La notion d'espace est-elle innée ?

Nous avons une représentation immédiate de l'espace de notre expérience quotidienne comme milieu homogène, isotrope, infini, continu et à trois dimensions. Le spatium, en latin, désigne le lieu familier du stade ou du champ de course et se définit par une certaine étendue ou une certaine distance mesurables. Etymologiquement, la perception (perceptio) est l'action de recueillir; de rassembler, de ™: La perception est une action d'unification et de synthèse de la diversité du réel et des sensations que nous en avons. La conception de l'espace dépend étroitement de la Weltanschauung (représentation préalable du monde) des théories scientifiques qui ont considérablement évolué dans l'histoire. Pour Aristote, il existe un "haut" et un "bas" absolus, c'est-à-dire indépendants de notre perception et de ses relations. Dans l'hypothèse du géocentrisme, une telle notion de l'espace et de ses coordonnées était inévitable. Descartes définit l'espace comme étendue, substance radicalement distincte de la substance pensante, et qui se confond avec les corps qui s'y situent. L'essence de l'espace serait l'étendue géométrique, une idée innée. Kant établira que la notion d'espace n'est pas empirique, mais a priori. Antérieur à toute expérience possible, l'espace en est la condition de possibilité. La perception construit le matériau brut de la sensation pour le rendre conscient, mais donne une certaine représentation de l'espace vécu comme un complexe ou un tout indécomposable, dont mon corps est le centre référentiel. Antérieure au jugement, elle exprime la situation immédiate de mon corps en rapport aux autres et à un environnement matériel sur lequel je peux agir. Percevoir, c'est saisir des formes qui correspondent à mes tendances vitales.