La victoire d'Hippolyte
Publié le 19/04/2014
Extrait du document
La fin du héros trainé par Théramène sur plusieurs vers comme Hippolyte l’est par ses chevaux donne au récit un registre pathétique. Le récit est coupé par une certaine pudeur de la part de Théramène qui exprime son infini tristesse (« Excusez ma douleur. Cette image cruelle / Sera pour moi de pleurs une source éternelle » vers 48-49). Ce renvoi à la situation d'énonciation permet à Théramène de communiquer sa douleur : il la fait partager en même temps qu'il la transmet. Cette suspension du récit est également une manière d'inaugurer l'agonie pathétique du héros, dont la mort n'est actée qu'une vingtaine de vers plus tard. De même, l'évocation des chevaux ne reconnaissant pas la voix de leur maître (« Il veut les rappeler, et sa voix les effraie » v. 52) incite à la pitié. En effet, Hippolyte, que son père a injustement chassé de Trézène, se trouve ici victime d'une injustice familiale nouvelle. La synecdoque très classique de la « main qui nourrit » (v. 51) transforme en effet l'autorité du maître en paternité. Les chevaux sont alors perçus comme une progéniture ingrate, dont l'absence de reconnaissance provoque la compassion. L'allitération en [r] que file l'auteur sur ces quelques vers (« Traîné » v. 51, « par » v. 51, « nourris » v. 51, « rappeler » v.52, « effraie » v.52, « courent » v.53, « corps » v.53) ajoute encore à la rudesse de l'épisode. Enfin, la métaphore du vers 1550, renforcée par l'emploi de la négation restrictive, présente le corps d'Hippolyte comme « une plaie ». L'image de la plaie douloureuse et sanguinolente achève de rendre les derniers instants du héros pathétiques. La mort est présente dans le passage de la mort d’Hippolyte (« ce héros expiré » vers 62), la fatalité du récit tragique est exprimée tout au long du récit. Hippolyte se défait du monstre, arrive à le vaincre « Il lui fait dans le flanc une large blessure. » vers 33, mais il ne peut quand même se sauver « il tombe embarrassé » vers 47. Il est en effet poursuivi par la malédiction lancée sur lui « des dieux triomphant de sa colère » vers 64. In ne peut échapper a sa destinée fatale. Le récit de Théramène suscite pitié et terreur chez le spectateur, mais c'est le tragique de l'extrait, en ce qu'il participe au dénouement de l'œuvre, qui en fournit la première leçon mémorable.
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