La conscience est-elle source d'illusions ?
Publié le 12/03/2011
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la conscience est elle source d illusions ? La conscience désigne l'aptitude des êtres humains à se \"penser\" eux-mêmes, pour soi. Ainsi, l’expression « prendre conscience » représente-telle la capacité à objectiver, par le raisonnement, un ressenti qui nous affecte dans notre relation au monde sensible. On considère que l’illusion désigne, au contraire, l'aptitude de ces mêmes êtres humains à percevoir et à construire une image déformée de la réalité. La conscience peut elle être alors source d’illusions\"? L’être humain s’inscrit la plupart du temps dans la relation avec autrui ou avec son environnement. De ce fait, sa conscience est confrontée, en permanence, à une activité d’interprétation du monde. La perception est la « porte d’entrée » de cette interaction entre le « soi » et le monde. La conscience, pour s’exercer, est, ainsi, soumise aux aléas de nos sens pour interpréter la réalité et, peut de ce fait produire de l’illusion. A contrario, elle est la seule capable d’interrompre le processus de l’illusion, pour réinterpréter le monde de façon objective. Ainsi, la conscience est le lieu où se construisent et se détruisent les illusions, dans un va et vient permanent. La perception étant première dans notre évaluation des choses, peut-elle amener notre conscience à construire une analyse erronée, illusoire de la réalité ? Tout ce que nous savons, nous le tenons des données immédiates de notre conscience, puisque la conscience est constitutive de l’être humain, de façon, innée. Sans conscience, il nous serait impossible d’avoir accès à la réalité tant intérieure qu'extérieure. C'est au vécu de la conscience qu'il faut constamment revenir pour se faire une idée de ce qui est. Platon, dans la première partie de L'allégorie de la caverne, nous montre que les hommes vivent dans l’ignorance car leur seule réalité est celle qu’ils ont abordée sensiblement. Ainsi, l' homme dominé par son affectivité ne cherche pas a explorer d'autres savoirs que le sien. Sa connaissance du réel se réduit donc a une perception subjective des choses. Ainsi, la perception est première dans notre évaluation du monde. Par contre, la conscience permet, d’une part de saisir ce qui se passe dans notre environnement et, d’autre part d’engager une réflexion, un retour a soi afin d’en permettre l’analyse. La perception est le « déclencheur » de notre conscience spontanée, qui nous permet d’appréhender le monde au travers de notre affect, c 'est a dire nos sens, nos émotions , nos sensations et nos sentiments. Nous évaluons donc le monde d'abord d'une manière \"instinctive\", comme l’ensemble des êtres vivants. Comme le dit Hegel, l'homme \"existe (...) au même titre que les choses de la nature\" c 'est a dire \"immédiatement et d'une seule façon\". La perception est inextricablement liée à la conscience spontanée, qui s’exerce comme réflexe dans notre appréhension du monde. Elle favorise une évaluation du monde \"en apparence\", sans raisonnement ni logique. Le travail de la conscience réfléchie consiste, alors, à nous faire prendre du recul et à, éventuellement, modifier cette représentation. Toutefois, cette prise de recul sur la perception immédiate peut aboutir à une analyse subjective de la réalité, qui présentera cette réalité au sujet comme une illusion. D'après la définition du dictionnaire, l'illusion \"est une erreur de perception causée par de fausses apparences\". Cela n’est pas si simple. En effet, il ne faut pas confondre l'erreur et l'apparence. L’apparence, comme source d’illusion, est plus forte que l’erreur et, de fait, lorsque l'erreur est abolie, l'illusion peut continuer. Une erreur de raisonnement peut être corrigée. L’apparence est plus difficile à combattre puisqu'elle ne cesse pas une fois découverte et, en ce sens, correspond bien à l'illusion. Dans ce cas là, notre affect fortement impliqué dans la situation, prend le dessus et peut nous amener à croire à une apparence dont on « sait » qu’elle est erronée. L'explication de la force de l’illusion tient au fait qu’elle repose sur des principes subjectifs qui se présentent comme objectifs. C’est bien la conscience réfléchie qui a construit l’objectivité de cette subjectivité. En ce sens, la production de la conscience peut être l’illusion. Si nous prenons l'exemple d'une femme battue par son conjoint, la raison voudrait qu'elle n'accepte pas cette situation. Très souvent, les femmes battues construisent elles mêmes, avec les critères de la conscience réfléchie, le raisonnement qui va leur permettre de construire une représentation de la réalité inversée par rapport à la situation. Elles vont développer un ensemble de justifications rationnelles les amenant à accepter une situation de souffrance objective. Néanmoins, seule la conscience peut mettre fin a l'illusion. C’est même son rôle premier, comme l’ont montré Platon ou encore Descartes. Comment peut-elle le faire ? La conscience, on l’a vu, est avant tout l'élaboration d'un jugement, qui suit un raisonnement. C'est donc par un retour sur soi raisonné que l'homme peut venir à bout de ses illusions. Grâce à la conscience réfléchie, l'homme à la capacité de se penser lui même. Ce procédé d'introspection l'amène a mieux se connaître et a partir de là, lui permet de définir une réalité objective. C'est le sens du \"je pense donc je suis\" de Descartes. Ce procédé de pensée donne accès a la réflexion, l'examen, qui en fait un être de raison car il s'arrache, ainsi, à l'ignorance et prend ses distances par rapport à son affect. En cela, l'homme disposant de la capacité à évaluer le monde de manière objective, il peut déconstruire ses illusions de façon rationnelle et se libérer de celles ci. Cependant, on a vu que la conscience peut produire et, surtout, conforter les illusions. Quel est l’élément qui permet, alors, à la conscience de pouvoir faire face à la force des illusions ? La connaissance est le fondement indispensable à l'émancipation de la pensée et, par conséquent, à une appréhension du monde objective. Elle permet, en effet, par l’accroissement de notre niveau d’informations, de tendre vers l'objectivation du réel. Plus nous affrontons la connaissance de soi et la connaissance du monde extérieur au travers de données logiques, scientifiques ou encore concrètes, plus notre conscience peut étayer ses analyses et ses jugements sur la base de la raison et non plus des sens. La connaissance repose, en premier lieu sur l'éducation qui nous permet d’accroître le savoir et qui nous permet, également, de s’approprier les méthodes pour digérer ce savoir. Elle est déterminante. L'expérience est également un pilier de la connaissance car, grâce a elle, nous éprouvons le savoir théorique au travers de l’expérimentation concrète. Exactement comme le scientifique qui expérimente ses hypothèses. Les expériences, à condition qu’elles été analysées, s’empilent au cours de notre vie et constituent une base de connaissances dans lesquelles notre conscience peut puiser pour objectiver au mieux le réel. Enfin, la connaissance est, également, indissociable de la relation aux autres. En effet, nous apprenons de l'expérience d'autrui et de l’échange avec lui, ce qui augmente, encore, notre conscience du monde. Cette connaissance est indispensable a chaque être humain, elle nourrit sa pensée, l’entraîne comme un muscle et la renforce contre la puissance de l’illusion. Pour conclure, la conscience est, à la fois, un lieu où l’illusion peut se construire avec une très grande force et un lieu où la raison peut en supprimer les effets. La conscience est une activité mentale propre à l’être humain qui est le lieu du dialogue permanent entre le réel subjectif et le réel objectif .
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