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La politique française et russe de 1920 à 1929 : Histoire

Publié le 01/01/2019

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LES ANCIENS COMBATTANTS. Pour les «Poilus» de la Grande Guerre, le retour à la vie civile n’est guère aisé. Aussi, dans tous les anciens pays belligérants, se regroupent-ils en associations de défense d’intérêts où se perpétuent l’esprit de solidarité et la mémoire des compagnons disparus. Les plus puissantes en France sont l’UNC, et l’ARAC de tendance communiste. Nourris par un profond sentiment d’hostilité à l’égard de la hiérarchie militaire, certains refusent de porter l’uniforme et re- joignent le mouvement pacifiste. Mais d’autres, déçus par un règlement du conflit qui rend vaines les souffrances endurées, rejoignent le lot des mécontents au sein des ligues. En France, les Croix-de-feu, fondées en novembre 1927 par Maurice Hanot, adoptent un discours antiparlementaire. En Allemagne, les membres du Stahlhelm (Casque d’acier), déterminés à obtenir la révision du «diktat» de Versailles, contribuent à déstabiliser la République de Weimar. En Italie, les anciens combattants, après avoir soutenu la tentative de D’Annunzio, se rallient à Mussolini qui, comme Hitler, sait utiliser la mystique du front pour séduire cet électorat.

LA VIE POLITIQUE EN FRANCE. Avatar de l’Union sacrée de la Grande Guerre, le Bloc national élu en 1919 révèle rapidement ses faiblesses. Divisée au sujet de la question sociale et de la laïcité et fragmentée en quatre groupes, la coalition ne produit finalement qu’immobilisme et déception. Elle succombe après la très courte victoire du Cartel des gauches aux élections de 1924. Mais la gauche est tout autant divisée et son expérience du pouvoir est éphémère: la rigueur économique finit  par l’emporter et c’est une fraction des radicaux qui retire son soutien à Édouard Herriot. Aucune alternative à droite n’existe pour autant. Seules l’Union nationale, allant des modérés aux radicaux, et la personnalité de Raymond Poincaré, dont la politique étrangère de 1922 à 1924 et la politique économique entre 1926 et 1928 sont largement approuvées par l’opinion, permettent une relative stabilité politique. Mais la conjonction des centres reste toujours déterminante et il suffit que le parti radical choisisse de nouveau en 1928 l’alliance à gauche pour que cette coalition se rompe, entraînant le retour au pouvoir de la droite.

 

LA NAISSANCE DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS. La scission de la SFIO lors du congrès de Tours, en décembre 1920, et la création du parti communiste qui en résulte marquent une étape décisive dans l’histoire de la gauche française. La question de l’adhésion à la IIIe Internationale constitue le point de rupture pour la SFIO, déjà divisée pendant la Grande Guerre quant à la participation socialiste à la politique d’Union sacrée. La scission est également rendue pos-3sible par une nouvelle génération de militants qui rejoignent le parti socialiste à partir de 1919. Séduits par l’idéal pacifiste et le modèle révolutionnaire russe, ils se prononcent massivement pour la motion Cachin-Frossard. Avec plus de 100 000 adhérents en 1921, le parti communiste est donc le grand vainqueur de la scission. Mais il entre bientôt dans une période de turbulences: conflits de pouvoir et polémiques concernant la ligne idéologique définie par le Komintern provoquent démissions et exclusions, auxquelles s’ajoutent les poursuites engagées par le pouvoir. En 1931, le parti ne comptera plus que 30 000 adhérents.

LA RECONSTRUCTION DU PARTI SOCIA-LISTE. Au lendemain du congrès de Tours, la SFIO fait ses comptes: malgré une représentation parlementaire à peu près maintenue, la perte en militants est lourde. La «vieille maison» doit être rebâtie. Paul Faure est élu secrétaire général, mais Léon Blum, chef du groupe parlementaire, fait figure de chef et réussit à maintenir l’unité du parti, qui demeure fidèle à son programme de 1919: nationalisations, réforme fiscale, défense de la laïcité,  réduction de la durée du service militaire, etc. Aux

 

élections législatives de 1924, la SFIO double le nombre de ses élus et s’engage dans l’aventure ambiguë du Cartel des gauches. S’il permet un réel succès électoral pour les socialistes, le «Cartel d’une minute» avec les radicaux constitue en fait un échec stratégique. La SFIO, qui opte pour le soutien sans participation au ministère Herriot, a perdu son rôle de parti d’opposition sans appartenir pleinement à la majorité gouvernementale. L’expérience, peu viable et qui se heurte à un environnement très défavorable, aboutit au retour au pouvoir de Poincaré en juillet 1926.

 

 

L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION DE STALINE. Aux combats révolutionnaires ont succédé les querelles entre les différentes fractions du parti. Léon Trotski, favorable au renforcement de l’appareil étatique, s’oppose aux partisans de la démocratisation. C’est à Staline que profitent ces divergences. Cumulant les fonctions, il gagne en influence, sans que Lénine, conscient du péril mais trop affaibli, puisse faire front. Justifiée par des querelles idéologiques entre tenants du «socialisme dans Sun seul pays» et défenseurs de la «révolution permanente», une lutte sans merci oppose alors la première troïka (Staline, Kamenev et Zinoviev) et Trotski. Ce dernier, accusé de déviationnisme, est écarté du Politburo. Rejoint par ses anciens détracteurs écartés à leur tour par Staline, Trotski tente de riposter en fondant l’Opposition unifiée. En vain : il est exclu du parti communiste puis expulsé d’Union soviétique. Avec l’aide du parti, qui lui est inféodé, Staline poursuit son ascension en éliminant les «droitistes» conduits par Boukharine qu’il venait pourtant d’utiliser contre ses adversaires. Staline sera bientôt le seul maître.

L’ÉCONOMIE SOVIÉTIQUE. En 1921, les finances publiques sont au plus bas. Les réquisitions ne suffisent plus à nourrir la population. Lénine opte alors pour une réorientation de la politique économique indispensable selon lui au ralliement de la paysannerie. C’est la NEP (Novaïa Ekonomitcheskaïa Politi-ka). Les mesures de libéralisation permettent de relancer la production. Mais cette politique qui rompt avec les préceptes révolutionnaires suscite bien des controverses. Aux partisans de la  planification et de l’essor de l’industrie lourde s’opposent les «droitistes» qui, menés par Boukharine, sont favorables au développement rapide du marché paysan. La NEP devient un enjeu de pouvoir. Ainsi, tout en la défendant contre les «gauchistes», la troïka (Staline, Kamenev, Zinoviev), au pouvoir de 1923 à 1926, tente d’en limiter les tendances libérales. C’est finalement contre les «droitistes», dernier obstacle au pouvoir absolu, que Staline rompt avec la NEP au profit d’une collectivisation brutale et de la mise en œuvre en 1929 du premier plan quinquennal, dont l’objectif prioritaire est l’édification d’une puissante industrie lourde.

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