La mimèsis didactique chez Diderot
Publié le 03/06/2013
Extrait du document


«
racontent des anecdotes ou bien entre le narrateur et son narrataire, associables à Diderot lui-même et au
lecteur du roman : « Les voilà remontés sur leurs bêtes et poursuivant leur chemin.
— Et où allaient-ils?
— Voilà la seconde fois que vous me faites cette question, et la seconde fois que je vous réponds :
Qu'est-ce que cela vous fait[4]? ».
La mimèsis atteint ainsi un degré éminent puisque la narration passe
obligatoirement par le discours direct, elle en est dépendante, tout le récit est montré plutôt que narré.
Le
dialogue possède un important caractère didactique qui est absent de la narration traditionnelle, et ce,
principalement lorsqu'elle réunit deux entités antinomiques, comme un maître et son valet : « Déjà Platon dans
sa République considère les vertus de la mimèsis pour l'enseignement d'une idéologie [...].
L'argumentation
fictive qui découle de l'opposition des locuteurs paraît justifier parfaitement la théorie de l'auteur[5]. » Dans
cette optique, Diderot s'inspire de la méthode platonicienne pour instruire son lecteur, pour lui révéler sa thèse
à travers leurs échanges ainsi que ceux du maître et de Jacques.
Aussi Jacques explique-t-il à son maître les
bien-fondés de sa doctrine « fataliste » - aujourd'hui associée plus justement au déterminisme :
Jacques : [...] Tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas est écrit là-haut.
[...] Le maître : Je rêve à une
chose : c'est si ton bienfaiteur eût été cocu parce qu'il était écrit là-haut; ou si cela était écrit là-haut parce que
tu ferais cocu ton bienfaiteur? Jacques : Tous les deux étaient écrits l'un à côté de l'autre[6].
Jacques tire profit des discussions qu'il a avec son maître pour lui inculquer son idéologie, pour l'éduquer, et
par extension enseigner cette doctrine au lecteur, au narrataire du roman.
Ainsi, la mimèsis sert une fonction
didactique en instruisant sur le contenu du récit, sur l'un des thèmes principaux du roman, soit le
déterminisme.
L'abondance de la mimèsis éclaire un autre aspect relatif à cette utilité éducative, beaucoup plus
implicite toutefois.
En accordant une telle importance au discours direct, le narrateur s'efforce de se défaire de
la structure romanesque traditionnelle qu'il critique sévèrement : « Diderot est mené par un puissant désir de
réformer le roman, désir étroitement lié à sa soif de vraisemblance et au vent de renouveau qui parcoure la
France[7] ».
Le narrateur de Jacques le Fataliste exprime d'ailleurs cette idée à de nombreuses occasions :
« [...] je vois seulement qu'avec un peu de style et d'imagination, rien n'est plus aisé que de filer un roman.
Demeurons dans le vrai[8] [...] ».
La mimèsis, contre-pied des procédés diégétiques conventionnels, est donc.
»
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