La Chanson Du Mal Aimé - Apollinaire
Publié le 23/09/2010
Extrait du document
I) Un poème autobiographique qui opère une transfiguration poétique
A) L’autobiographie
- Apollinaire semble passer un pacte autobiographique avec son lecteur écrit en 1912 ajouté au poème écrit en 1903. Il assume ici l’identité entre lui auteur, lui narrateur « je « du poème et lui personnage « je « du poème. Cette épigraphe elle ancre le poème dans la situation d’énonciation. Le présent de l’énonciation « mon amour a la semblance du … «. D’autre part l’imparfait dans le 1er vers de l’épigraphe suppose que le poète a prit la distance par rapport à celui qu’il était et pose dorénavant sur cet ancien moi le regard de celui qui a évolué. Il insiste sur ce changement qui s’est opéré en lui et croit à nouveau en la possibilité de l’amour.
- Un poème en partie narratif : pour exprimer son expérience autobiographique. Les temps verbaux qui dominent ; l’imparfait et le passé simple= narration « je suivis «, « mon amour vint à ma rencontre «. Imparfait pour la description « le petit garçon sifflotait «. Le cadre est réaliste l’action se passe à Londres un soir = lieu et moment réel. On sait que c’est en 1903 grâce l’épigraphe. Dans le 1er quintile on voit le climat de Londres « Demi-brume «. Les personnages sont identifiables, le narrateur auteur = « je « , le voyou -> il a les mains dans les poches et il sifflote, la prostituée elle est saoule c’est une caractérisation triviale + la cicatrice c’est des détails prosaïques. Le voyou et la prostituée sont présentés comme des clichés. Annie n’est pas là.
B) Une transfiguration poétique
- Des le début du poème l’auteur mêle au registre réaliste un registre étrange. L’atmosphère est propice. Le voyou le fait déjà penser à Annie. La confusion mentale : quand il voit la prostituée, il voit Annie. Sa confusion est un peu étrange.
- Il opère une 1ère transfiguration dans le 2ème et 3ème quintile : Il développe une image autour de la fuite des juifs. Les maisons autour d’eux sont la mer rouge. Dans le 3ème quintile, il file la métaphore et reprend le comparant de la mer rouge avec « ces vagues de briques «. La fermeture de la mer est dans : « que tombent ces vagues de briques «.
- L’ensemble de la ville de Londres est comparé à un enfer : les plaies, une rue brûlant, les feux de ces façades. L’enjambement met en valeur le terme de la brulure – Brulant -> feux + hyperbole à travers « tout «
- D’un simple épisode autobiographique, Apollinaire arrive à faire une transfiguration poétique grâce au jeu des images. En rencontrant cette prostituée, il subit une cruelle révélation, l’amour n’existe pas.
- Il établit une comparaison négative par rapport à lui-même. Pénélope incarne la femme fidèle à son mari en refusant tous les prétendants. Elle s’est donc servie de la toile comme excuse. Sacontale = princesse de la mythologie indienne. Comme Pénélope c’est une figure de la fidélité féminine, le Roi lui donne un anneau qu’elle perd. Il l’exile donc dans une forêt et elle, elle l’attend. On retrouve un certain gout de l’étrange, de l’insolite. Ces deux comparaisons servent de fondement : ils sont heureux ils ont trouvé l’amour fidèle et lui est malheureux « heureux, malheureux «. L’opposition est renforcée par la place de ces mots à la rime dans le 1er vers et le dernier vers du quintile. Il est malheureux parce-que personne ne l’aime. Le faux-amour = illusoire ou infidèle. Annie est infidèle, elle ne l’aime pas. L’image de l’enfer elle permet au poète d’exprimer sa souffrance amoureuse. « Les plaies «, le poète a une plaie à l’âme= souffrance du poète. Vers 41 : désespoir, il souhaite oublier sa souffrance . Mais d’autre part lui il aurait tout fait pour elle, il semble avoir encore de l’amour pour elle. Quintile 10 : Souhait d’un avenir où il pourra exister sans Annie, il fait allusion à une sorte d’hibernation mentale et donc une mort mentale. Les Quarante de Sébaste : 39 refusent d’abjurer leur foie chrétienne = soldats persécutés. Apollinaire a du mal à renoncer à l’amour, pour lui l’amour représente l’amour suprême. C’est une autre façon d’exprimer sa désillusion de l’amour.
II) Ce poème est une déploration lyrique sur l’amour malheureux
A) Les marques énonciatives du lyrisme
- Système énonciative : Je s’adresse à un tu. Le tu est double, 1ère partir = femme aimée, mais d’autre part à la fin du poème, c’est le poète lui-même qui s’adresse à son âme. Enfin le tu à la fin du poème s’adresse à la voix lactée, dans un élargissement cosmique.
B) L’expression de la déception amoureuse
- A travers la convocation des figures légendaires, Ulysse et Pénélope, Sacontale et le Roi Indien qui en était amoureux, qui à contrario permettent de comprendre le malheur du poète. Ulysse et l’amoureux de Sacontale étaient heureux car Pénélope et Sacontale étaient fidèles et par opposition on comprend que le poète reproche à Annie qu’elle ne respecte leur serment amoureux.
- A travers l’évocation de la prostituée, à laquelle Annie est assimilée= façon de se venger et de dire son infidélité
- Elle s’exprime dans toutes les dernières strophes à travers la description que le poète fait de l’état de son âme après la rupture et les images de la glaciation « quarante de sébaste « où le poète se montre comme un adorateur de l’amour.
- A travers l’image de l’écoulement « eau qui s’écoule «( il parle de nageurs morts), qui font penser aux fleuves le Styx qui dans la mythologie grecque sépare les enfers du monde des vivants. Styx / L’Acheron -> Charon le passeur, lui donne l’obole. Chez Apollinaire, les références à l’enfer Grecque sont très présentes, il se réclame de la tradition lyrique G dont le poète Orphée est le représentant type et le fondateur. Orphée = personnage mythologique, il perd sa maitresse Eurydice qui lui est ravi par les yeux de l’enfer, il est tellement désespéré, qu’il se poste aux portes de l’enfer pour la réclamer, les dieux sont sensibles qu’ils acceptent. Orphée devient poète lyrique après la perte d’Eurydice
C) Le poème est lyrique
- Il a une musicalité évidente, elle est essentiellement évidente : système de monotonie = il emploie des mètres réguliers = octosyllabes + 15 vers (toutes des quintiles) = strophes régulières. Les rimes se réduisent souvent à de simples assonances en fin de vers dont le schéma n’est quasiment pas varié. Effet de monotonie = plainte, la régularité. Fuite du temps qui sépare les deux amoureux, mais surtout des pleures. Elle est mythique de celui qui souffre, celui qui est dominé par la douleur -> geignements d’une bête blessée.
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