La mise en scène au théâtre

Tout d’abord, qu’est-ce que la mise en scène ? La mise en scène est selon la définition d’André Antoine l’art de dresser sur les planches l'action et les personnages imaginés par l’auteur dramatique. C’est donc  le travail qui consiste à proposer une lecture particulière et personnelle d’une pièce de théâtre. La personne qui dirige la mise en scène s’appelle le metteur en scène. Il va selon son idée et sa vision de la pièce mettre en place le jeu des acteurs, les décors, les costumes…  etc.  I. Naissance de la mise en scène André Antoine est un acteur, metteur en scène, directeur de théâtre et réalisateur français, né le 31 janvier 1858 à Limoges et mort le 19 octobre 1943 au Pouliguen en Loire Atlantique. Il fut candidat au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de paris. Il devint ensuite comédien dans une troupe amateur, puis fonde dans l'ancienne Comédie parisienne, le Théâtre-Libre en 1887. Le théâtre-libre est un mouvement théâtral novateur visant à ouvrir la scène à de jeunes auteurs, à un style de mise en scène et de jeu d'acteurs en rupture avec le théâtre de boulevard. Le courant théâtral s'ouvre aux écrivains du courant naturaliste français, mais aussi aux auteurs dramatiques scandinaves. Sur son modèle, des théâtres libres se créent à Londres, à Munich et à Berlin. Proche d'Émile Zola, il prône un théâtre populaire et social, appliquant les principes du naturalisme à l'art dramatique et la mise en scène. Il va ensuite monter des pièces ou des adaptations de romans de Zola, Daudet, Balzac. André Antoine Dans ses mises en scène, les comédiens doivent vivre leurs personnages. Il insiste sur l'importance de la gestuelle et libère le jeu d'acteur des conventions du théâtre. Il veut donner au spectateur l’impression d’assister à une scène dans un vrai lieu et non dans une salle. Pour cela, il s’appuie sur les costumes, les décors et les objets qu’il réalise jusque dans les moindres détails. Il s’inspire des principes du naturalisme en donnant de l’importance aux décors. De plus, il collabore souvent avec des comédiens non professionnels car les professionnels sont souvent trop attachés aux formules de l’ancien théâtre. Par exemple, dans la pièce Les Bouchers en 1888, il utilise de vrai morceau de viande. Ce qui a par ailleurs fait un scandale. Il installe l’électricité pour faire des jeux de lumière inédits. André Antoine répand alors, la notion de « metteur en scène ». Les metteurs en scène existaient depuis longtemps, nous l’avons bien vu avec Molière, cependant il ne se considérait pas comme telle. La fonction de metteur en scène n’était pas un métier à part entière, c’était souvent un comédien qui faisait le travail de réalisateur. André Antoine reprendra de grandes œuvres telles que Roméo et Juliette de Shakespeare, le Cid de Corneille, Tartuffe de Molière dans son théâtre appelé le théâtre Antoine. En sept ans, il monte 364 pièces, ce qui veut dire une par semaine environ. Il dominera la scène française jusqu’à la réaction de l’anti-naturalisme de Jacques Copeau. Le théâtre Antoine II. Le metteur en scène, membre indispensable Au XIX ème siècle, le metteur en scène existe déjà. Cependant, la notion de metteur en scène n’est pas encore connue. C’est pourquoi cet homme, qui dirige déjà beaucoup de chose sur les planches est appelé «  maitre du plateau ». Le metteur en scène est responsable de la réussite de la représentation. Comme nous l’avons vu précédemment, il s’occupe du jeu des acteurs, des décors, de l’éclairage, de la musique, des bruitages, des costumes, du maquillage et des accessoires. C’est pourquoi, il doit connaitre le contexte historique de l’œuvre de manière approfondie et ne jamais perdre de vue l’aspect technique de la pièce jouée. Cela implique bien sur, une aptitude à donner des ordres pertinents à tous le monde, aux comédiens et aussi aux techniciens. Il faut qu’il dirige correctement, à la manière d’un chef d’orchestre, les comédiens pour les conduire là où il souhaite les amener. Le metteur en scène est un peu le « papa » de la grande famille des comédiens. Il est aussi celui que l’on ne voit pas mais pourtant il aussi celui dont on ne pourrait se passer car pour la réussite du spectacle, son rôle est essentiel. Un des rôles essentiels du metteur en scène: le choix et la direction des acteurs. Concernant le choix des acteurs, il a deux alternatives : soit il organise un casting, soit il pioche dans ses contacts et travaille avec une troupe qu’il connait. Il choisit ensuite le comédien en fonction du visage, de la voix, de la personnalité qu’il envisage pour le rôle à interpréter. Une fois les rôles distribués, il fait un travail de lecture avec les comédiens. Munis de crayons, le metteur en scène et les comédiens font une première lecture très rapide. Il y a déjà des indications accompagnant le texte, mais celles-ci évolueront et seront enrichies avec le temps. Le metteur en scène travaille avec un matériau vivant : le comédien, qui vient avec ses émotions, son vécu. Il peut alors y avoir un décalage entre ce qu’il veut et ce que le comédien lui donne. En bon coach, il doit pouvoir recadrer son comédien ou faire des compromis. C’est un vrai travail de collaboration. Le travail du metteur en scène n’est jamais figé, il évolue avec le temps, parce que la pièce est jouée dans une autre salle ou parce que le jeu des acteurs change. Il est difficile de devenir metteur en scène de théâtre reconnu, ce n’est pas aussi facile qu’au cinéma. Au théâtre, le metteur en scène n’a que les spectateurs qui seront ses références. Il faut faire preuve de réelles capacités et trouves quelques spectacles à pouvoir monter avant d’arriver à un succès. C’est pour ça qu’il faut vraiment persévérer et être passionné, lire beaucoup de pièces et se rendre le plus souvent possible au théâtre. III. Mettre en scène Lorsque l’on met en scène une pièce, on choisi l’idée principale que l’on veut faire ressortir du texte et comment on veut la présenter. Même si le metteur en scène s’inspire d’autre mise en scène, sa pièce ne ressemblera à aucune autre, car chacun a des idées différentes. Lors de la représentation, le décor et la mise en scène sont primordiaux ; ils vont déjà donner une idée au spectateur de la vision du metteur en scène (par exemple : si celui-ci a voulu faire plus ressortir le détail…). De plus ils sont importants pour comprendre la pièce et apporter une certaine finesse en la rendant plus concrète. Sans eux un texte peut-être mal interprété. Finalement, différentes mises en scènes peuvent mener à différentes interprétations d’un même texte. Et en plus d’aider à la compréhension d’une pièce, la mise en scène permet d’explorer une nouvelle dimension que le texte ne peut explorer. Les études montrent que 80% de la communication se fait visuellement par les gestes et les yeux. Or lors de la lecture, on ne peut s’imaginer les évènements qui nous sont décrits, donc le décor et les jeux des personnages concrétise une scène et lui donne plus de finesse. De plus, lors de la lecture de la pièce, des petits détails qui rendent la pièce plus réelle peuvent être mal compris ou même inaperçu.   IV. Comparaison avec plusieurs mise en scène D’un metteur en scène à l’autre, la mise en scène n’est pas la même. Par exemple pour l’Acte 1, scène 1 de Dom Juan, nous avons vue deux mises en scène différentes. Le texte est le même partout mais plusieurs choses changes : Dans la 1ère mise en scène, il y a des jeux de farces entre Sganarelle et Gusman, ils sont complices. Alors que dans la mise en scène 2, Sganarelle contrôle le débat et il n’y a pas de jeux de farces, les personnages sont sérieux et parlent vite. Mais pour les deux, On remarque bien un découpage entre l’éloge du tabac et la présentation de Dom Juan. Dans la 1ère mise en scène, l’éloge du tabac se fait avant le levé du rideau, puis la présentation de Dom Juan se fait sur scène. Dans la mise en scène 2, L’éloge du tabac se fait à l’extérieur, et la présentation de Dom Juan se fait dans le château.