La conscience n'est-elle qu'un produit social ?

Au XIIIe siècle déjà, saint Thomas d'Aquin définit la conscience comme une relation du savoir à autre chose. La conscience n'est donc pas ce par quoi nous sommes isolés, mais ce par quoi, au moyen du langage, nous accédons au monde. Elle définit en même temps l'identité du sujet, par une "prise de conscience". Elle est un recul, une mise à distance par laquelle le Je se différencie de ce qui n'est pas lui. La conscience est ainsi réflexive. Dans sa Logique, Kant définit la conscience comme "une représentation qu'une autre représentation est en moi". Par la conscience se fonde donc la transcendance du sujet, qui ne se réduit ni à ses pensées, ni à ses actes. Elle est temporelle comme le montrera Bergson : "une lumière immanente à la zone d'actions possibles ou d'activité virtuelle qui entoure l'action effectivement accomplie par l'être vivant. Elle signifie hésitation ou choix." Mémoire, elle est aussi anticipation de l'avenir. Fondant l'identité du sujet dans le Je de la pensée, comme l'a montré Descartes, la conscience a fait l'objet de nombreuses critiques : pour Marx, elle n'est qu'un produit social ; pour Nietzsche, elle est superficielle, marque du "troupeau humain" ; pour Freud, l'essentiel du psychisme humain est inconscient.