La nation française pour le pacifisme
Publié le 22/02/2012
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Plus résigné que résolus
Ainsi aux divisions anciennes et nombreuses des Français s'en était ajoutée une autre, entre les partisans d'une politique defermeté et ceux qui voulaient conserver la paix à tout prix.
Une ligne de clivage partageait le gouvernement, les partis politiques(les modérés Reynaud et Flandrin : les radiaux Daladier et Bonnet : les socialistes Blum et Faure), les syndicalistes (Jouhaux etBelin), les familles spirituelles, les familles tout court, sinon chaque Français dans le secret de sa conscience.
Cette division étaitparalysante pour des dirigeants politiques qui, en face d'une Allemagne apparemment unie et résolue, devaient regrouper la nationfrançaise pour pouvoir adopter un comportement efficace, en septembre 1939, les dirigeants français savent que la France devra,durant un temps indéterminé, se battre seule, alors que pour la première fois depuis Charles Quint, elle est menacée sur toutes sesfrontières terrestres.
Aucune réelle coopération n'est possible avec la Pologne, dont le pacte germano-soviétique rend larésistance aléatoire; La neutralité de la Belgique interdit toute manoeuvre d'envergure.
Bien que les liens aient été resserrés avecla Grande-Bretagne, les deux alliés ne se sont dotés ni d'un commandement en chef ni d'un état-major.
Quarante millions de Français vont donc affronter quasiment seuls quatre-vingts millions d'Allemands et peut-être quarantemillions d'Italiens.
Si un certain équilibre existe pour les armes classiques, et s'établit peu à peu pour les chars, par contre leschasseurs de la Luftwaffe conservent une supériorité certaine, et l'infériorité de l'aviation de bombardement française, même avecun appui partiel de la Royal Air Force, est à proprement parler catastrophique.
Disparité des forces
Les gouvernants français connaissent cette disproportion des forces mais ils ont décidé de soutenir la Pologne.
Certes, laFrance honore ainsi ses engagements-pour la première fois depuis l'avènement de Hitler.
Mais surtout, deux argumentspéremptoires ont dicté la décision : agir autrement reviendrait à se séparer de l'Angleterre, et rien n'empêcherait Hitler de seretourner contre la France isolée avec des forces accrues, une fois la Pologne vaincue.
Ce faisant, les dirigeants français ont agi plus contraints que volontaires, plus résignés que résolus.
Jusqu'à la dernière minute ilont essayé de sauver la paix.
Sollicitant de la chambres des députés des crédits exceptionnels qui n'avaient pas d'autre sens quel'imminence du conflit, Daladier le 2 septembre, prononça le mot " paix " trois fois plus souvent que le mot " guerre ", et lacomparaison avec le discours de Viviani, en août 1914, est édifiante sur le degré français de combativité.
Le gouvernement, pourne pas créer l'irréparable, n'osa pas demander au Parlement le vote d'une déclaration de guerre.
Le 3 septembre 1939, en adressant un ultimatum à l'Allemagne, la France mettait un terme à une période d'abdication quin'avait fait qu'accélérer et grossir les exigences hitlériennes.
Les dirigeants français montraient enfin qu'ils avaient pris consciencede la gravité de l'entreprise hitlérienne de conquête, d'asservissement et d'extermination, et qu'ils refusaient de la laisser sedévelopper.
HENRI MICHEL Le Monde du 29 août 1979.
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