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La poésie de la souffrance

Publié le 29/05/2011

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Les poètes ont une réputation de « maudits » depuis le XIXème siècle, la souffrance est leur source d’inspiration, ils nous parlent de douleur physique et de douleur morale souvent inspirée d’une perte amoureuse. Le désespoir devient leur source d’inspiration essentielle. Nous nous interrogerons sur le sens de la citation de Musset, « les plus désespérés sont les chants les plus beaux. Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots ». En quoi la souffrance peut elle devenir source poétique? Nous analyserons dans le but de faire notre commentaire, la poétique de la souffrance du point de vue romantique, nous verrons en second lieu en quoi la souffrance amène ou peut amener le poète à se dépasser.

 

1 - le contexte romantique

Nous savons que la poésie avait peut de place au XVIIIème siècle, siècle des lumières et des philosophes trop soucieux de leur révolution intellectuelle, contre ce contexte culturel, les romantiques réagissent et en particulier Musset qui estime que la douleur à tous ses degrés et à tous ses niveaux engendre la beauté, la pure beauté poétique; la poésie n’est plus un simple plaisir, une possibilité d’évasion mais bien au contraire l’expression de l’être dans son aspect physique et moral et spécifiquement en tant qu’il est un être de souffrances diverses et multiples, répétées dans le temps et offrant à l’artiste l’occasion de les traduire en vers et de nourrir sa poésie des larmes des hommes.

2 - une source de purification

Nous comprenons dès lors que la souffrance au sens de la source de purification qui trouve son point d’achèvement et d’expression dans la poésie soit la référence obligée à la religion judéo chrétienne du rachat des fautes et d’une expiation par le supplice. La douleur devient l’occasion d’une mission cathartique, il s’agit de remplir une tâche purificatrice, le poète se voit porteur d’une mission divine, il devient purificateur, libérateur de la douleur des hommes, victime expiatoire. Nous retrouvons en outre l’allégorie de la douleur dans l’albatros, poésie dans laquelle Baudelaire identifie le poète à l’oiseau malheureux et souffrant sur cette terre.

 

II - dépassement du  poète par la souffrance

1 - la beauté de la douleur

La beauté de la douleur est qualifiée par Musset dans sa citation par l’expression, « la beauté des purs sanglots » on  peut se poser la question de savoir en quoi la souffrance peut être « belle ». Le poète s’éloigne par son art du sens commun, il n’a plus rien à voir avec le vulgaire, ses expériences ne sont pas communes. Il doit apprivoiser ses multiples douleurs et les exprimer dans un langage nouveau aux yeux de l’humanité, la douleur devient le moyen de se dépasser pour l’artiste. Nous pouvons à cet égard Hugo qui à la mort de sa fille Léopoldine nous écrit de merveilleux vers dans « demain dès l’aube ». A sa rupture avec George Sand, Musset écrivit de même la « nuit de mai », son désespoir fut donc une incroyable source d’inspiration.

2 - une intériorité affective profonde

L’amour est la source privilégiée des artistes en général, les sentiments intérieurs sont profonds et d’autant plus aiguisés chez les poètes et toute profondeur est douloureuse, l’artiste se dévoile comme un être sensible et angoissé, nous retrouvons cet état d’esprit chez Baudelaire, il souffre du fait de ses différences avec les hommes, le sens commun, il se montre en désaccord avec le monde. Il est tel l’albatros, inadapté dans un monde dans lequel il ne se reconnait pas et son mal être devient de ce fait source d’inspiration. Nous voyons par conséquent que la douleur que le poète appelle le spleen devient aussi l’occasion d’un dépassement, sans elle il n’y aurait sans doute pas de poésies si complexes si émouvantes et si sensibles. Souvent en proie aux angoisses métaphysiques, nous trouvons dans certaines poésies de poignantes traductions de malaises existentiels chez Baudelaire en particulier qui sa vie durant à tenté de trouver un équilibre entre le spleen et l’idéal, ce sentiment d’étrangeté et d’éloignement se retrouve dans toutes les fleurs du mal, nous pouvons citer le « voyage ».

 

Conclusion

Nous reconnaissons donc avec le poète Musset que « les chants désespérés sont les plus beaux » et accordons à la poésie en général une mission purificatrice, expiatoire, cathartique que seul le poète peut remplir du fait de sa grande sensibilité et de son intériorité affective profonde. Cependant il nous faut admettre également que cette citation a ses propres limites car trop de douleur peut aussi tuer la création artistique. D ‘autres sources d’inspiration peuvent convenir à la création poétique comme l’amour non déchu, le patriotisme, l’amitié, le combat engagé etc. par conséquent ce qu’il faut mettre en avant est non pas la source d’inspiration mais plus le travail autour de la source d’inspiration car ainsi que nous l’avons déjà dit au préalable, la douleur non sublimée n’est plus source de dépassement, trop de lamentations peuvent tuer la création et l’envolée lyrique.

 

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