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L'accord qui ébranla le monde

Publié le 22/02/2012

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23 août 1939 - Depuis avril 1939, Français et Britanniques négocient avec Moscou. Objectif : amener Hitler à renoncer à toute conquête devant la menace d'une guerre sur deux fronts. Mais les négociations traînent, et Moscou, en sous-main, discute avec le Reich. Le 23 août, le monde stupéfait apprend le pacte germano-soviétique. En France, sauf dans la presse communiste, l'indignation est générale. Le risque d'un conflit s'aggrave. " Je sais combien la nation allemande aime son Führer, je bois donc à sa santé. " Personne ne pouvait penser qu'un tel toast viendrait du camarade Staline. C'était pourtant lui qui, dans la nuit du 23 au 24 août, buvait le champagne avec le ministre des affaires étrangères du Reich, Joachim von Ribbentrop. Celui-ci avait atterri à Moscou le jour même, avec une suite nombreuse, accueilli sobrement par le commissaire adjoint aux affaires étrangères, Wladimir Potemkine. L'unique drapeau à croix gammée avait peut-être été confectionné rapidement : la svastika était orientée à l'envers ! Dans l'après-midi, Ribbentrop avait eu un entretien de plus de trois heures avec son homologue, Viatcheslav Molotov. L'échange avait été suffisamment positif pour qu'après le dîner Ribbentrop gagnât le Kremlin : dans la nuit, Molotov et Ribbentrop signaient en présence de Staline (les photos bien connues feront le tour du monde) un pacte qui allait - et le mot n'est pas trop fort - sidérer le monde entier. Car depuis qu'une délégation militaire franco-britannique était arrivée à Leningrad, le 10 août, on s'attendait plutôt à un rapprochement entre l'URSS et les deux démocraties libérales, que le " coup de Prague " avait amenées à sonder les Soviétiques les conversations s'étaient poursuivies après que Hitler eut, le 28 avril, exigé, sur un ton rogue, le retour au Reich de la ville libre de Dantzig et la construction de routes et de voies ferrées, avec statut d'extraterritorialité, dans le " corridor polonais " séparant la Prusse orientale du reste de l'Allemagne. Et, comme Varsovie avait refusé de céder, la tension n'avait cessé de monter. Les conversations tripartites n'étaient pourtant pas menées avec le même désir d'aboutir. Seuls les Français voulaient parvenir rapidement à un accord. Georges Bonnet avait eu beau, comme à son habitude, biaiser, demandant seulement un accord politique dissuasif, Daladier, lui, était tout à fait décidé à parvenir à une alliance militaire étroite : la menace de devoir mener la guerre sur deux fronts face aux divisions soviétiques étant le seul moyen de faire réfléchir Hitler et de sauver la Pologne, en évitant la guerre. Le général Doumenc partait donc pour Moscou avec une consigne écrite : " Ramenez-nous un accord à tout prix ! ". Les Anglais étaient, eux, plus indécis. Les partisans d'une politique d' appeasement, autour du premier ministre, Neville Chamberlain, redoutaient que des initiatives inconsidérées ne forcent Hitler à la guerre. De surcroît, comme le soulignait devant Daladier, le 20 mai, le chef du Foreign Office : " Venir au secours de la Russie directement attaquée alors que la moitié de la population britannique attribuait autant aux Soviétiques qu'aux nazis la responsabilité des maux dont nous souffrons depuis dix ans, cela soulèverait en Angleterre des difficultés très graves. " En tout cas, l'accord éventuel avec l'URSS devrait être le moins contraignant possible. Les Britanniques n'étaient pas les seuls à lanterner les Soviétiques avaient leurs raisons, qu'on découvrira plus tard. Disons seulement qu'ils ne voulaient pas non plus s'engager sans garantie collective et réciproque (couvrant de surcroît les Etats baltes) et ils exigeaient de lier l'accord politique nécessaire à une convention militaire. On comprend alors pourquoi les négociations, qui débutent à la mi-avril, vont traîner : Londres ne cessera de freiner et, lorsque les négociations avançaient, Moscou se mettait à chipoter. Bref, le 23 juillet, on n'avait guère progressé, quand les Soviétiques finirent par accepter que des conversations militaires puissent s'engager à Moscou sans attendre la conclusion d'un accord politique. Vingt-six officiers français et britanniques remontèrent alors la Baltique sans se presser sur le City of Exeter, dans un mélange très british de confort et de dignité impériale. L'accueil, à Leningrad puis à Moscou, fut chaleureux. Le 11 août, visite à Molotov, dîner d'apparat, toasts à l'amitié entre les peuples, puis concert de qualité : rien à redire, les camarades, somme toute, savaient recevoir. Le lendemain, 12 août, avec les négociations proprement dites, cela se gâta. Sans affrontement dramatique : les échanges étaient courtois et les compliments nombreux. Mais, dès le 14 août (jour où débute le forcing du Reich en direction de Moscou), le maréchal Vorochilov, chef de la délégation soviétique, qui se révéla un négociateur redoutable, haussa le ton : on ne répondait pas de façon suffisamment précise à son gré à ses questions. Le 17, il ajourna les négociations au 21. Le 21 (le processus du pacte germano-soviétique est désormais tout à fait engagé), après une séance de pure forme (une partie de la délégation soviétique est censée chasser le canard !), on se sépare sans avoir pris date. Les négociations tripartites avaient échoué. Les Soviétiques avaient été irrités par le manque de représentativité de la délégation britannique. Si le général Doumenc était bien muni d'un ordre de mission lui donnant " qualité pour traiter de toute question militaire ", l'amiral Drax-Plumkett, lui, n'avait reçu aucune délégation précise. Vorochilov se rendit vite compte que les Britanniques avaient pour consigne de " conduire les conversations avec une grande lenteur [...] en termes aussi généraux que possible ". Il déclarait à longueur de séance qu'on s'en tenait trop à des " principes généraux " au lieu de " discuter de plans avec exposés sur les moyens prêts à être mis en oeuvre. " Et, surtout, il posait une " question cardinale " embarrassante : en l'absence de frontières communes entre l'URSS et le Reich, les Français et les Britanniques " pensent-ils que les troupes terrestres soviétiques seront autorisées à pénétrer en territoire polonais pour prendre directement contact avec l'adversaire si celui-ci attaque la Pologne ? ". Suivait une autre question : " La Pologne accepte-t-elle l'entrée des troupes soviétiques sur son territoire [...] dans le couloir de Wilno... ? " C'est pour permettre à Paris et à Londres de répondre que les " conférences " furent ajournées au 21. Les Français ne purent convaincre les Polonais, dont le chef d'Etat-major déclarait : " Je ne puis croire que les Russes désirent réellement se battre contre les Allemands [...]. Si nous les autorisons à entrer sur notre territoire, ils y resteront. " Car la guerre russo-polonaise de 1920, aggravant un contentieux déjà lourd entre les deux peuples, avait permis à la Pologne d'annexer en Ukraine et en Biélorussie des territoires que les Soviétiques considéraient comme russes. C'est pourquoi l'homme fort de la Pologne des années 30, le colonel Beck, s'efforça de louvoyer entre l'URSS et le Reich (la Pologne signait avec ce dernier une déclaration de non-agression le 26 janvier 1934), se référant à ce qu'on nommait à Varsovie le " testament de Pilsudski " : " Avec les Allemands nous risquons de perdre notre liberté, avec les Russes nous perdrons notre âme. " De guerre lasse, Daladier décida de se passer de l'accord des Polonais. Doumenc crut pouvoir annoncer à Vorochilov, le 22 août, que la " question cardinale " était résolue mais le Soviétique en douta : l'état-major polonais " n'aurait pas voulu rester à l'écart des questions discutées ici et le concernant de si près ". Il ajoutait que les conversations pourraient reprendre " à la condition toutefois qu'aucun événement politique ne se produise entre-temps ". L'événement se produisit : c'était - on s'en doute - l'arrivée de Ribbentrop à Moscou. Stupéfiant à tous égards pour les contemporains, il survenait au terme d'un enchaînement logique. Le congrès du Komintern de 1935 avait affirmé : 1-que la guerre était d'autant plus prévisible que les pays capitalistes étaient en pleine crise 2-que l'URSS devait être protégée coûte que coûte. On prôna alors la ligne des fronts populaires dans le même temps où l'URSS se rapprochait des démocraties libérales bourgeoises pour brider l'expansionnisme fasciste. Mais la guerre d'Espagne, la politique britannique de l'appeasement, amènent Moscou à prendre, dès la fin de 1937, ses distances à l'égard de Paris et de Londres. La conférence de Munich, d'où les Soviétiques furent exclus, renforce chez eux la volonté de s'en tenir à une relative neutralité et de voir venir : c'est ce qu'exprime clairement Staline, le 10 mars 1939, devant le dix-huitième congrès du PC de l'URSS : " nous n'irons pas tirer les marrons du feu pour autrui " et, de fait, tout au long de la guerre des nerfs, l'URSS va mener, non sans rouerie, une double négociation. La complicité active C'est Moscou, semble-t-il, qui fit les premières approches, par le biais d'échanges commerciaux. Les Allemands, d'abord réservés, demandèrent à voir, ce à la fin mai les Soviétiques hésitant à leur tour, on reprit langue à la fin juillet. L'ambassadeur allemand à Moscou rapporte, le 4 août, avoir trouvé Molotov occupé par ailleurs, rappelons-le, à négocier avec les Franco-Britanniques, " particulièrement ouvert ". Et, le 14 août, c'est le début du Blitzkrieg diplomatique allemand : Ribbentrop veut venir en personne à Moscou pour le " rétablissement d'une coopération amicale d'un genre nouveau " Molotov, trouvant la proposition intéressante mais prématurée, relance l'idée d'un traité économique deux jours plus tard, nouvel appel de Ribbentrop, encore plus pressant : les négociations permettraient de délimiter des zones d'influence réciproques le 18, Berlin souligne que c'est " la seule méthode pour [...] prendre en considération les intérêts russes en cas de conflit ". Et c'est le 19, selon toute vraisemblance, que Staline tranche (à cette date, les négociations franco-britanniques sont suspendues), mais en faisant monter les enchères : c'est Moscou qui remet à Berlin un projet de pacte de non-agression, exigeant que soit " partie intégrante du pacte " ce que les Soviétiques nomment alors un " protocole particulier ". Dans les heures qui suivent, Hitler " accepte le projet de pacte de non-agression ", tout en ajoutant qu' " un homme d'Etat allemand responsable " doit impérativement venir à Moscou " clarifier le protocole complémentaire ". Le 23, c'était à Ribbentrop de jouer. On devine aisément ce qui a pu motiver Hitler, pour lequel la Russie demeurait, sans conteste, la terre à conquérir pour le peuple allemand. Pragmatique, il utilise pour l'heure l'URSS, évite le risque de guerre sur deux fronts et s'empare d'une bonne partie des territoires polonais. Le décodage des motivations de Staline est plus malaisé. Le texte officiel publié affirmait la stricte neutralité de l'URSS à l'égard d'un éventuel conflit, au point que l'URSS - et évidemment le Reich - s'interdisait de soutenir une tierce puissance hostile et de participer à un " groupement de puissances dirigé, directement ou indirectement, contre l'autre partie " (ce qui mettait fin, ipso facto, aux négociations avec les Franco-Britanniques). Chacun sait maintenant (c'est en mars 1946 qu'on en fit état pour la première fois) qu'était adjoint à cet accord (comme l'avait exigé Staline) un " protocole secret ". Il répartissait des zones d'influence (l'URSS s'était attribué la Bessarabie, les pays baltes, la Finlande) et prévoyait une délimitation de " zones d'intérêt " réciproques " dans le cas où interviendrait un changement dans les territoires appartenant à l'Etat polonais ". Un mois plus tard, le 28 septembre, était signé le second pacte, qui aboutissait au quatrième partage de la Pologne. Moscou venait de passer de la neutralité bienveillante à la complicité active. Pour un certain nombre d'auteurs, ce sont ces gains territoriaux à venir ou potentiels qui auraient avant tout déterminé le choix de Staline. Jusqu'à preuve du contraire, on peut plutôt privilégier la volonté de " se trouver au balcon ", le refus de la guerre, en ayant en mémoire les conclusions du dernier congrès du Komintern. Les démocraties libérales, la Grande-Bretagne surtout, lui sont apparues trop indécises et peu fiables, comme le prouvait leur incapacité de régler la " question cardinale " du passage à travers la Pologne. Que Staline ait cherché de surcroît à rentabiliser son choix par des avantages territoriaux n'a rien pour surprendre. En précisant toutefois que cette prise de gages ressortissait moins d'une politique de conquêtes que de la volonté de construire un glacis défensif autour de l'URSS, ce qui correspond parfaitement à la stratégie stalinienne de l'époque. En France, comme partout ailleurs, la surprise fut extrême. Les moins prévenus ne furent pas les responsables du PCF, surpris en vacances ou en province : le secrétariat du PCF ne réagit ès qualités que le 25 août. Sauf dans la presse communiste, qui en rajoute en célébrant Staline, l'URSS et le pacte " victoire de la paix ", l'indignation est générale de Léon Blum : " On ne saurait pousser plus loin l'audace, le mépris foncier de l'opinion publique, le défi à la moralité publique ", à toutes les invectives contre le " coup de poignard ", l' " acte de banditisme ", les " turpitudes du nouveau Borgia ". Par presse interposée, on se livre à bon nombre de règlements de comptes franco-français, notamment entre partisans et opposants de la ratification en février 1936 du pacte franco-soviétique. Surtout, se déchaînent à droite comme à gauche l'antisoviétisme et l'anticommunisme : Syndicats, le journal d'une des tendances de la CGT, écrit le 30 août : " Nouveau slogan communiste : Heil Staline, Hitler avec nous ! " " Les maîtres du Kremlin ont été durs pour leurs moujiks français ", et le Matin, quotidien résolument à droite : " Les lois naturelles jouent toujours de même que le cheval galope, [...] le bolchevik russe trahit. " Et, mis à part Blum et ses amis, chacun applaudit à l'interdiction, le 26 août, des journaux, des réunions et de la propagande communistes. Le désarroi et la crainte Restait à apprécier les conséquences du pacte. Ce qui l'emporte, c'est le désarroi et la crainte. Ici et là, on cherchait bien à se convaincre que la signature d'un pareil pacte contre nature signifiait que Hitler était au bout du rouleau la plupart des commentateurs estimaient, eux, que le risque de guerre s'était aggravé, ce qui explique que les ultra-munichois aient tenté une nouvelle offensive préventive : Maurras, lancé dans les métaphores d'obstétrique, explique, le 29 août, qu'il arrive qu'il faille choisir entre la mère - c'est-à-dire la France - et l'enfant - la Pologne, - étant entendu que la France s'engage, quand elle se sera remise, à rétablir la Pologne ! Mais, globalement, le ton demeure ferme, et La Rocque, qui avait été munichois avec réserve, pouvait écrire le 23 août : " La frontière polonaise, avant-poste de la nôtre. " JEAN-PIERRE AZEMA Le Monde du 19 juillet 1989

« Les Soviétiques avaient été irrités par le manque de représentativité de la délégation britannique.

Si le général Doumenc étaitbien muni d'un ordre de mission lui donnant " qualité pour traiter de toute question militaire ", l'amiral Drax-Plumkett, lui, n'avaitreçu aucune délégation précise. Vorochilov se rendit vite compte que les Britanniques avaient pour consigne de " conduire les conversations avec une grandelenteur [...] en termes aussi généraux que possible ".

Il déclarait à longueur de séance qu'on s'en tenait trop à des " principesgénéraux " au lieu de " discuter de plans avec exposés sur les moyens prêts à être mis en oeuvre.

" Et, surtout, il posait une" question cardinale " embarrassante : en l'absence de frontières communes entre l'URSS et le Reich, les Français et lesBritanniques " pensent-ils que les troupes terrestres soviétiques seront autorisées à pénétrer en territoire polonais pour prendredirectement contact avec l'adversaire si celui-ci attaque la Pologne ? ".

Suivait une autre question : " La Pologne accepte-t-ellel'entrée des troupes soviétiques sur son territoire [...] dans le couloir de Wilno...

? " C'est pour permettre à Paris et à Londres derépondre que les " conférences " furent ajournées au 21. Les Français ne purent convaincre les Polonais, dont le chef d'Etat-major déclarait : " Je ne puis croire que les Russes désirentréellement se battre contre les Allemands [...].

Si nous les autorisons à entrer sur notre territoire, ils y resteront.

" Car la guerrerusso-polonaise de 1920, aggravant un contentieux déjà lourd entre les deux peuples, avait permis à la Pologne d'annexer enUkraine et en Biélorussie des territoires que les Soviétiques considéraient comme russes. C'est pourquoi l'homme fort de la Pologne des années 30, le colonel Beck, s'efforça de louvoyer entre l'URSS et le Reich (laPologne signait avec ce dernier une déclaration de non-agression le 26 janvier 1934), se référant à ce qu'on nommait à Varsoviele " testament de Pilsudski " : " Avec les Allemands nous risquons de perdre notre liberté, avec les Russes nous perdrons notreâme.

" De guerre lasse, Daladier décida de se passer de l'accord des Polonais.

Doumenc crut pouvoir annoncer à Vorochilov, le22 août, que la " question cardinale " était résolue mais le Soviétique en douta : l'état-major polonais " n'aurait pas voulu rester àl'écart des questions discutées ici et le concernant de si près ".

Il ajoutait que les conversations pourraient reprendre " à lacondition toutefois qu'aucun événement politique ne se produise entre-temps ". L'événement se produisit : c'était - on s'en doute - l'arrivée de Ribbentrop à Moscou.

Stupéfiant à tous égards pour lescontemporains, il survenait au terme d'un enchaînement logique. Le congrès du Komintern de 1935 avait affirmé : 1-que la guerre était d'autant plus prévisible que les pays capitalistes étaienten pleine crise 2-que l'URSS devait être protégée coûte que coûte.

On prôna alors la ligne des fronts populaires dans le mêmetemps où l'URSS se rapprochait des démocraties libérales bourgeoises pour brider l'expansionnisme fasciste. Mais la guerre d'Espagne, la politique britannique de l'appeasement, amènent Moscou à prendre, dès la fin de 1937, sesdistances à l'égard de Paris et de Londres.

La conférence de Munich, d'où les Soviétiques furent exclus, renforce chez eux lavolonté de s'en tenir à une relative neutralité et de voir venir : c'est ce qu'exprime clairement Staline, le 10 mars 1939, devant ledix-huitième congrès du PC de l'URSS : " nous n'irons pas tirer les marrons du feu pour autrui " et, de fait, tout au long de laguerre des nerfs, l'URSS va mener, non sans rouerie, une double négociation. La complicité active C'est Moscou, semble-t-il, qui fit les premières approches, par le biais d'échanges commerciaux.

Les Allemands, d'abordréservés, demandèrent à voir, ce à la fin mai les Soviétiques hésitant à leur tour, on reprit langue à la fin juillet. L'ambassadeur allemand à Moscou rapporte, le 4 août, avoir trouvé Molotov occupé par ailleurs, rappelons-le, à négocieravec les Franco-Britanniques, " particulièrement ouvert ".

Et, le 14 août, c'est le début du Blitzkrieg diplomatique allemand :Ribbentrop veut venir en personne à Moscou pour le " rétablissement d'une coopération amicale d'un genre nouveau " Molotov,trouvant la proposition intéressante mais prématurée, relance l'idée d'un traité économique deux jours plus tard, nouvel appel deRibbentrop, encore plus pressant : les négociations permettraient de délimiter des zones d'influence réciproques le 18, Berlinsouligne que c'est " la seule méthode pour [...] prendre en considération les intérêts russes en cas de conflit ".

Et c'est le 19, selontoute vraisemblance, que Staline tranche (à cette date, les négociations franco-britanniques sont suspendues), mais en faisantmonter les enchères : c'est Moscou qui remet à Berlin un projet de pacte de non-agression, exigeant que soit " partie intégrantedu pacte " ce que les Soviétiques nomment alors un " protocole particulier ".

Dans les heures qui suivent, Hitler " accepte le projetde pacte de non-agression ", tout en ajoutant qu' " un homme d'Etat allemand responsable " doit impérativement venir à Moscou" clarifier le protocole complémentaire ".

Le 23, c'était à Ribbentrop de jouer. On devine aisément ce qui a pu motiver Hitler, pour lequel la Russie demeurait, sans conteste, la terre à conquérir pour lepeuple allemand.

Pragmatique, il utilise pour l'heure l'URSS, évite le risque de guerre sur deux fronts et s'empare d'une bonne. »

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