La politique de 1990 à 1994 : Histoire
Publié le 15/01/2019
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ÉTATS-UNIS : LE RETOUR DES DÉMOCRATES. La situation inédite créée par la fin de la guerre froide et par la dislocation de l’URSS place les Etats-Unis en position de seule superpuissance mondiale. Dans l’euphorie de la chute du communisme, l’administration républicaine entend mettre en place un nouvel ordre international, dont les Etats-Unis seraient les garants. Le succès militaire et diplomatique de la guerre du Golfe apparaît alors comme la première étape dans 1a réalisation de ce nouvel ordre mondial. Mais l’activité diplomatique déployée par George Bush ne peut masquer la faillite de la politique économique ultralibérale face à la récession que traverse le pays. Aussi, Bill Clinton remporte-t-il l’élection présidentielle après avoir privilégié les questions économiques et prôné un certain repliement des États-Unis sur eux-mêmes. C’est pourtant dans le domaine international que, paradoxalement, le nouveau président enregistre ses principaux succès, avec notamment la résolution des crises haïtienne et coréenne, alors même que l’échec de sa politique sociale favorise le retour d’une majorité républicaine au Congrès.
LA FIN DE L’URSS. Confronté aux revendications indépendantistes des Pays baltes et aux troubles dans le Caucase, critiqué par les démocrates qui lui reprochent la lenteur de la perestroïka, Mikhaïl Gorbatchev, de plus en plus affaibli, multiplie les concessions aux conservateurs, très puissants au sein de l’appareil communiste et de l’armée. Mais ces mesures s’avèrent insuffisantes, et Gorbatchev est écarté en août 1991. L’échec de ce coup d’État permet alors l’accélération des réformes (interdiction du Parti communiste, programme de privatisations, indépendance des Républiques), sous l’impulsion de Boris Eltsine, qui a joué un rôle déterminant dans la lutte contre les putschistes. En quelques mois, le communisme disparaît, entraînant dans sa chute l’URSS, qui cède la place à une Communauté des États indépendants sans véritable réalité politique. Cependant, la lutte entre démocrates et conservateurs se poursuit, notamment en Russie, où ultranationalistes et excommunistes forment une alliance, qui échoue dans sa tentative de putsch en octobre 1993, mais conserve un poids politique important en raison d’un climat économique et social tendu.
L’ÉCLATEMENT DE LA YOUGOSLAVIE. Au lendemain de la mort de Tito en 1980, l’aggravation de la récession économique, l’exaspération des nationalismes croate et surtout serbe, et la chute du communisme dans les autres pays d’Europe de l’Est à partir de 1989 contribuent à accélérer la crise de la Fédération yougoslave. Après l’éclatement de la Ligue communiste yougoslave en 1990, le divorce paraît consommé entre les Républiques riches (Slovénie, Croatie) et les autres, notamment la Serbie. La dislocation de la
Yougoslavie s’effectue alors, plongeant la Slovénie — brièvement —, la Croatie, puis la Bosnie, dans un conflit qui fait plus de 100 000 morts et 4 millions de réfugiés. Face à cette guerre, la communauté internationale se montre impuissante à endiguer le déchaînement de violence (« purification ethnique » menée par les milices serbes en Bosnie) et à jeter les bases d’une paix durable, alors que, en raison de la diversité des populations qui composent la plupart des Républiques fédérées (Hongrois de Vojvodine, Albanais du Kosovo, Musulmans du Sandjak, etc.), le conflit menace l’équilibre des Balkans.
L’EUROPE DE L’EST. Passé l’euphorie née de la chute des régimes communistes, la transition vers un modèle démocratique et libéral se révèle plus difficile que prévu dans les pays de l’ex-bloc de l’Est. L’inexpérience de la nouvelle classe politique, la résurgence des thèmes nationalistes qui entraînent un réveil brutal de la question des minorités, notamment en Roumanie et en Slovaquie, témoignent d’une certaine fragilité du processus démocratique. Surtout, la transition vers l’économie de marché, qu’elle soit rapide, comme en Pologne, ou graduelle, comme en Hongrie, s’avère socialement très coûteuse. Dans plusieurs pays, cette situation se traduit par le retour des ex-communistes, convertis en sociaux-démocrates, mais les résultats de cette transformation en profondeur varient selon les États : aux pays d’Europe centrale réunis au sein du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie), candidats à l’entrée dans l’Union européenne, s’opposent les pays d’Europe orientale (Bulgarie, Roumanie, Albanie), encore en proie à des déchirements liés à leur passé et où les réformes économiques sont à peine ébauchées.
L’ALGÉRIE. L’instauration du multipartisme en 1989 profite essentiellement aux islamistes du Front islamique du salut (FIS), qui remportent le premier tour des élections législatives de décembre 1991, face à un FLN qui subit la sanction des électeurs après quelque trente ans de pouvoir sans partage. La crainte d’une victoire du FIS incite alors l’armée à suspendre le processus électoral, à démettre Chadli Bendjedid de ses fonctions et à confier le pouvoir à un Haut Comité d’État présidé par Moham-med Boudiaf. Mais ni le recours à ce dirigeant historique du FLN, ni l’interdiction du FIS, ni l’arrestation de ses principaux chefs de file ne permettent d’enrayer la crise politique, laquelle se double d’une crise économique et sociale. La multiplication des attentats, perpétrés par le Groupe islamique armé (GIA), et la répression aveugle de l’armée plongent l’Algérie dans un climat de quasi-guerre civile, sans que l’opposition démocratique, hostile au pouvoir comme au GIA, parvienne véritablement à s’organiser, et sans qu’un espoir de solution négociée se dessine, malgré la lassitude d’une population prise en otage par les islamistes et les militaires.
L’AFRIQUE. Cessant, au lendemain de la guerre froide, d’être un enjeu entre les deux grands, l’Afrique est marquée par la fin de certains régimes (abolition de l’apartheid en Afrique du Sud), ainsi que par la résolution de quelques grands conflits (accession à l’indépendance de la Namibie et de l’Érythrée, paix au Mozambique). Surtout, la fin de l’antagonisme Est-Ouest contribue à accélérer la démocratisation du continent. Ainsi, nombre de dirigeants se voient contraints de légaliser le multi-partisme, d’organiser des élections, voire de quitter le pouvoir (Bénin, Madagascar, Niger). Toutefois, cette démocratisation connaît certains échecs (Togo, Gabon) et tend, en raison de la crise économique mondiale, à passer au second plan. Enfin, la récession, la réduction de l’aide au développement et les politiques d’ajustement structurel (dévaluation du franc CFA, notamment) favorisent un affaiblissement des États. Ce dernier s’accompagne d’une résurgence des problèmes ethniques, qui freinent parfois la démocratisation, comme au Kenya ou au Zaïre, ou qui dégénèrent en conflit ou en guerre civile, comme au Liberia, en Somalie, au Rwanda et au Burundi.
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