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La technique peut-elle masquer le réel ?

Publié le 16/05/2004

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En ce sens, sciences et techniques peuvent se distinguer, dans leur fonctionnement, leur nature et leur genèse. Néanmoins, à travers leur développement, l'homme explore un nouveau rapport avec la nature et sa possible transformation, et sur ce plan technique et travail sont solidaires. La technique, moyen d'action, volontiers conquérante, dominatrice, plus efficace que jamais, apparaît aussi comme une source de dangers et de risques, suscite des suspicions, plus ou moins bien fondées, en tant que symbole d'une volonté de puissance qui inquiète. L'homme contemporain se voit donc confronté à des enjeux inédits et conséquents. On ne peut voir dans le travail une activité qui serait séparée et isolable d'un contexte social précis dans lequel il s'effectue, cette constatation valant aussi bien pour ses produits que pour les conditions dans lesquelles il s'effectue. On constate de nos jours un affaiblissement de la valeur sociale et économique du travail, qui ne semble pas tellement provenir d'une dégénérescence qui lui serait propre, comme s'il avait perdu toute utilité, mais plutôt du modèle de civilisation, de la culture moderne, en particulier la domination inconditionnelle, le règne de l'argent, dont on ne sait s'il faut y voir une cause ou un symptôme. Ainsi la justice sociale, qui présuppose de garantir une certaine égalité d'opportunités et de moyen d'existence, se confronte aux questions de rentabilité, principalement des entreprises. Les coûts de production eux-mêmes se heurtent aux « réalités « du marché. Les salariés s'opposent directement aux machines susceptibles de les remplacer. Le développement de la technique semble parfois assigné à la réalisation d'objectifs trop particuliers pour rencontrer une adhésion universelle.

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« travailleur, de l'assimiler à un simple outil, réduit à l'application mécanique d'une fonction définie au préalable.

Ladivision du travail n'est-elle pas, comme le suggère Marx, une division du travailleur lui-même dans la mesure où ellefait exister la totalité de la production hors de lui, échappant ainsi à son contrôle ? Dans le Capital , Marx écrit la chose suivante au sujet des conditions de travail des ouvriers anglais dans les manufactures : « Ce n'est passeulement le travail qui est divisé, subdivisé et réparti entre divers individus, c'est l'individu lui-même qui est morceléet métamorphosé en ressort automatique d'une opération exclusive ». Le travailleur n'est alors plus un homme libre et pensant, mais il est réduit « à une parcelle de lui-même », c'est-à-dire à un geste unique et mécanique.

Seul, il ne produit rien.

Dans ces conditions, le travail est moins que touteautre une activité libératrice, puisque l'homme est totalement assujetti au processus de production.

L'ouvrier paraîtpris dans un mécanisme absurde où le déploiement de ses efforts l'empêche précisément de se libérer.

On parle alorsd'aliénation du travail ; ce mot vient du latin alienus , « étranger », et signifie que le résultat de son travail échappe au travailleur, mais aussi que l'homme devient étranger à lui-même dans le travail.

L'homme ne se réalise plus dans letravail, mais s'y perd en tant qu'homme.

Marx relie cette perversion du travail à l'émergence du système capitaliste. Marx souligne en effet que le régime capitaliste établit un partage entre ceux qui possèdent le capital (biens, sol,matières premières) et les autres, les prolétaires, qui n'ont plus que « leur force de travail, leurs bras et leurscerveaux agissants ».

Les ouvriers sont alors contraints, pour vivre, de vendre leur force de travail ; le travailprendrait alors la forme d'une véritable aliénation.

Dans la société capitaliste, le travailleur échange son travail àl'employeur contre un salaire ; il n'a pas à se reconnaître dans la production ou dans l'objet produit, mais seulementà assurer sa survie grâce à l'argent gagné 4) L'ouvrier, réduit à l'état d'esclave ? Marx parle d'un « vol des moyens de productions » par ceux qui détiennent le capital.

Ne pouvant plus produire lui-même pour lui-même ce dont il a besoin (car il ne possède pas les terres ni les machines), l'ouvrier serait donccontraint de travailler pour de l'argent, argent qui lui permettrait d'obtenir ensuite les biens nécessaire à assurer sasubsistance.

D'une maîtrise conquérante de la nature, le travail s'est donc transformé, pour l'ouvrier, en une activitérépétitive, dans laquelle il ne peut se saisir comme être libre.

Si le travail ne sert plus qu'à se nourrir, il incarne leprolongement de notre dépendance à des besoins physiologiques, dépendance redoublée par une nouvelledépendance à ceux qui détiennent le capital.

Loin de la dialectique du maître et de l'esclave, dans laquelle l'esclavedevait lui-même produire les biens pour son maître, l'ouvrier se bestialise dans le travail, privé qu'il est de toutsavoir-faire technique dans la production.

Ces concepts d'aliénation et d'exploitation montrent indubitablementl'existence d'un lien étroit entre le travail, la technique, et un certain mode d'organisation sociale et politique.

Ceuxqui ont le pouvoir, en effet, sont ceux qui détiennent les moyens de production. Conclusion. La technique jette un voile sur la réalité au sens où nous ne percevons plus ou n'utilisons plus la nature sans sonaide.

On ne connaît plus la nature en dehors d'une perception technique.

De plus, la technique recouvre la réalitéhumaine, au sens où l'ouvrier se retrouve aliéner, priver de sa liberté, de sa nature propre par l'appareillagetechnique industriel et capitaliste.

Aussi, faut-il être capable d'entrevoir la réalité telle qu'elle est, au-delà de cetteperception ordinaire.

Le regard artistique est certainement une bonne manière de lever ce voile. On le sait, notre monde moderne se caractérise par le développement technique inouï auquel nous serionscondamnés.

La technique semble du reste tellement imbriquée dans toutes nos activités, qu'elle paraît à la foisomniprésente et difficile à saisir, à isoler, spectaculaire et invisible.

Son aspect le plus frappant réside dans lesmachines, qui en sont la manifestation constante.

Mais le règne de la technique ne se limite nullement à la seuleutilisation de machines et s'exerce dans bien d'autres domaines : en tant que procédure et savoir-faire.

Autreparadoxe : la technique est à la fois ce que nous utilisons et ce qui nous utilise, le symbole de la maîtrise comme dela soumission, de la liberté et de la servitude.

Cela non seulement parce que la technique contraint les corps,puisque en somme elle est une force, mais aussi, et peut-être davantage encore, parce que notre esprit, nospensées, nos désirs sont suscités ou commandés par elle.

La facilité dans la vie et le travail, justification essentielleet atout majeur de la technique, ne nous prive-t-elle pas, par exemple, de l'effort essentiel à la constitution de. »

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