La percée européenne, après compromis
Publié le 22/02/2012
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Le traité réserve aux décisions à la majorité qualifiée un champ pour l'instant fort modeste et risque d'engendrer des débats quiporteront sur la procédure plutôt que sur le sujet à traiter.
Les Français, pour leur part, semblent espérer que l'appétit viendra en mangeant, qu'une Communauté de plus en plus sollicitéedans une Europe en plein bouleversement sera entraînée à mettre en oeuvre, avec davantage d'audace, ces " actions communes "que prévoit le nouveau traité.
La frilosité britannique s'évanouirait donc à l'épreuve des faits.
De la même façon, leur lecture destextes approuvés sur la défense les conduit à penser que l'Union de l'Europe occidentale ( UEO), bras armé de la Communauté,sera de plus en plus placée sous l'influence de cette dernière et de ses institutions.
Le parti pris de réalisme dont ont fait preuve l'Allemagne et la France, s'il a trouvé de multiples points d'application tout au longdu conseil européen, s'est manifesté de façon particulièrement spectaculaire à propos de la politique sociale.
Certes, John Majoravait annoncé la couleur.
Le Royaume-Uni, qui s'est libéré grâce à Margaret Thatcher de la férule des syndicats-que ne l'a-t-onentendu !-, répugne à l'idée de souscrire à des directives européennes rédigées à Bruxelles et dont le principal effet, disent lesAnglais, serait de provoquer une augmentation des charges de leurs entreprises.
Les efforts presque pathétiques entrepris par la présidence néerlandaise pour réduire la portée du texte soumis aux Douze et,par là même, le danger qu'il pouvait représenter vu de Londres, ne furent d'aucun effet.
Un " socle social minimum "
Ce " socle social minimum " qui effraie Londres, les autres Etats membres s'en doteront à onze.
Ils mettront en oeuvreensemble, sans les Anglais, mais en appliquant les règles communautaires, y compris parfois celle de la majorité qualifiée, leprogramme décrit dans le projet de traité présenté par la présidence néerlandaise.
La charte européenne des droits sociaux fondamentaux avait déjà été approuvée à onze sans le Royaume-Uni.
C'est encore àonze qu'elle va trouver désormais un début d'application.
On verra cependant comment le Parlement européen et éventuellementla Cour de justice de Luxembourg réagiront devant une semblable aberration.
PHILIPPE LEMAITRE Le Monde du 12 décembre 1991.
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