La culture de 1995 à 1999 : Histoire
Publié le 24/12/2018
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LE JEUNE CLNÉMA FRANÇAIS. Beaucoup d'appelés, et peu d'élus. ainsi pourrait-on résumer la situation des nouveaux cinéastes français, dont le succès ou l'échec relèvent désormais d'une savante alchimie. La critique ne faisant plus le beau temps, et le cinéma américain ayant pignon sur rue, les réalisateurs se doivent désormais de séduire les spectateurs par des œuvres fortes, singulières, fondées sur de solides scénarios. De la Haine de Mathieu Kassovitz. à Rien à faire de Marion Vernoux, en passant par Reprise d’Hervé Leroux, les nouveaux
cinéastes français ont en tout cas prouvé qu’ils
savaient jouer de tous les genres cinématographiques pour construire un autre regard sur la société d’aujourd’hui. Le succès rencontré par les portraits au vitriol de la vie des banlieues (Ma 6.T va craquer, Etat des lieux, Raï), par des ballades poétiques en forme de road movie (Western) ou des chroniques à la Pagnol (Marius et Jeannette), n’est pas tant à mettre au compte d’une quelconque « exception culturelle » qu’à porter au crédit d’un public heureusement imprévisible, et qui se refuse à consommer sans goûter.
RETOUR EN FORCE DU ROMAN NOIR. L édition a-t-elle trouvé, dans le roman policier, une nouvelle poule aux œufs d'or ? Si l'on en juge par les listes des meilleures ventes, les prix littéraires et la multiplication des titres et des revues, il apparaît que le genre gagne ses lettres de noblesse grâce à ses métamorphoses. En effet, les intrigues d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier, et si l'assassin rôde toujours dans les ruelles sombres, il n’a plus forcément l’allure de Jack l’Eventreur, ni le détective celle de Sherlock... C’est du côté de la sociologie, voi-re de l’ethnologie urbaine, et de la psychanalyse que
travaillent désormais les nouveaux ténors et autres
divas du genre. Ils ont pour nom Didier Daeninckx, Fred Vargas, Jean-Claude Izzo, Maurice G. Dantec, et n’ont pas leur pareil pour sonder les entrailles de la France profonde, et disséquer les consciences entre deux autopsies d’un meurtre. D’outre-Atlantique nous sont venus James Ellroy, accompagné d’une myriade de « dames en noir », dont le trio Mary Higgins Clark, Elizabeth George et Patricia Cornwell, championnes toutes catégories du best-seller.
MUSIQUES SANS FRONTIÈRES. On les disait exotiques ou ethniques, populaires ou savantes, parfois même « folkloriques ». Toutes avaient en commun de refléter l’identité culturelle d’une nation, d’un pays ou d’une communauté, mais leur diffusion excédait rarement leur berceau d’origine. Aujourd’hui, en revanche, la curiosité du public, l’évolution des goûts et des mentalités, ont fait basculer ces musiques traditionnelles - rebaptisées « musiques du monde » - dans une autre dimension, planétaire et surmédiatisée. Du fado portugais au son cubain, du raï au reggae, du flamenco andalous au qawwali pakista-nais, mélodies et instruments venus d’ailleurs se donnent désormais rendez-vous dans les hit-parades, profitant largement de l’essoufflement d’une variété ronronnante et par trop « anglo-saxonnisée ». Un renouvellement musical par la lucarne de la tradition ? Pas seulement, car la plupart des porte-drapeaux de la world ont joué la carte des métissages sous toutes les latitudes. Dance music et rythmes africains chez Mory Kanté, raï et rap pour Cheb Mami, ou - moins noble, mais ô combien consommé - cocktail sud-américain d’une macarena bien carénée.
VARIÉTÉ SUR TOUS LES TONS. Si Véronique Sanson, Alain Bashung, Francis Cabrel, portent haut les couleurs de la variété française depuis une vingtaine d’années, il fallait de nouvelles voix et de nouveaux sons pour renouveler réellement le répertoire. Or, la jeune garde se révèle prometteuse : rock au masculin singulier (Dominique A, Katerine, Miossec) ou pluriel (Noir Désir), mélodies celtiques (Manau), blues romantique façon Pascal Obispo ou Florent Pagny, rythmes jazzy avec Axelle Red, Liane Foly ou Zazie. Deux « étoiles » sont nées sous le ciel québécois : Lara Fabian (révélation de l’année 1998 aux Victoires de la musique) et surtout Céline
Dion, dont les albums s’arrachent des deux côtés de l’Atlantique. Au rayon des triomphes, l’opéra-rock Notre-Dame de Paris, de Luc Plamondon (un autre Québécois !) et Richard Cocciante a raflé la mise : non seulement le spectacle a fait l’événement de la rentrée 1998, mais la vente de disques a battu des records sur plusieurs mois. Leur recette ? Des voix (Noa, Patrick Fiori, Marc Lavoie), des tubes (Belle)... et une promotion publicitaire sans faille. Bref, le tiercé gagnant en matière de variétés...
POLÉMIQUES ET ENGAGEMENTS. De la mobilisation des jeunes cinéastes contre la loi sur l’immigration, à celle des intellectuels au moment de l’intervention de l’OTAN au Kosovo, les débats n’ont pas manqué pour animer la scène médiatique. Comme si l’approche de la fin du siècle se prêtait à une plus grande radicalité des positions et à d’ultimes mises à plat. En témoignent les innombrables sommes historiques qui traquent les zones d’ombre de la mémoire collective, tentant des bilans, rouvrant des dossiers brûlants. Tant les Bourreaux volontaires d’Hitler, de Daniel Goldhagen, que le Livre noir du communisme, ouvrage collectif dirigé par Stéphane Courtois, ont nourri des controverses qui dépassent largement leur seul champ d’études : qu’est-ce que le témoignage ? Comment hiérarchiser les sources ? Peut-on traquer une « vérité » au cœur d’un réseau complexe d’informations ? De l’histoire à la politique, et du livre au théâtre, les préoccupations sont proches, à en juger par le retour en force de Brecht, Bond, Lessing (Nathan le sage), convoqués au chevet d’une époque en mal de repères.
LA RÉVOLUTION INTERNET. Rien n’arrête plus désormais l’avancée spectaculaire du « réseau des réseaux » dans les sociétés occidentales. Les taux d’équipement informatique des ménages et de connexions à Internet le montrent : l’intérêt du public ne cesse de croître pour toutes ces nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Lentement mais sûrement, l'Homo sapiens devient cybernaute, adoptant un mode de vie et de consommation radicalement neuf. Du courrier électronique au commerce en ligne, en passant par les forums de discussion et autre sites communautaires, c’est toute l’architecture des échanges sociaux, économiques, financiers, culturels, qui est en passe de se modifier. La Toile a d’ores et déjà pris dans ses filets des masses de contenus et d’informations dans tous les domaines, mais à la manière d’une encyclopédie prométhéenne qui n’aurait pas encore trouvé son sommaire. De même des sociétés marchandes : pionnières de l’Internet, des firmes américaines de vente en ligne comme Amazon.com ouvrent d’incroyables perspectives, dessinant les contours d’une net economy dont les règles restent à établir.
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