La frontière Oder-Neisse enfin !
Publié le 22/02/2012
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14 novembre 1990 - La frontière orientale de l'Allemagne unifiée, la fameuse ligne Oder-Neisse, a pris, mercredi 14 novembre 1990, un statut - en principe - définitif, reconnu par un document de droit international.
Le traité, signé à Varsovie par le ministre polonais des affaires étrangères, Krzysztof Skubiszewski, et son collègue allemand, Hans Dietrich Genscher, met fin à une querelle qui a maintes fois menacé d'envenimer les relations entre les deux pays et qui a, pendant un temps, jeté une ombre sur le processus d'unification allemande.
Ce traité consacre l'abandon à la Pologne de 104 000 kilomètres carrés de terres qui furent pendant des siècles considérées comme allemandes.
Il n'a pas été simple de faire admettre au chancelier Kohl que la reconnaissance définitive de cette frontière était la condition sine qua non de l'acceptation par les puissances alliées de la seconde guerre mondiale de la réunification du pays. La droite allemande caressait l'espoir d'enclencher une vaste négociation aboutissant à donner à ces territoires un statut distinct du reste de la Pologne, sous couvert d'une " européanisation ", et d'ouvrir ainsi la porte au retour de l'influence allemande.
La fermeté des Alliés, en particulier de la France, qui s'est engagée aux côtés de la Pologne avec une netteté qui a causé quelque irritation à Bonn, n'a laissé aucune autre issue au chancelier Kohl que de mettre ses compatriotes et les groupes de pression des réfugiés devant un choix simple : sans l'acceptation du caractère définitif de la frontière Oder-Neisse, il n'y aurait pas de réunification avalisée par les Alliés.
Néanmoins, l'acceptation de ce principe ne réglait pas l'ensemble du contentieux entre Bonn et Varsovie. Le chancelier, pour mettre un peu de baume sur les plaies des réfugiés, tenait à conclure un accord " global " avec la Pologne qui garantisse les droits de la minorité allemande : quelques dizaines de milliers de personnes demeurées sur ces territoires après 1945. La Pologne, de son côté, entendait que soient dédommagés les centaines de milliers de ses citoyens victimes du travail forcé sous le IIIe Reich.
Sur ces deux dossiers épineux, les positions se sont rapprochées.
Varsovie est désormais disposé à permettre aux Allemands de Silésie d'exercer leurs droits culturels, dans le cadre du statut des minorités nationales défini par la CSCE. Bonn, après avoir été longtemps réticent, devrait accepter le principe d'une indemnisation des travailleurs forcés, par le canal d'une fondation alimentée par l'Etat et les entreprises ayant jadis bénéficié de ce travail. Tout cela devra se concrétiser dans un second traité.
BULLETIN DE L'ETRANGER
Le Monde du 16 novembre 1990
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