La Peste, L'Épilogue
Publié le 24/09/2010
Extrait du document
On vient d’apprendre que Rieux était le narrateur. La scène se situe en ville (similaire à la première page du roman), avec une situation particulière du narrateur, parce qu’il est en recul par rapport à la foule. Il s’est mis en hauteur donc il domine la situation et c’est pour cela qu’il peut réfléchir.
Il y a une très nette opposition entre le bruit de la foule et le silence du narrateur. D’une part la vision d’une foule en liesse et d’autre part la solitude du personnage.
Celle de Rieux tout au long de sa lutte.
Cette solitude lui permet néanmoins de méditer.
C’est la fin de la peste, Tarrou étant la dernière victime.
La réouverture des portes annonce la libération, la joie est présente partout dans la ville.
Rieux annonce qu’il est l’auteur de cette chronique. Il retourne chez le vieil asthmatique. De là il tire les leçons de ce qu’il vient de vivre, qui permet le titre de l’œuvre : La peste.
La scène se déroule à l’écart, le soir, moment de recueillement. Rieux apparaît à l’écart à cause de son deuil mais aussi parce qu’il préfère se livrer à ses pensées. Le texte soouligne cette situation.
L’utilisation de « il «, « docteur Rieux « ou « Rieux « l’oppose à « la ville «, « la foule «. Le personnage fait figure de penseur, de sage, mais aussi la figure de l’écrivain qu’incarne Rieux à ce moment là. Pour autant, sa position de distance est dénuée de condescendance, de mépris.
En effet, le médecin veut comprendre ses semblables et ne s’exclue pas de leur communauté.
On a l’impression que l’élévation de joie fait écho à l’élévation physique et morale de Rieux.
La réflexion du personnage est donc une méditation ; le médecin analyse la portée de l’expérience vécue par la ville.
Le ton du texte est différent que précédemment. L’écriture est plus amples, les longues phrases correspondent à une période (= très longue phrase construite, style oratoire). « Au milieu (…) choses à mépriser « : traduction de l’élan du personnage à témoigner pour ses semblables.
Dans ce texte, rieux tire leçons de l’expérience qu’il vient de vivre mais on passe du particulier au général, comme une leçon de morale (terme générique « l’homme «).
Il reprend la formule du vieil asthmatique : « les hommes étaient toujours les mêmes « mais lui donne un sens plus profond et annonce que le livre est à caractère didactique « savoir « « apprendre «.
La morale est formulée à partir de l’idée selon laquelle l’homme doit être plus admiré que méprisé. Rieux exprime sa foi en l’homme même si il a conscience de certains défauts mais il cherche à tout prix à valoriser l’homme. La valeur de l’homme réside dans sa lutte contre le mal et dans l’accomplissement « humble « de sa tâche face à l’adversité. Ici la figure du médecin est positive et incarne une forme de résistance.
Pas question de faire apparaître l’héroïsme chez l’homme mais de reconnaître à leur juste valeur les individus qui ne se résignent pas, qui n’admettent pas les fléaux.
La morale de Rieux est développée dans un essai, L’homme révolté, publié en 1951, est déjà développée ici. Les morales de Rieux et de Camus consistent en l’humanisme humble, c'est-à-dire qu’ils sont conscients des limites de l’homme.
Entre L’étranger et La peste, la vision de Camus a évolué. Révolte intérieure révolte extérieure, dans la communauté.
De plus, il apparaît clairement que la peste a une référence plus large que simple épidémie (pestiférés, fléaux) ; en effet, la peste rassemble ici toute forme de mal qui est fait à l’homme.
La maladie qui s’abat sur Oran est, en fait, pour Camus la seconde guerre mondiale. Dans une lettre à Barthe il écrit « la lutte de la résistance européenne conte le nazisme «. Il est évident que l’ouverture des portes et les fêtes symbolisent la libération de la France.
« Ceux qui se taisent « représente la condamnation des français qui ont accepté le régime de Vichy et qui ne résistent pas à l’occupation Allemande.
De plus, le narrateur énonce la prophétie inquiétante qui contraste avec l’allégresse. « Le mal attend dans les chambres et les mouchoirs « annonce le retour périodique des fléaux qui condamnent l’homme à la lutte incessante et au malheur. Le narrateur indique bien que la victoire n’est que provisoire et qu’il faut être prêt à tout recommencer. De plus, la fin du roman effectue une boucle et ramène au début.
On retrouve cette façon de penser dans Le mythe de Sisyphe. Sisyphe est le fils d’Eole, fondateur de la ville de Corinthe. Sisyphe est le plus astucieux des hommes : navigation et commerce, mais il est avare est trompeur et tue les voyageurs. Il est connu pour s’être montré très malin à l’égard de Thanatos. Il avait dit à sa femme de ne pas l’enterrer concevablement. Quand il rencontre Hadès, dieu de l’enfer, il arrive à le convaincre de le laisser revenir sur Terre pour régler ce problème. C’est une métaphore de la vie : Sisyphe est puni et forcé à effectuer un travail inutile et vain.
Camus pense, lui qu’il faut présenter un Sisyphe heureux dans l’accomplissement de sa tâche et non dans la signification de cette tâche. Ce raisonnement est fondé à partir d’autres traités philosophiques et de Kafka.
Le bonheur est pour Camus de vivre sa vie en étant conscient de son absurdité. Camus distingue trois catégories d’individus : le héros absurde, suicidaire, et le croyant.
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