La science peut-elle détruire toutes les croyances ?
Publié le 01/11/2015
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La science peut-elle détruire toutes les croyances ? C’est une des plus importantes questions de notre monde actuel : les progrès imminents de la science en font un problème fondamental, qui ne peut être ignoré. La science peut-elle détruire toutes les croyances ? Quand la science aura atteint son apogée, tout ce en quoi nous avons cru, qui n’était jusqu’alors pas démontrable sera-t-il réduit à néant ? Ces questions ne constituent que la partie visible de l’iceberg, et la philosophie veut que la réflexion autour de ce problème soit plus profonde. Tout d’abord, qu’est-ce que la science ? L’opinion commune veut que la science soit un « ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d'objets ou de phénomènes obéissant à des lois vérifiés par les méthodes expérimentales », ou encore « Chacune des branches de la connaissance, du savoir (souvent pluriel), une connaissance approfondie d'un domaine quelconque, acquise par la réflexion ou l'expérience ». Mais originairement, la science et la philosophie semblent être une seule et même chose : la philosophie se veut connaissance de la totalité. Ce sont des disciplines théoriques qui consistent à étudier les lois de la nature grâce aux expériences, et aux mathématiques. C’est utiliser les protocoles expérimentaux pour définir les lois de la nature ; rien ne peut échapper à la curiosité de l’esprit. Dès lors, si la philosophie se définit comme étant connaissance de la totalité, la science n’est-elle pas partie de cette connaissance ? L’acte de naissance de chaque science consisterait donc à isoler dans le champ du réel un objet spécifique, et à se donner pour tâche d’élaborer un savoir objectif de cet objet. Le savoir a pour antonymes l’ignorance et l’opinion, mais aussi la croyance. Dès lors, qu’est-ce qu’une croyance ? Les croyances regroupent les formes d’adhésions aveugles, qui récusent toute rationalité. Toutes les croyances ne sont pas religieuses, même si la religion est une forme de croyance. L’étude de ce sujet présuppose que la science pourrait effectivement avoir le pouvoir de détruire toutes les croyances, et que par conséquent science et croyance s’opposent. Mais nous le savons la philosophie ne s’arrête pas aux évidences. La science en tant que savoir, peut être une forme de vérité. Il convient alors de se demander pourquoi l’homme aurait tendance à se réfugier dans les croyances, au lieu d’affronter les vérités, et s’il faut préférer la vérité aux croyances ? En ce sens, la réflexion philosophique s’orientera sur deux axes : la science est-elle une forme de vérité ? Ou n’est-elle pas, elle aussi une forme de croyance ? Saint Thomas d’Aquin définit la vérité comme étant « l’adéquation de l’intellect », c’est-à-dire la correspondance entre la chose et l’idée que l’on en a. La philosophie scolastique classe généralement la vérité dans les termes transcendantaux, parce qu’ils sont au-delà (trans) de ce qui est (ens), ainsi, ils ne sont pas définissables. Comme nous le fait remarquer Descartes, l’opinion commune admet que la vérité est « ce qui n’est pas faux ». Mais cette définition est purement nominale : elle ne définit absolument rien. Pour définir correctement la vérité, il faut cependant partir sur une base, c’est-à-dire définir ce qui pourrait être vrai ou faux. Les choses en elles-mêmes ne peuvent être vraies ou fausses : le soleil ne peut être ni vrai ni faux. Ce sont les discours que nous tenons sur ces choses qui sont ou vrais ou faux : si je dis que le soleil brille, on peut considérer cette déclaration comme vraie, si le soleil brille effectivement. La vérité serait donc l’action d’attribuer à un sujet un jugement qui exprime comment le sujet est réellement. Une proposition est par conséquent vraie quand elle décrit adéquatement la chose telle qu’elle est. De plus, selon Leibniz « Il y a deux sortes de vérités : celle des raisonnements et celle des faits. Les vérités de raisonnement sont nécessaires et leur opposé est impossible, et celles des faits sont contingentes et leur opposé est possible. ». Que veut dire Leibniz ? L’auteur nous dit tout d’abord que la vérité est plurielle. Les vérités de raisonnements qui sont nécessaires sont les vérités qui portent un jugement, par exemple, que la Terre tourne sur elle-même. Qu’elles soient nécessaires veut dire qu’elles ne peuvent être autrement. Dans notre conception des choses, il est effectivement impossible que la Terre ne tourne pas sur elle-même. C’est une conclusion qui a demandé des siècles de raisonnements, de travaux, de calculs, et une révolution scientifique. Par contre, les vérités de faits sont contingentes. Nous le savons, le contingent s’oppose au nécessaire, c’est-à-dire qu’elles pourraient être autrement. Si je dis que le vent souffle, c’est une vérité de fait, dans le cadre où le vent souffle vraiment. Mais il se peut aussi qu’il y ait des situations où le vent soit tombé, et donc qu’il ne souffle plus. Leibniz nous dit donc que les vérités sont plurielles et qu’elles peuvent avoir une portée différente, selon qu’elles soient de raisonnement ou de fait. Dans le cadre de notre réflexion, considérons les vérités de raisonnement. L’opinion commune aurait tendance à reconnaître les conclusions scientifiques, car elles ont été démontrées par des expériences. Or, un fait scientifique, une théorie scientifique n’est démontrable que s’il y a eu raisonnement. Autrement dit, pour que le scientifique – ou le philosophe – en arrive à faire une expérience pour démontrer ce que sa raison a d’abord pensé, il faut qu’il soit convaincu de la véracité de sa thèse. Avec la révolution Galiléenne, tout devient mathématisé. Des choses que l’on considérait comme de nature divine, on se met à chercher leurs causes et leurs conséquences. Autrement dit, le siècle de Galilée assiste à une vraie mathématisation de la nature. Les sciences deviennent plus qu’une matière que seul l’élite pratique. L’expérience n’est donc pas simplement une observation passive : c’est une question que l’on pose à la nature, qui a d’abord été formulée par la raison du philosophe. Ce que l’expérience fait, c’est extorquer des réponses à la nature. Ainsi, voici comment se déroulent les choses : le philosophe ou le scientifique pense un problème, qui est formulé par sa raison. L’expérience sera la réponse donnée par la nature au problème, mais tout le travail de recherche aura déjà été fait par la pensée du philosophe. Quand Galilée effectue l’expérience du plan incliné pour prouver l’accélération des corps en chute libre, avant de faire l’expérience, il sait déjà quel résultat elle aura, car elle a été au préalablement pensée par lui. Son expérience consiste à utiliser un plan incliné, le plus lisse possible sur lequel il pose une feuille de papier. En faisant rouler dessus une boule de billard, elle aussi la plus lisse possible, et en utilisant des clochettes qui teintent à chaque passage de la boule, il se rend compte que les clochettes sonnent à la même intervalle de temps, tandis que la boule parcourt plus de distance qu’à son départ. C’est le départ des bases de la physique moderne. Mais outre la contribution des recherches de Galilée à la physique, il est intéressant d’observer que le scientifique n’aurait pu observer ce résultat s’il ne s’y attendait pas. En effet, comment observer quelque chose que l’on ne s’est pas préparé à observer ? Ainsi, même si nous avons tendance à opposer théorie et expérience, sans la théorie l’expérience ne serait pas. Les conclusions tirées par la science de ses raisonnements sont donc souvent considérées comme étant vraies, autrement dit, nous les considérons comme des vérités. Mais pourquoi ? Parce qu’une fois que la chose est démontrée, on a tendance à y croire. Si le fait que l’on cherche à démontrer reste au stade de théorie, il ne sera pris pour vrai que par certains. Mais s’il dépasse le stade de la théorie, et qu’il est démontré grâce à une expérience, qui permet à la nature de confirmer la véracité de la théorie, c’est une vérité qui entre dans notre quotidien. Mais est-il pour autant prudent de qualifier la science comme étant une forme de vérité ? Nous l’avons vu, la science peut paraître pour une forme de vérité, grâce à la façon dont elle présente les choses : l’opinion commune a tendance à admettre pour vrai ce qui a été prouvé. Mais dans les « Pensées philosophiques », Diderot nous dit « Ce qu’on a jamais mis en question n’a point été prouvé ». Autrement dit, il ne faut pas se contenter des premiers résultats d’une expérience, et attendre qu’ils aient été mis en doute, pour les considérer comme « vrais ». Ils n’en reste pas moins que les conclusions tirées des expériences passent pour être la vérité, ainsi, on pourrait se risquer à qualifier la science de vérité. Mais menons la réflexion philosophique plus loin. Comme dit Nietzsche dans « Le crépuscule des idoles », pour se moquer du besoin de clarté : « Ramener quelque chose d’inconnu à quelque chose de connu tranquillise, satisfait, allège l’esprit, et procure en outre un sentiment de puissance. ». Il convient alors de se demander si le caractère supposé véridique de la science est assez pour l’opposer aux croyances, et si la science n’a pas elle même été une forme de croyance ? Même si Pascal nous dit « Ni la contradiction n’est marque de fausseté, ni l’incontradiction n’est marque de vérité », la contradiction permet tout de même dans certains cas de faire avancer la science, et de trouver de nouvelles vérités scientifiques. Jusqu’à la révolution scientifique de Galilée et Copernic, il régnait une vision du monde très particulière, restée en vigueur pendant plus de 2000 ans. C’est le système géocentrique. C’est une vision du monde dans laquelle l’univers est fini : il a une forme de sphère dont la Terre est le centre, appelée le Cosmos. Dans le Cosmos fini d’Aristote, la Terre est au centre pour rappeler aux hommes qu’ils sont pécheurs. En effet, hors du Cosmos se trouve le monde divin, le « septième ciel », et quel point est-il le plus éloigné de ce qui peut se trouver à l’extérieur d’un cercle ? Son centre. Ainsi, pendant 2000 ans, le système qui a été en vigueur est un système que nous considérons aujourd’hui comme faux, qui a du trouver de multiples artéfacts pour expliquer certains évènements lunaires. C’était donc une théorie, basée sur ce que les hommes observaient et ressentaient à l’époque (la Terre est ronde, mais ne tourne en aucun cas sur elle-même). Elle était fausse, et pourtant on y croyait, parce que ca n’avait pas été démenti, ou du moins les contradictions de ce système n’avaient pas fait assez de bruit pour que la science de l’époque se remette en question. Nous savons que la croyance n’est pas forcément l’ignorance, mais qu’elle peut en être le masque. Le système géocentrique d’avant Galilée ne semblait-il pas être une croyance ? Une idée à laquelle on adhérait, sans la contredire, ni essayer de comprendre les calculs faits pour en arriver là ? Pourtant, c’était considéré comme étant de la science. Ne serait-il pas un peu trop rapide de notre part de considérer la science comme étant une vérité ? Ou même comme étant opposée aux croyances ? Il devra toujours y avoir une part de croyance dans la science, parce que la croyance suppose foi. Affirmer que la science pourrait détruire toutes les croyances serait donc faux, dans la mesure où à une certaine partie de notre histoire, la science était plus une croyance qu’autre chose. Même si elle peut avoir des allures de vérité, ou plutôt que les discours qu’elle tient, à force d’expérimentations semblent être vrais, science et croyance ne sont pas nécessairement dans une opposition constante, comme nous avons pu le croire. Leibniz a dit « Nous ne connaissons qu’une partie infime de l’éternité, qui se prolonge dans l’immensité ». Ainsi, il reste encore beaucoup à apprendre à l’homme, et considérer les choses comme toutes noires ou blanches serait une entorse à l’idée même de la philosophie, et ralentirait considérablement notre évolution.
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est une forme de croyance.
L'étude de ce sujet présuppose que la science pourrait effectivement avoir le
pouvoir de détruire toutes les croyances, et que par conséquent science et croyance s'opposent.
Mais nous
le savons la philosophie ne s'arrête pas aux évidences.
La science en tant que savoir, peut être une forme
de vérité.
Il convient alors de se demander pourquoi l'homme aurait tendance à se réfugier dans les
croyances, au lieu d'affronter les vérités, et s'il faut préférer la vérité aux croyances ? En ce sens,
la réflexion philosophique s'orientera sur deux axes : la science est-elle une forme de vérité ? Ou
n'est-elle pas, elle aussi une forme de croyance ?
Saint Thomas d'Aquin définit la vérité comme étant « l'adéquation de l'intellect »,
c'est-à-dire la correspondance entre la chose et l'idée que l'on en a.
La philosophie scolastique classe
généralement la vérité dans les termes transcendantaux, parce qu'ils sont au-delà (trans) de ce qui est
(ens), ainsi, ils ne sont pas définissables.
Comme nous le fait remarquer Descartes, l'opinion commune admet
que la vérité est « ce qui n'est pas faux ».
Mais cette définition est purement nominale : elle ne
définit absolument rien.
Pour définir correctement la vérité, il faut cependant partir sur une base,
c'est-à-dire définir ce qui pourrait être vrai ou faux.
Les choses en elles-mêmes ne peuvent être vraies ou
fausses : le soleil ne peut être ni vrai ni faux.
Ce sont les discours que nous tenons sur ces choses qui sont
ou vrais ou faux : si je dis que le soleil brille, on peut considérer cette déclaration comme vraie, si le soleil
brille effectivement.
La vérité serait donc l'action d'attribuer à un sujet un jugement qui exprime comment
le sujet est réellement.
Une proposition est par conséquent vraie quand elle décrit adéquatement la
chose telle qu'elle est.
De plus, selon Leibniz « Il y a deux sortes de vérités : celle des raisonnements et
celle des faits.
Les vérités de raisonnement sont nécessaires et leur opposé est impossible, et celles
des faits sont contingentes et leur opposé est possible. ».
Que veut dire Leibniz ? L'auteur nous dit tout
d'abord que la vérité est plurielle.
Les vérités de raisonnements qui sont nécessaires sont les
vérités qui portent un jugement, par exemple, que la Terre tourne sur elle-même.
Qu'elles soient
nécessaires veut dire qu'elles ne peuvent être autrement.
Dans notre conception des choses, il est.
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