La littérature a-t-elle pour fonction d'instruire ou de divertir ?
Publié le 18/05/2014
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Da Costa Alexandra ? 1ère ES2 ? 28/05/2014 Dissertation SUJET : La littérature a-t-elle pour fonction de nous instruire ou de nous divertir ? La littérature est un moyen de communication entre l'auteur et le lecteur qui permet de faire passer un message. Elle est également un moyen d'expression pour l'écrivain afin de contester ou dénoncer sa société et son époque. Elle peut à la fois être un moyen d'apprentissage et un loisir. Mais pourquoi écrire ? Nous verrons dans un premier temps par quel moyen la littérature instruit les lecteurs, nous aborderons ensuite comment elle cherche à les divertir, puis pour finir nous délibérerons sur une possible relation et fusion de ses deux fonctions. La littérature a premièrement une fonction didactique puisque toute lecture se doit d'instruire le lecteur. Instruire, c'est enseigner en donnant des leçons et des préceptes. L'auteur va donc faire passer un message à la société en utilisant des genres et des registres appropriés afin de construire et forger ses arguments et ses idées. On peut se demander comment certains auteurs cherchent à instruire en premier lieu leur lecteur, et pourquoi. Peu après la naissance de l'écriture, la littérature est devenue une grande source d'apprentissage qui évolue selon les époques avec de nouveaux mouvements littéraires tels que le baroque, le siècle des Lumières, le romantisme, le surréalisme, l'absurde... A travers les genres et registres, l'auteur cherche à apporter des connaissances à son lecteur pour un enrichissement intellectuel. Il éclaire par là les débats qui agitent son époque. La naissance de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert parue en 1751 a permis une multiplication des essais et des traités au XVIIIème siècle : Rousseau, afin de permettre à la société de mieux connaitre la politique de son temps, rédige Le Contrat social en proposant au peuple les valeurs du siècle des Lumières : liberté, égalité et tolérance. Le registre didactique du XVIIIème siècle se raccroche souvent au registre polémique pour contester sur les moeurs d'une société. Dans le Supplément au Voyage de Bougainville, Diderot met en place des discours comme celui du vieux tahitien dans le chapitre 2 afin donner son avis à travers un personnage fictif qui est atteint par l'injustice de supériorité des Occidentaux. Ce registre provoque une confrontation de lexique entre des paroles morales mélioratives qui incluent la liberté, le bonheur, etc. et des paroles péjoratives par des termes plus violents. L'information passe parfois par des voies théâtrales, qui sont plus indirectes, mais qui permettent tout de même de dénoncer la société comme le fait Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro, en offrant au lecteur un tableau construit sur l'aristocratie et les classes sociales. Ainsi, la fonction didactique de la littérature met en place une certaine philosophie des oeuvres qui porte à la réflexion du lecteur. Albert Camus dénonce par l'absurde les croyances et les incertitudes de l'homme qui ne cherche pas de sens « réel » à sa vie et qui se laisse bercer par la religion et la politique humaine. L'homme absurde veut des réponses humaines et n'accepte pas les perspectives divines. De plus, l'auteur cherche à susciter un regard critique sur le monde à son lecteur. Le genre poétique est complexe mais peut engendrer des prises de conscience. L'apologue ou la fable permettent au lecteur de tirer une instruction morale. Dans Les fleurs du mal, Baudelaire dénonce l'existence humaine par des tonalités tragique qui font douter le lecteur. Autrement, les fables de La Fontaine font appels à des animaux pour caricaturer les hommes et critiquer les défauts de l'époque. Le conte philosophique contient des passages didactiques pour éveiller la réflexion critique du lecteur sur des situations subversives. Dans le Supplément au Voyage de Bougainville, Diderot transmet des idées philosophiques à travers deux personnages, A et B. Cette situation de dialogue enchâssé que le lecteur retrouve tout au long du conte philosophique l'oblige à délibérer par lui-même afin d'obtenir des réponses auxquelles il ne s'était peut être pas encore posées. De fait, la littérature devient alors une arme dénonciatrice ayant pour but d'amener le lecteur à rejoindre le combat des auteurs. Des luttes contre le racisme ont été fréquentes pas seulement par les auteurs, mais par les populations. Rosa Parks et Martin Luther King sont deux personnes remarquables responsables de l'évolution du racisme depuis les années 1950 par leurs mouvements de révolte. Par l'écrit, Primo Lévy dénonce l'injustice et l'horreur de la guerre 1939-1945 dans les camps de concentration à Auschwitz dirigés par Hitler et les nazis. Montaigne dans Les Essais, ne constitue pas une simple autobiographie car il fait des considérations sur la politique, l'histoire et la religion. Il témoigne ainsi en donnant un avis subjectif de la crise de la Renaissance qui remet en cause les connaissances traditionnelles. Selon lui, l'humanisme c'est s'éloigner le plus possible de l'intransigeance, de la bêtise et du fanatisme. Cependant, l'écriture est une activité artistique aux larges objectifs, et dire que la littérature n'a qu'une fonction d'enseignement, serait la réduire à une activité trop scolaire et seulement instructive. Une des caractéristiques fondamentales de la littérature est de divertir le lecteur. Sans cet aspect, il peut très vite se décrocher du sujet et de l'oeuvre qu'il étudie. Les lectures personnels sont choisies de manière à avoir un divertissement et un éloignement du quotidien comme moyen d'évasion et parfois de rêve. Elles sont divertissantes, légères et retiennent l'attention du lecteur sans lui demander une forte concentration. Le roman policier permet de maintenir une intrigue, un suspens jusqu'à la fin du livre comme le fait Mary Higgins Clark dans toute ces oeuvres. Lorsque le personnage principal est l'enquêteur semblable aux aventures d'Hercule Poireaux, le lecteur devient actif et essaie d'élucider le mystère avec les indices qui sont révélés tout au long du livre ; cela lui permet de s'évader et d'être distrait un moment. Il en va de même pour les romans de chevalerie comme Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes. Les aventures, les rebondissements et les combats créent une tension dramatique provoquant un divertissement excitant. La littérature permet aussi une évasion du monde réel à travers le fantastique. Guy de Maupassant est l'un des plus grands auteurs de littérature fantastique et s'appui principalement sur les sentiments de crainte et d'angoisse comme pour les films d'horreurs. De plus, les spectateurs vont au théâtre, en ayant généralement déjà lu la pièce, pour se divertir et passer un bon moment. Les pièces n'apportent pas toujours des connaissances mais plus un plaisir et un partage d'émotions esthétiques. Dans Qu'est-ce que la littérature?, Sartre explique que la vraie littérature a pour but de changer le lecteur. La littérature inutile et nuisible serait celle qui fait passer le temps, qui divertit sans changer l'opinion du lecteur ou sans le faire réagir. Cependant, Molière est contradictoire et affirme « Le théâtre n'est fait que pour être vu ». L'homme a donc son propre avis sur les sujets proposés par les auteurs dans leurs oeuvres et la volonté de ces derniers à convaincre ou persuader le destinataire n'est pas toujours un succès. De plus, les oeuvres sont parfois trop subjectives et les propos choquants peuvent être pour le lecteur sources de désaccord avec l'auteur. Il peut être surpris ou bouleversé par la façon dont certains thèmes sont abordés. Dans Mein Kampf, Hitler raconte son régime et son profond antisémitisme, par des paroles non-appropriées à la laïcité de la littérature. Finalement, le lecteur peut être ennuyé par les théories et les discours sans grâce, par la parole répétitive ou par le nombre de page d'une oeuvre qui ne le divertit pas et qui ne correspond pas à ces attentes ni à ces goûts. C'est pour cela qu'une lecture scolaire met parfois en difficulté l'élève puisque la visée didactique de l'oeuvre écrase le divertissement du livre. La description et les rebondissements semblent indispensables dans une lecture pour capter l'attention du lecteur et le faire réagir. Peut-on considérer que le divertissement est favorable à l'apprentissage ? Faut-il plaire pour instruire ? En effet, l'écriture est un art, mais la lecture est un choix que fait l'individu non pas pour s'instruire en premier lieu mais pour se divertir. D'autres moyens lui permettent aujourd'hui d'acquérir des connaissances comme la radio, la télévision, les chansons ou même le dialogue avec d'autres personnes et le voisinage. Au XVIIIème siècle, les philosophes des Lumières utilisent principalement le genre théâtral basé sur la tragédie inventée par les Grecs, la comédie et le drame afin de transmettre leurs idées. La tragédie grecque d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide proposent un savoir historique basé sur des personnages héroïques issus d'une épopée, comme Antigone de Sophocle qui fut une oeuvre très reprise par les écrivains et metteurs en scène du XXème siècle. La comédie s'oppose à la tragédie de par sa légèreté et son but à divertir. Cependant, elle veut « corriger les moeurs par le rire » et reste donc un genre littéraire qui vise à donner une leçon de moralité à la société. Dans L'Avare, Molière dénonce la bourgeoisie et ses actes superficiels par le rire afin d'amuser le lecteur tout en l'interrogeant sur ses manières. Les genres argumentatifs ont également une fonction didactique : à travers la fiction, il arrive que le romancier cherche à instruire sur une réalité sociale comme le fait Zola dans La bête humaine, ou un savoir géographique comme dans L'île au trésor de Stevenson ou encore L'île mystérieuse de Jules Verne. Quelques romans célèbres comme la saga d'Harry Potter porteraient à croire que la fiction n'apporte rien au lecteur. En revanche, beaucoup de jeunes se retrouvent à travers ses livres qui les aident à s'ouvrir et à découvrir leurs passions mais aussi leurs caractères, comme le courage, à travers les personnages. Le dépaysement est un des moyen d'évasion ; l'auteur offre un oeil neuf et une réflexion nouvelle au lecteur sans qu'il ai besoin de réfléchir. Il s'imagine directement un monde nouveau dans lequel il aimerait être le héro. Les oeuvres divertissantes sont parfois des révélations dans le caractère des individus comme l'ouverture d'esprit, la sociabilité et la naissance du courage pour les timides. De ce fait, le choix des ouvrages et de la manière dont ils sont écrits doit être varié et vif afin de retenir le lecteur et de lui faire apprécier la littérature. Les poèmes peuvent être associé à la chanson de par leurs rimes, leur vocabulaire recherché, direct et beau. Une chanson comporte une mélodie et des paroles chantées ; elle nous provoque parfois des émotions sentimentales tout comme les poèmes d'amour. Ces deux arts sont aussi souvent utilisés de manière à contester en offrant un aspect philosophique du sujet comme le fait Léopold avec L'Heure où il se pose des questions sur la vie, la conscience, la connaissance et la mort : « On meurt // Pourquoi on meurt », « On meurt sans rien savoir // Et sans rien demandé ». La vulgarité de cet auteur s'assimile bien à celle de Damien Saez, chanteur contestataire et rebel du XXIème siècle. Il dénonce la société européenne et tout les biens superflus que la population s'instaure, comme le faisait Beaumarchais dans ses pièces, principalement dans son titre J'accuse dont il s'est inspiré de Zola. Il fait également une chanson sur une prostituée nommée Marguerite dont il tombe amoureux et il dénonce cette injustice du métier comme le fait Georges Brassens avec La complainte des filles de joie. Pour mieux instruire, il convient alors de combiner les genres de l'argumentation directe et indirecte, en s'adaptant au public visé. Un enfant, se tournera dans un genre court et imagé de la fable par exemple, en faisant parler son esprit ; le lecteur qui aime la fantaisie vers les dialogues amusants, joyeux et pleins de rebondissement et les penseurs et amateurs de philosophie se consoleront avec les traités et les essais. Il est préférable, pour que la littérature persiste comme un art d'enseignement, que l'utile soit combiné à au plaisir et à la détente. La fonction didactique de la littérature permet une acquisition d'un savoir universel mais les oeuvres sont là pour nous instruire tout autant que pour nous divertir. D'autant plus qu'une oeuvre qui n'instruit pas reste un art, tout comme une oeuvre qui ne divertit pas reste une philosophie.
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