La place d'athena dans l'odyssée
Publié le 27/02/2008
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La place de la déesse Athéna dans l'Odyssée d'Homère Athéna, déesse olympienne, est la fille de Zeus et de Métis, déesse de la raison et de la prudence, elle reste une des déesses phares de la mythologie. Elle est réputée pour son intelligence et pour sa naissance des plus étrange, en effet, selon les récits mythologiques elle serait née adulte et intellectuellement formée en émergeant de la tête de son père. Aussi reconnue comme étant la déesse de la guerre sous sa forme la plus stratégique, c’est elle, qui d’après la mythologie grecque, inspire l’intelligence aux hommes. Protectrice de la cité d’Athènes, elle fait partie des déesses les plus reconnues. De ce fait, il s’avère plus que naturel de la rencontrer tout au long de l’Odyssée d’Homère. Cependant, il parait légitime de s’interroger sur la place qu’occupe le personnage d’Athéna dans les chants V à XIII. Apparaissant dans un premier temps comme un personnage secondaire, il semble pourtant que l’Etincelante Athéna apparait comme un adjuvant indispensable pour le bon déroulement du récit. En premier lieu, tout laisse à penser qu’Athéna n’apparaisse seulement en temps que personnage secondaire dans les chants V à XIII. En effets, le récit s’ouvre sur l’assemblée des Dieux de l’Olympe, il semble, qu’après délibération, les Dieux aient décidé de laisser repartir Ulysse qui depuis de nombreuses années était prisonnier de la Déesse Calypso. Cependant, une close fut ajoutée au contrat ; « Ulysse rentrera, mais il rentrera sans escorte ni d’immortel, ni de mortel « (v.31, 32 chant V) ce qui laisse à penser que l’action d’Athéna sera réduite, si ce n’est absente le long des huit autres chants. C’est ce que croira Ulysse durant ses péripéties, car bien qu’Athéna soit présente, elle ne lui est jamais apparue tout entière. A chaque fois, la déesse de la ruse prenait soin de cacher son identité, de ce fait, Ulysse a toujours eu l’impression de combattre seul le destin. Pour le héros, Athéna n’apparait qu’au chant XIII du récit, avant cela elle est totalement absente. Et même lorsqu’elle apparait à la princesse Nausicaa, la fille d’Alcinoos, c’est sous forme de rêve. Ainsi, on peut considérer qu’Athéna détient une place secondaire dans le récit. De plus, elle n’intervient jamais directement dans chaque intervention, elle fait en sorte d’influencer le destin, elle guide Ulysse grâce à sa ruse mais ne participe pas entièrement à sa défense. Ulysse reste seul tout le long du récit, il est libre de ses actions. Il en est de même pour Télémaque, au chant XII elle confie à Ulysse qu’il ne doit pas s’inquiéter pour son fils, car « c’est [elle] qui l’ [a] guidé pour qu’il acquière bon renom « (v.421). Malgré cela, Ulysse lui reproche son absence, son invisibilité au vers 318 « je ne te revis plus, fille de Zeus, ni ne sentis ta présence à mon bord pour me défendre du malheur «. Aux yeux d’Ulysse, Athéna ne fut jamais présente, il a dû se débrouiller seul, contrairement à la guerre de Troie, où elle fut présente à chaque instant; « Autrefois tu m’as été propice quand nous luttions sous Troie «. Mais l’on peut tirer une morale de l’imperceptibilité d’Athéna ; l’absence d’intervention divine directe montre que c’est au motel de défendre sa vie, d’évoluer seul face au destin pour pouvoir se former, et tout cela, sans intervention surnaturelle. Athéna permettrait donc, par son invisibilité, l’évolution des personnages, qui, si croyant seuls doivent compter uniquement sur leur propre force. Dans l’odyssée, même si la destinée d’Ulysse est toujours entre les mains des dieux, l’intérêt est centré sur le courage et sur les ruses de « l’inventif «. Les dieux ne semblent donc avoir qu’une place secondaire. Mais il ne faut pas perdre de vue que la place d’un personnage dépend du rôle qu'il occupe par rapport aux autres personnages. La déesse Pallas Athéna apparait tout au long du voyage d’Ulysse. Elle endosse très clairement le rôle d’adjuvant envers les différents personnages du récit, mettant au service des héros ses pouvoirs divins. Outre les nombreuses métaphores qu’elle accomplit (pour elle-même ou pour un de ses protégés), elle commet toutes sortes d’action qui permettra d’influencer le destin des personnages. Entre autres, elle fera en sorte que les vents s’arrêtent pendant la tempête du chant V, où, encore, elle insufflera à des personnages qui lui serviront d’intermédiaire l’idée d’accomplir certaines actions ; on pense Alors à la princesse Nausicaa, qui grâce au songe transmit par Athéna, se rendra au bord de la rivière pour y rencontrer Ulysse. L’aide d’Athéna passe aussi par un contact plus humain avec Ulysse, au chant XII elle apparait sous les traits d’un jeune enfant pour le conduire et le conseiller au pays des Phéaciens, elle le fera aussi paraitre plus fort, tel un dieu pour qu’il soit aimé de tous . Mais là où Ulysse intervient le plus, c’est auprès d’Ulysse. En effet, Athéna semble être la déesse tutélaire du héros, tout au long des neuf chants, elle lui prouve sa sollicitude. Elle apparait comme une marraine, idée renforcée par le vers 428 du chant XII « Athéna lui donna un coup de baguette « pour le métamorphoser en vieillard. Avec Athéna, Ulysse entretient une relation privilégiée ; celle-ci intervient pour le défendre auprès des dieux (au chant V ), l’aide sans se manifester directement en suscitant le rêve de Nausicaa ou en transfigurant son protégé, le protégeant d’autrui. Et si Ulysse remplit l’½uvre de sa présence, car même dans les chants dont il n’est pas l’acteur il est la préoccupation des hommes et des dieux qui délibèrent à son sujet (chant V), Athéna n’est pas très loin de posséder le même statut. En effet, si l’on observe minutieusement chaque chant, Athéna est présente ou citée dans tous. Elle se qualifie elle-même plus tard auprès d’Ulysse comme « celle qui t’assista dans chacune de tes épreuves / celle qui t’a gagné le c½ur de tous les Phéaciens ! «. Et même dans les récits d’Ulysse, qui lui ne perçoit pas sa présence, on peut deviner la déesse. Ainsi, lorsque « l’inventif « se trouve chez Polyphème, on peut imaginer à travers ses ruses l’intervention de la déesse. Pour les Grecs les dieux sont partout, dans les forces de la nature, dans la vie quotidienne, et les mortels les invoquent avant chaque grande entreprise. La vie des mortels ne peut donc pas être distincte des immortels. Athéna devient alors véritable moteur de l’aventure, si l on considère que c’est d’elle qu’Ulysse tient son génie et sa ruse. Les « mille tours « dont le héros use ne sont jouables que grâce à la ruse qui lui vient d’Athéna. Une certaine harmonie règne entre le héros et la déesse. Elle trouve son apogée au chant XII, lorsqu’Athéna se dévoile enfin à Ulysse sur la plage d’Ithaque. On souligne alors le fait que les deux personnages ont un lien de nature identique : leur ruse et intelligence. La déesse insiste sur cette proximité «nous sommes toi et moi des astucieux « ce qui met les deux personnages au même rang. Ulysse et Athéna ne semblent former qu’un seul et même personnage, c’est en ce sens qu’Athéna apparait comme un personnage clef du récit, la place qui lui est attribuée devient aussi importante que le héros, car sans elle, rien n’est possible. L’action des hommes est donc motivée par l’influence des dieux. Athéna n’intervient pas uniquement pour Ulysse, en effet, on apprend qu’Athéna est aussi à l’origine des talents des femmes Phéaciennes ; « Athéna leur a donné l’art des très beaux ouvrages et la noblesse des pensées « (v.110 chant VII). De plus, on sait qu’Athéna intervient aussi après de Télémaque, en l’aidant dans sa quête et en le protégeant. Ainsi la déesse semble être sur tous les fronts. Elle guide le destin de chacun avec discrétion, car, on l’apprend plus tard, elle craint son oncle ; Poséidon : « elle craignait l’oncle qui poursuivit sans cesse de sa haine l’égal des dieux, jusqu’il fût au pays. « (V. 330 chant VI). Ce qui explique son imperceptibilité aux yeux des hommes, elle a peur des représailles des dieux, autant pour elle que pour ses protégés, en effet, elle n’est pas censée intervenir, de ce fait, elle est obligée d’agir secrètement, d’où l’impression d’Ulysse d’avoir été abandonné. Bien qu’Athéna reste dans l’ombre, ses actes tous bénéfiques semblent établir un certain équilibre dans le récit. En contrant le malheur des personnages, elle rétablit un certain ordre. Elle bénéficie d’une certaine symbiose avec Ulysse, avec qui elle partage de nombreux traits de caractère ; partageant sa ruse et son intelligence ainsi que sa « passion pour le mensonge et les fourbes discours « (chant XII). Permettant à chacun d’accomplir sa destinée, apportant sa protection et son réconfort à tous, elle apparait comme la « bonne fée « de l’histoire, occupant ainsi la place d’adjuvant privilégié. De plus, à travers la complicité étroite qui s’est tissée entre « l’Etincelante « et le héros, Athéna apparait comme un personnage indispensable, sans lequel, le cours de l’histoire serait modifié. Sans ses interventions, Ulysse aurait très certainement péri, et n’aurait pu revenir chez les siens. De plus, au niveau rédactionnel de l’½uvre, le personnage d’Athéna permet d’expliquer la bonne continuité du récit, elle donne un sens à certaines actions (la rencontre entre Nausicaa et Ulysse, ou le fait que personne ne reconnaisse Ulysse lors de son retour à Ithaque, etc.) De ce fait, Athéna occupe sous tous les angles une place primordiale dans les chants V à XII de l’odyssée.
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