le roman et le film, mais surtout à l’esprit du roman.
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