Introduction : En 2008, la communauté urbaine de Lille Métropole a décidé de s'associer à deux agglomérations belges pour former le vaste Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai de 2 million d'habitants. Ce choix n'est pas un cas à part (Genève-Annemasse), il illustre le processus de métropolisation qui fait passer les villes françaises d'un système construit aux échelles régionale et nationale, à un autre en train de se structurer aux échelles européenne et mondiale. La métropolisation se caractérise par la concentration de la population, des activités de décision et des richesses dans les plus grandes villes. Comment la métropolisation, qui est la traduction urbaine de la mondialisation, se manifeste-t-elle en France ? Nous partirons de l'analyse du renforcement du poids démographique et décisionnel des plus grandes villes en France, ce qui nous permettra d'étudier les effets de la métropolisation d'une part sur le réseau urbain français et d'autre part sur l'organisation des aires urbaines. I- Le renforcement démographique et décisionnel des plus grandes villes en France La concentration de la population et des fonctions métropolitaines se renforce non seulement à Paris mais aussi dans les plus grandes villes de province. A) Les zones urbaines : fortes concentrations de la population... Les douze plus grandes aires urbaines concentrent à elles seules près de la moitié de la population des aires urbaines. Les métropoles régionales attirent toutes de nouveaux habitants. L'aire urbaine de Toulouse est emblématique de cette polarisation métropolitaine, avec 20 000 habitants de plus par an originaires de nombreuses villes françaises et un poids de 1,1 million d'habitants, soit 40% de la population de Midi-Pyrénées. Si la métropole parisienne a un solde migratoire négatif, elle reste la plus peuplée (plus de 11 millions d'habitants) et concentre 18,5 % de la population française avec une croissance démographique soutenue par l'arrivée de jeunes couples. B) ...Liées aux fonctions métropolitaines Cette attractivité est à mettre directement en relation avec la concentration, dans ces mêmes villes, des activités intellectuelles, de gestion et de décision appelées fonctions métropolitaines. Les fonctions métropolitaines dans la métropole mondiale : - Le phénomène planétaire, favorise l'affirmation de Paris-Ile de France en tant que région-capitale et ville mondiale à l'interface entre la France, l'Europe et le reste du monde. Paris accueille dont les activités dynamiques et nécessaires au développement du capitalisme mondialisé : sièges sociaux FMN, services aux entreprises, finance... Reflet de ce rôle directionnel, elle accueille 45% des cadres des fonctions métropolitaines. Paris est également aujourd'hui une ville touristique (en particulier grâce à la tour Eiffel), c'est pourquoi on retrouve de forte concentration de population. Paris concentre également les plus importantes fonctions de commandement, que ce soit du point de vue politique, économique, scientifique, ou culturel. Cette concentration des pouvoirs au niveau de la capitale est un héritage historique que les différents efforts de décentralisation n'ont jamais réussi à contrecarrer - Paris est également la première capitale européenne avec Londres, elle est donc dotée de fonctions internationales de premier plan (finance, culture, tourisme). Les fonctions métropolitaines dans les métropoles régionales : - Les métropoles régionales exercent un pouvoir de commandement sur leurs régions. Elles ont des fonctions politiques et économiques s'étendant sur leurs régions. II- Les effets de la métropolisation sur les relations entres les villes françaises A) Le système urbain centralisé est remis en question La France est constituée aujourd'hui d'un important réseau urbain très diversifié. Paris, ville-monde, reste au cœur de ce réseau. Avec son aire urbaine (région parisienne), elle représente plus de 11,8 millions de Français, soit 18,5 % de la population totale. Elle participe largement à la croissance démographique nationale. Son dynamisme économique (elle génère à elle seule 29 % du PIB français) et sa très forte attractivité (45 % des cadres à haut niveau de qualification travaillant dans les secteurs clés) renforcent sa domination écrasante sur le reste du réseau urbain français : on peut ici parler de macrocéphalie (domination écrasante d'une seule ville à la tête d'un réseau urbain). Les politiques mises en œuvre depuis les années 1960 (politique de desserrement industriel), et surtout depuis le début des années 1980 (loi de décentralisation de 1982), n'ont pas entraîné une perte d'influence parisienne sur le plan national. Après 20 ans de mise en œuvre d'une décentralisation politique, le poids de la région Ile-de-France est toujours important: représentant 2 % de la surface métropolitaine, la région concentre 18 % de la population, et représente 25 % du PIB (Produit Intérieur Brut). Cependant, aujourd'hui, cela a évolué en effet Paris n'est plus la seule ville « au pouvoir «, d'autres villes de France telles que Lyon, Toulouse, Bordeaux la concurrencent fortement. Du fait de la désinstrualisation par exemple, certaines régions perdent du pouvoir au niveau économique et démographique. De plus, les régions en marge de la société, sont de moins en moins nombreuses, les villes de provinces ont élargi leur champ de contact, de communication avec les grandes villes. La périurbanisation se fait de manière diffuse, cela remet en question la croissance radio-centrique. Un certain nombre de français quitte la ville pour s'installer dans des régions plus calmes. Les villes comme Lyon, Nantes, ect... Prennent du pouvoir et de l'importance. B) Le réseau polycentrique des 12 aires métropolitaines françaises ? Les mobilités spatiales dessinent des aires urbaines toujours plus étalées et polycentriques, c'est-à-dire comprenant plusieurs centres d'impulsion. Cette évolution est due au disertement des activités et des emplois dans les communes périurbaines et à l'intégration des pôles secondaires périphériques. En dehors de Paris, le réseau urbain français comporte sept grandes métropoles qui dominent en province : Lyon, Aix-Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Strasbourg (Grenoble, Montpellier, Rennes, Nice sont presque des métropoles, elles ont encore quelques fonctions incomplètes). Ce sont des villes pour la plupart moins puissantes que la moyenne des grandes métropoles de la dorsale européenne mais elles exercent un réel pouvoir de commandement sur leurs régions et, pour certaines, au-delà. La politique de développement des « métropoles d'équilibre «, lancée en 1963 par la DATAR(Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Attractivité Régionale) pour contrecarrer l'hypercentralisation du pays, a donc porté ses fruits. Ces métropoles françaises investissent dans des projets ambitieux et renforcent leurs liens entre elles et avec la capitale mais aussi avec les villes étrangères. Cette multiplication des liens et des réseaux en dehors de Paris favorise l'émergence d'un réseau urbain polycentrique en France qui n'est pas uniquement centré sur la capitale : on parle d'un archipel métropolitain. C) Quelles relations entre les grandes métropoles françaises et les autres villes du territoire ? Le terme « relations « peut-être interprété de deux manières différentes. Tout d'abord nous allons parler des relations dans le sens des moyens de communication, d'axes reliant les grandes villes françaises. En effet, les villes qui ont un pouvoir important sont reliées entre elles par de grands axes principaux tels que les autoroutes. Les chemins de fer sont aussi très nombreux et les différents trains qui y accèdent aussi. Les TGV peuvent transporter un grand nombre de personnes et les trains de marchandises permettent de favoriser les échanges entre ces villes. Les projets de nouvelles gares se répandent et sont nombreux en France. Les aéroports font aussi partis des axes reliant ces villes, les aéroports tels que celui de Nantes, de Toulouse, ou de Paris permettent un lien rapide et facile entre les villes. Dans un second temps nous allons parler des relations dans un sens d'entente ou de mésentente. En effet la proximité des métropoles qui sont reliées par de grands axes comme nous venons de le voir apporte un effet dynamisant ; tandis que les petites et moyennes villes souffrent de l'enclavement. Les plus petites villes ou les villes intermédiaires de tailles moyennes (entre 20 000 et 100 000 habitants environ : elles sont une vingtaine en France) perdent en revanche de la population au profit des villes plus importantes qui attirent les hommes et les activités : c'est le phénomène de métropolisation. Selon le niveau de développement et d'attractivité de leur région, elles peuvent cependant maintenir leur population, surtout si elles sont à proximité d'une grande métropole (Sud et Ouest de la France). Mais elles ont une structure économique souvent très fragile (beaucoup de services) et parfois très spécialisée : la délocalisation d'une entreprise importante ou de services publics (fermeture de casernes par exemple) peut être source de fragilité. Les villes intermédiaires n'ont ainsi pas de rayonnement international, voire national : elles dominent uniquement leur département ou une aire urbaine somme toute assez limitée. Ainsi, en France, les relations entre les villes restent assez contrastées du fait que chacune veut concurrencer les autres et devenir à son tour une part du polycentrisme actuel. III- Les effets de la métropolisation sur l'organisation des aires urbaines A) L'étalement urbain : la périurbanisation : comment ? Pourquoi ? La périurbanisation est le processus d'étalement urbain au-delà des limites des agglomérations dans des communes rurales situées à leur périphérie. Les communes périurbaines représentent aujourd'hui plus du tiers des communes françaises : depuis les dix dernières années, elles ont connu une croissance moyenne de plus de 1,1 % par an. Ainsi, ce dynamisme démographique est à mettre directement en lien avec le processus général de la périurbanisation résidentielle stimulée par l'attrait pour « la vie à la campagne « mais aussi à l'augmentation des prix du foncier en ville et volonté d'accéder à une maison individuelle de bonne superficie « à la campagne « mais non loin de la ville. La distance qui sépare une agglomération de sa zone périurbaine dépend de son importance : plus elle est grande, plus la distance augmente (entre 10-20 km pour une ville intermédiaire et jusqu'à plus de 100 km pour Paris). B) La fragmentation socio spatiale et économique des territoires urbains des centres/ des périphéries La métropolisation a entraîné une hausse du prix foncier qui renforce la ségrégation urbaine. Celle-ci se présente comme une mise à l'écart de groupes ethniques ou sociaux par une séparation spatiale. On observe ainsi une opposition entre les beaux quartiers et les quartiers populaires. Les centres connaissent un processus de gentrification (remplacement des populations modestes par des catégories aisées au mode de vie citadin) qui passe par la réhabilitation de l'habitat, des espaces publics et le renouveau des commerces. Les politiques de reconquête économique et patrimoniale ainsi que la spéculation immobilière favorisent cet embourgeoisement, très inégal et encore inachevé. Les familles des classes moyennes sont alors attirées vers des prix plus abordables et par la qualité du cadre de vie à l'accession d'une propriété en maison individuelles dans les espaces périurbains. Au sein des banlieues, les communes aisées contrastent avec les secteurs marqués par les grands quartiers d'habitat populaire dont beaucoup sont classés en ZUS (zone urbaine sensible : quartier considéré en difficulté et prioritaire pour bénéficier des politiques de la ville). Ainsi, la crise économique et le départ des classes moyennes y provoquent un triple processus de paupérisation (appauvrissement de la population), d'ethnicisation et de relégation (spécialisation de certains quartiers dans l'accueil de populations économiquement et culturellement démunies). C) Le rôle des politiques du logement et des transports pour améliorer la cohésion urbaine Les pouvoirs publics ont multiplié les actions en faveur des quartiers sensibles dans le but d'y réduire l'exclusion. En raison de la complexité des procédures, le succès est mitigé et le gouvernement concentre désormais son action sur les opérations de rénovation urbaine (opération de destruction et de reconstruction d'un secteur urbain) au détriment du volet social. Cette politique s'accompagne d'une volonté de mieux répartir le logement social, pour favoriser la mixité sociale (diversification de la composition sociale d'un quartier). Depuis la loi de Solidarité et renouvellement urbain (2011), les communes de plus de 3 500 habitants doivent atteindre 20% de logements sociaux, sous peines d'amendes. Cependant certaines communes ne respectent pas cette loi. Le problème du mal-logement a amené le gouvernement à reconnaître un Droit au logement opposable (DALO) qui rend l'Etat garant de l'accès au logement. Conclusion : Aujourd'hui, Paris n'est plus l'unique grand centre de décision en France. En effet, la métropolisation accroît dans notre territoire. Le réseau polycentrique s'étend grâce entre autres au renforcement démographique des plus grandes villes française, cela permet la répartition plus égale de l'importance et de l'impact à échelles mondiales, européennes ou encore régionales de ces villes. En effet, l'étalement urbain est présent et la périurbanisation s'étend surtout sur le littoral français. Les relations existantes entre ces mêmes villes permettent des échanges réguliers et une cohésion urbaine. Tout de fois une marge existe encore entre les territoires urbains des centres et ceux des périphéries, la métropolisation n'étant pas encore égale et continue dans tout le territoire français.