La fuite du temps dans L'homme sans âge

L’homme sans âge

Réalisateur : Francis Ford Coppola

Année : 2007

Acteurs : Tim Roth, Alexandra Maria Lara, Bruno Ganz…

D’après le roman Youth without youth de Mircea Eliade.

Synopsis : En Roumanie, 1938, Dominic Matei est un vieux professeur de linguistic qui se rend compte qu’il ne pourra sans doute jamais achever l’œuvre de sa vie : comprendre l’origine du langage. Après avoir été frappé par la foudre, il a rajeuni et ses facultés mentales ainsi que sa mémoire sont décuplés. Mais des nazis, scientifiques ou autres agents qui le convoitent l’obligent à changer constamment d’identité et de pays. Aidé par le professeur Starciulescu il profite de sa nouvelle vie pour continuer son œuvre. Au cours de son périple il va trouver un amour qui ressemble étrangement à celui qu’il avait perdu, mais les espaces temporels dans lesquels ils vivent sont opposés, ce qui confronte le linguiste à choisir entre aboutir son œuvre que sa compagne aide à travers des crises qui l’affaiblissent un peu plus chaque fois, ou renoncer à son projet pour épargner cette dernière.

            Dans ce film, le temps qui passe est principalement représenté par des analepses, multi temporalités, interruptions et accélérations du temps.

Analepse. Le retour dans le temps est un peu le moteur du film, puisque le personnage principal, après son accident, a rajeuni de dix-huit ans. N’ayant aucun papier sur lui les médecins cherchaient à obtenir des informations sur son identité qui, au vu de son physique de quinquagénaire, ne le croient pas quand il leur annonce son âge réel qui dépasse les soixante-dix ans. Cependant, le personnage à beau avoir rajeuni il s’agit de la même époque, du même espace temporel. Ensuite, il s’intéresse à l’origine du langage, il apprend et remonte alors dans des temps de plus en plus anciens. Sa compagne, Laura, semble avoir eu une vie antérieure qu’elle exprime inconsciemment au travers de crises durant son sommeil. Elle aurait vécu à une époque antique dans une grotte indienne et en parle les différents dialectes, chaque fois un plus ancien, ce qui aide considérablement Mr Matei. Ce temps révolu nous est montré à travers des images en noir et blanc et une qualité médiocre, pour souligner son ancienneté.

Multi temporalité. Le film traite de la multitemporalité parce que Matei ne vieilli plus tandis que chaque crise de Laura la fait vieillir un peu plus, ils ne vivent donc pas dans le même espace temporel. Ensuite, Dominic se dirige vers des temps futurs parce que ses recherches le mènent à des expériences qui ne seront possibles et compréhensibles seulement des années plus tard ; alors que sa compagne va  vers un temps passé, elle subit les effets de chaque année qu’elle remonte à travers ses crises.

Interruption / Accélération du temps. La suspension du temps est suggérée par le fait que le héros du film ne vieillit plus. Depuis son accident, un double de lui apparaît dans les miroirs, il va lui apporter certaines réponses mais il semble surtout maintenir son état de jeunesse arrêté. L’idée de l’accélération du temps rejoint ici la précédente parce que quand Dominic Matei brise le miroir où son reflet lui parlait le temps défile très vite, toutes les années qu’il a vécu depuis son accident le rattrapent et on le voit vieux, des plans successifs le montrent

avec des rides, puis ses cheveux blancs, et enfin son allure de personne âgée qui est même plus appuyée qu’avant avoir reçu le coup de foudre. Les temps sont aussi mélangés parce que, une fois revenu dans l’espace temps qu’il avait quitté, la date inscrite sur ses papiers d’identité correspond au temps de sa “deuxième jeunesse”.

            Finalement, dans ce film la fuite du temps est surtout représentée à travers le personnage principal Dominic Matei parce qu’il est le seul à voyager dans le temps, l’époque dans laquelle il a vécu n’a jamais changé.