La Fontaine, Les Fables, Les Animaux Malades De La Peste
Publié le 24/09/2010
Extrait du document
I- Les discours et les thèses en présence
1.1 Le discours argumentatif du renard :
Le renard est le 1er à prendre la parole. C'est sans doute parce qu'il n'a pas envi de faire une confession publique. Et donc, il a livré un stratagème qui va changer le sens de la confession qu'exigeait le roi. Le discours du renard commence au vers 34 à 42. Discours direct ce qu'il lui donne plus de poids, plus de réalité. Ce qui nous frappe ce sont les indices d'énonciation : absence d'indices d'énonciation «je « qui est remplacé par le « vous « qui renvoie au roi. Pas le moindre « je « ce qui lui permet de ne pas révéler ses péchés c'est une autocritique. Au lieu de cela, le renard s'adresse au roi pour le flatter. En le flattant, cela lui évite de parler de ses propres fautes. Flatterie se substitue à la confession. La thèse est prononcée au vers 36-37. On a des phrases interrogatives. Il n'y a aucun pécher à manger d'autres êtres vivants. Cette thèse est étayée par 3 arguments :
- les moutons sont de la canaille et une sotte espèce. Vers36 « canaille « connotation sociale c'est une couche sociale inférieure.
- Ils sont bénéficiaires d'une faveur. C'est un honneur d'être mangé par le roi. Ce qui renverse les valeurs et fait définitivement disparaître toute justice.
- Le berger s'est cru avoir un pouvoir ou être un roi. Ce qui n'appartient qu'au Lion.
Cette argumentation est spécieuse. Elle est subtile puisqu'il s'est débrouillé pour s'échapper, et il introduit la hiérarchie sociale. Les moutons doivent s'estimaient heureux d'être tués pas le roi. Et toutes ses actions se sont effacées pour devenir des flatteries.
1.2 Le discours argumentatif de l'âne :
On a un discours rapporté au style direct : vers 49-54. Il est au tout point antipode du discours du Renard. D'abord, il commence par Sire, il centre son discours sur le « vous «. Alors que l'Âne est sincère il n'emploie pas de ruse.
A la ligne 55 : « je n'en avais nul droit « on remarque sa thèse. La formule de cette thèse est une erreur, car elle rappelle à tous que l'âne n'a pas le droit. Contrairement aux autres, l'âne n'a pas de pouvoirs ni de privilèges, il est comme les moutons. En outre, comme il le rappelle lui-même en vers 55 lorsqu'il parle d'herbe ou de pré, il est herbivore, ce n'est pas un carnivore comme les autres et donc il ne fait peur à personne.
Le discours du renard était offensif contrairement à celui de l'âne qui était défensif.
L'argumentation consiste par une justification par laquelle il cherche à se disculper. Il énumère pêle-mêle les 4 justifications. Le 4eme est mis en valeur, il occupe un vers entier, il y a eu du suspens avec le verbe « je pense «, on a un rejet de l'argument au verbe suivant. Cet argument est particulièrement maladroit devant une assemblée qui cherche à culpabiliser quelqu'un.
L'âne qui le dernier à se confesser, car on a commencé par le haut de la hiérarchie sociale. Il est victime et faible sans défense. Mais, il est victime du fait de sa bêtise. Il n'a pas la même ruse que le renard et par son discours il va être culpabilisé.
1.3 Les discours des courtisans :
L'emploi du pronom indéfini « on « ligne 55, 62 renvoie et désigne anonymement l'ensemble des courtisans. Parmi, ce groupe le seul à avoir une individualité est le loup. Son discours 57-58 rapporté au style indirect. On peut relever des passages où plusieurs parlent : « tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins «, « on cria haro sur le baudet « formule juridique qui permette d'arrêter à l'époque un coupable ou suspecté. On a aussi du discours indirect libre aux lignes 60-62. Si nous comparons les différents discours, nous remarquons que le 1er discours vise à s'innocenter. Mais, mis à part ce discours et bien les autres sont dans une thèse commune c'est que l'âne est coupable. Cette culpabilité est évoquée plusieurs fois dans le texte « haro «, « dévouer «, « mort «, « forfait «. L'argumentation correspondant à ce discours est très pauvre. Le renard a préparé le terrain, en posant que les faibles n'ont aucun droit.
Le piège se referme sur le baudet. La redoutable mécanique dispense les courtisans. On a un argument ad hominem par ce « pelé «, « ce galeux «.
1.4 Le discours du narrateur :
Ce discours qui s'adresse au lecteur en employant un vous est très bref, aux lignes 63-64 Cette orale nous présente la thèse du narrateur qui s'attaque aux courtisans, aux jugements de la cour. Aucun commentaire sur le roi, ni sur le renard. Les courtisans ne connaissent que les rapports de force, il n'y a pas de justice parmi eux. Cette thèse a été étayée par l'exemple qui constitue l'anecdote qui a une portée morale.
II- La satire morale des courtisans :
2.1 Le masque animalier :
Il s'est beaucoup inspiré d'un fabuliste qui s'appelle Esope. Chez Esope toutes les personnes sont des animaux. Fontaine imite Esope mais il innove, car il calque son masque animal sur la société française du XVIII siècle. Ainsi, les animaux ont souvent un nom et une même activité professionnelle. Le lion est roi, et le loup est un clerc qui d'ailleurs a deux sens : 1er C'est un savant appartenant à l'église. 2nd : une personne ayant travaillée dans le droit souvent un futur avocat. Il humanise les animaux. Ils leur fait porter un masque. Dans une société qui reproduit celle de la France. Le lion « lit de justice « tient conseille comme faisait Louis XIV entouré de courtisans. C'est que La Fontaine veut faire la peinture des mœurs et en outre il veut faire la satire de son époque. Il essaye de nous parler de ses contemporains et d'en faire la satire. Dans le livre XII, il écrit « les animaux sont les précepteurs des hommes « cela signifie qu'il transpose dans le monde animalier les vices des hommes pour que ces vices deviennent visibles et ainsi il donne une leçon de moral. Le masque animalier permet de mieux se voir, ainsi, le renard incarne parfaitement les courtisans hypocrites et flatte le roi et fait l'apologie. Grâce à ce masque animalier, La Fontaine fait la satire de la flatterie et du mensonge.
2.2 Le triomphe de la flatterie et du mensonge :
Nous avons vu la subtilité de l'argumentation du renard et même son caractère. En effet, après l'intervention du renard, on ne regardera plus ses fautes. Or, le statut social contrôle la réaction de la cour qui applaudit son apologie. La machine de la hiérarchie sociale a instauré un ordre de parole ; les plus puissants qui parleront en 1er. Et on va dans un ordre décroissant. Nous remarquons qu'on a une accélération. Peut importe ce qu'ils ont dit puisqu'ils sont puissants. Ils sont excusés d'avance. Le mot « mâtin « signifie un gros chien. En descente, la puissance physique symbolise la puissance des hommes. Quand on arrive à l'âne, on a un changement. L'âne est un herbivore ; un animal qui n'as aucun droit. Les flatteurs ont trouvé leur victime
2.3 La perversion de la justice :
Le roi voulait que justice se fasse. Or, au terme de la manipulation du renard et les courtisans, ils ont trouvé le plus coupable mais le plus faible, et c'est alors l'intervention du loup relève d'une manière encore plus choquante la perversion de la justice. Il reprend la parole pour une harangue tel un procureur et clore le débat. Ce mot clerc est précédé « quelque peu « et fait douter de cette science. Le loup apparaît donc comme un faux savant.
La peccadille consiste à pointer la misère de l'âne. De cela, on en déduit la culpabilité de l'âne et sa conséquence la mort. On assiste à une parodie de la justice.
Conclusion :
La Fontaine fait défiler devant nos yeux quelques personnes de la hiérarchie sociale : le roi (lion), les courtisans (le flatteur renard), le loup (clergé) et des grands seigneurs. L'âne n'est pas épargné car il est naïf et stupide. La Fontaine place sa critique sur un terrain moral. C'est pourquoi que sa satire morale prend une dimension morale. Mais clairement il met en garde contre l'injustice née de la hiérarchie sociale.
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