Devoir de Philosophie

La Croyance n'est-elle qu'une démission de la raison ?

Publié le 06/03/2011

Extrait du document

Il existe de multiples formes de croyance et le langage courant nous en donne de nombreuses occurrences : je crois, comme Don Juan que 2et 2 font 4, je crois que j'ai oublié ma calculatrice, je crois en Dieu, je crois en l'amour etc. Lorsque l'on essaye de trier ces différents énoncés le critère le plus objectivable et le plus pertinent consiste à distinguer différents niveaux de certitude. Ce dont on est le plus certain, on le sait en fait, beaucoup plus qu'on ne le croit et ce dont on est le moins certain est ce qui semble mettre le plus en difficulté la raison. On pourrait donc hâtivement penser que la croyance est bien en effet une démission de la raison au sens d'un aveu d'impuissance : la raison, poussée au bout de ses possibilités, prend acte de son incapacité à tout connaitre et à tout comprendre et se résigne à tenir pour vrai, plus ou moins provisoirement, ce dont elle n'a aucune certitude. Mais il semble que ce n'est jamais la raison dans son entier qui abdique puisque ce qui est admis, même par la voie non rationnelle de la croyance n'est pas pour autant déraisonnable, ni même irrationnelle. C'est donc que peut-être la croyance peut se mettre au service d la raison dans la recherche du bien agir.

 

Dans une première partie on pourrait montrer qu'en effet la croyance est une bien abdication de la raison qui, ne pouvant ni savoir, ni se résigner à la suspension de jugement se contente de croire. Il faut cependant distinguer alors, à la suite par exemple de Socrate, entre la croyance fondée en raison et la croyance sans raison. La croyance qui se sait telle, c'est à dire qui connait sa propre fragilité à cause des critères rationnels du vrai (par exemple elle est indémontrable) peut même acquerir le statut d'hypothése de travail pour la raison (\"fiction régulative de Nietzsche\"). Par contre la croyance qui se prend indûment pour un savoir risque de se rigidifier en certitude, voire même au fanatisme.

 

Dans une seconde partie, cette fragilité de la croyance pourait être adossée aux limites de la raison, limites dont la reconnaissance et l'utilisation sont toujours, chez Pascal, l'ouvrage de la raison et non point son abdication ou sa démission. L'erreur du rationalisme est alors de nier la pertinence du domaine où la raison ne peut pénétrer mais qui cependant la fonde, au titre des \"premiers principes\" c'est-à-dire le domaine de la croyance. La croyance est en effet, non pas l'énemi de la raison, mais son inévitable associé dans la recherche du vrai.

 

Dans uns troisième partie, il faut se souvenir que la raison n'est pas seulement la raison démonstrative, expérimentale qui fondent les critères du vrai et du faux mais qu'elle est aussi la raison spéculative , argumentative, qui fonde les critères du bien et du mal. Et ce ce sens, il faut reconnaître que c'est alors elle qui est au service de la croyance, pour distinguer celle-ci de l'erreur de la fiction, de l'utopie, de l'illusion. Car la croyance féconde dans l'action et dans l'établissement des critères de la légitimité de l'action et au-delà de la raison, mais pas contre la raison.

Liens utiles