L'abbaye deans un bois, Caspar David Friedrich
Publié le 07/11/2012
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Caspar David Friedrich Abbaye dans un bois de chênes 1809-1810, h/t 110,4x117cm, Berlin, Alte Nationalgalerie Introduction: Friedrich, né en 1774, a Greifswald est considéré aujourd'hui comme le chef de file de la peinture romantique Allemande. Son enfance est marquée par une importante série de décès dans sa famille : sa mère en 1781, sa petite soeur en 1782, son frère en 1787 (qui est mort en lui sauvant la vie) , et une autre soeur en 1791. Après avoir pris des cours de dessins, il entre en 1794 a l'université de Copenhague, ville de l'une des plus influentes académies artistiques d'Europe du Nord. Il s'installe a Dresde, l'un des centres de l'activité artistique allemande du fait de son académie, de sa pinacothèque, et de sa fréquentation par de grandes figures du romantisme (comme Goethe, Schiller ou Novalis) en 1798, et y demeurera jusqu'à la fin de ses jours. Sa carrière est indissociable du romantisme allemand, courant littéraire, philosophique , musical, pictural et religieux qui marque la fin du 18é et tout le 19è siècle, (puisqu'il s'étends a des artistes tels que Mahler, mort en 1911).Il serait une réaction au siècle des Lumières : le règne de la raison a "désenchanté " le monde, entrainé un fort déclin du sentiment religieux, et également accouché d'un nouvel ordre juridique, imposant l'égalité entre tous, et par là a relégué l'individu à l'état de sujet. On peut voir dans le roman de Goethe "Les Souffrances du jeune Werther", parut l'année de naissance de Friedrich, la source du romantisme allemand : Werther s'ennuie, emprisonné dans les coutumes et les règles d'une société conformiste. Il tente vainement de rejoindre l'amour de sa vie, puis se tue. On y décèle une affirmation forcenée de soi en tant que sujet : JE m'ennuie, J'aime, JE me tue. Si son destin lui appartient, le romantique allemand n'en n'est pas moins tiraillé par des questions métaphysiques. Les souffrances exaltent son âme, et cette âme le conduit à la contemplation de la nature qui, contrairement aux idéaux dont l'époque était féconde, ne l'a jamais déçu. La nature, théâtre par excellence de la présence divine, lieu de toutes les forces et de toutes les harmonies fait écho et transcende le paysage intérieur, qu'il soit apaisé, chaotique ou désespéré; sa contemplation est le moyen d'accéder a dieu, de retrouver l'éden (l'exclusion du jardin d'éden est l'une des plus grandes source des tortures du romantiques). " Le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu'il voit devant lui, mais aussi ce qu'il voit en lui" dira Friedrich . Très influencé par les les théories esthétiques de Schiller, publiées entre 1802 et 1805 tout comme la théorie des couleurs de Goethe,(avec qui il entretient une relation amicale depuis 1805) Friedrich , après quelques portraits, commence a s'intéresser au paysage. Il envoie en 1807 un dessin a la sépia a l'exposition de l'académie de Dresde, et s'ensuit la commande par le compte Thun -Hohenstein du Retable de Tetschen, (1807-08, 115x110.5, H/T, Dresde, Gemäldegalerie ) l'une de ses premières huiles.Il peint ensuite entre 1808 et 1810 Le Moine au bord de la mer (1808-10, 110x171.5, H/T, Berlin, Schlöss Charlottenburg) et L'abbaye dans un bois de chênes (1808-10, 110,4x171, H/T, Berlin, S.C). Lors d'une visite de son atelier de Dresde, Goethe les qualifie de "Paysages Merveilleux", elles seront exposées cette même année a l'exposition de l'académie de Berlin, et remporteront un si vif succès qu'elles seront achetées par le roi Frédéric III de Prusse, et il seras même nommé membre de l'académie de Berlin. Il fera de nombreux voyages dans les montagnes du Reisengebirge, qui seront l'une de ses principales sources d'inspiration. Deux autres toiles sont achetées par le roi a l'exposition de 1812, et en 1816, année ou il est nommé membre de l'académie de Dresde. Il se marie en 1818, et peint Le voyageur contemplant une mer de nuage (1818, 74,8x94,8, H/T, Hambourg, Kunsthalle) , l'un de ses tableaux les plus célèbres aujourd'hui. Mais Friedrich connaitra par la suite un progressif désintéressement: il tombe malade en 1824, ce qui entraine une baisse de sa production, et subit un délire de persécution qui l'isolera de plusieurs de ses amis et de membres de sa famille. Il peint de plus en plus rarement a l'huile, fait de plus en plus d'aquarelle et de sépia. Son état est encore aggravé lors de la visite de David d'Angers en 1834, dont résulte la célèbre expression de "Tragédie du Paysage" . Il est frappé d'Apoplexie en 1835, et mourra dans une relative indifférence en 1840, des suites de cette crise. Il faudra attendre la seconde moitié du 20é siècle pour que l'on redécouvre son génie et son Oeuvre. En quoi cette peinture est elle significative de la conception picturale du romantisme allemand? 1/ Représentation métaphysique de la nature A/ Une composition qui place le spectateur dans un état de contemplation B/ Expression d'une "Hiérarchie" entre l'humain , la nature et le divin C/ Le caractère divin du paysage 2/ L'expression du moi A/ Le paysage comme moyen de l'expression des sentiments B/ Symboliques de la mort C/ La nostalgie romantique Conclusion Ainsi, de par la peinture de paysage, nous pouvons voir que Freidrich exprime parfaitement les préoccupations et les états d'âmes romantiques: le spectateur est directement placé , grâce a une composition qui "monumentalise" la nature, dans une posture de contemplation, il ne peut s'identifier aux quelques humains qui sont minimisés et relégués tout en bas du cadre, mais est obligé de considérer le paysage dans son ensemble ; on ressent aussi le rôle de la nature , assurant une forme de "transition" picturale entre le monde inférieur humain lugubre et très sombre, et un ciel divin immense, plus clair et plus appaisant , qui occuppe plus de la moitié du cadre. Les symboles de la conviction religieuse du peintre son nombreux: abbaye gothique , crucifix, tombes, on assiste a l'enterrement d'un moine, surplombé par un ciel manifestement tout puissant , allusion évidente a la puissance de dieu. Mais la toile n'en reste pas moins très personnelle; l'expression du "Moi" de Friedrich en est même l'un des ressort principaux : a travers l'atmosphère très lugubre , dépouillée et sombre d'une nature presque morte, il donne corps a ses tourments: les arbres , obscurs , dépouillés et tordus , en sont l'une des expressions les plus flagrantes. On décèle également dans la toile la présence indéniable de la mort ; thème qui tiens presque lieu d'une obsession chez Friedrich : le cimetière devant l'abbaye, l'enterrement même du moine, peut être considéré comme une représentation de sa propre mort (Friedrich ne se considérait il pas comme un moine?). L'intérprétation du tableau dépend aussi de la nature de la scène représenté: si c'est un crépuscule, on peut y voir presque une apocalypse, une mise en scène austère et dépouillée de la mort de l'artiste, mais si c'est une aube, alors elle peut prendre le sens d'une renaissance, un passage (faisant écho aux passage dans les portes de l'abbaye) du monde terrestre vers le divin, peut être une évocation du retour au jardin d'éden, donc de l'un des thèmes clés de la philosophie romantique. Sources: Tout l'Oeuvre Peint de Caspar David Friedrich, ed Flammararion, Helmut Borsch -Supan Cours d'histoire de l'art en CM .
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