KUHN, Thomas. The Nature and Necessity of Scientific Revolutions
Publié le 10/12/2010
Extrait du document
Ces remarques nous permettent enfin de considérer les problèmes qui donnent à cet essai son titre. Que sont les révolutions scientifiques, and quelle est leur fonctions dans le développement scientifique ? Une large partie de la réponse à ces questions a été anticipée dans des précédentes sections. En particulier, la discussion précédente a indiqué que les révolutions scientifiques sont ici considérées comme des épisodes développementaux non cumulatifs dans lesquels un plus vieux paradigme est remplacé entièrement ou partiellement par un nouveau paradigme incompatible. Il y a davantage à dire, cependant, et une partie essentielle de cela peut être introduite par une autre question. Pourquoi un changement de paradigme devrait-il être appelé une révolution ? Face aux vastes et essentielles différences entre le développement politique et scientifique, quel parallélisme peut justifier la métaphore qui trouve dans chacun des révolutions ?
Un aspect du parallélisme doit déjà être apparent. Les révolutions politiques sont inugaurées par un sens grandissant, souvent restreint à un segment de la communauté politique, que les institutions existantes ont cessé adéquatement de rencontrer les problèmes posés par un environnement qu'ils ont en partie créé. De la même façon, les révolutions scientifiques sont inugaurées par un sens grandissant, encore une fois souvent restreint à une étroite subdivision de la communauté scientifique, qu'un paradigme existant a cessé de fonctionner adéquatement dans l'exploration d'un aspect de la nature dont ce paradigme lui-même avait précédemment dirigé la recherche. Dans le développement politique comme dans le développement scientifique le sens de défaut de fonctionnement qui peut conduire à une crise est nécessaire à la révolution. De plus, bien qu'il pousse, il est vrai, la métaphore, ce parallélisme tient non seulement pour les changements majeurs de paradigme, tels ceux attribuables à Copernic et à Lavoisier, mais aussi pour ceux bien plus petits associés à l'assimilation d'une nouvelle sorte de phénomène, comme l'oxygène ou les rayons X. Les révolutions scientifiques, comme nous l'avons remarqué à la fin de la Section V, ne semblement être révolutionnaires qu'à ceux dont les paradigmes sont affectés. Aux étrangers elles peuvent, comme les révolutions balkaniques du début du XXe siècle, sembler être parts normales du processus développemental. Les astronomes, par exemple, pouvaient accepter les rayons X comme une simple addition à la connaissances, car leurs paradigmes n'étaient pas affectés par l'existence de la nouvelle radiation. Mais pour des hommes comme Kelvin, Crookes et Roentgen, dont la recherche touchait à la théorie de radiation or aux tubes cathodiques, l'émergence des rayons X violait nécessairement un paradigme en créant un autre. C'est pourquoi ces rayons ne pouvaient être découverts que par la mauvaise expérience de quelqu'un avec la recherche normale.
[…]
Afin de découvrir ce pourquoi cette question de choix de paradigme ne peut jamais sans équivoque être réglée par la logique et l'expérience seules, nous devons brièvement examiner la nature des différences qui séparent les partisans d'un paradigme traditionnel de leurs successeurs révolutionnaires. Cette examination est l'object principal de cette section et de la prochaine. Nous avons, cependant, déjà noté de nombreux examples de telles différences, et personne ne doutera que l'Histoire peut en fournir beaucoup d'autres. Ce qui a plus de chances d'être douté que leur existence — et ce qui doit donc être considéré d'abord — est que de tels exemples fournissent des informations essentielles au sujet de la nature de la science. En admettant que le rejet de paradigme a été un fait historique, illumine-t-il davantage que la crédulité humaine et la confusion ? Y a-t-il des raisons intrinsèques à ce pourquoi l'assimilation d'une nouvelle sorte de phénomène ou bien d'une nouvelle théorie scientifique doit demander le rejet d'un paradigme plus ancien ?
D'abord, remarquez que s'il y a de telles raisons, elles ne dérivent pas de la structure logique de la connaissance scientifique. En principe, un nouveau phénomène peut émerger sans refléter nuisiblement sur quelque partie que ce soit de la pratique scientifique du passé. Même si la découverte de vie sur la lune aujourd'hui serait destructive à des paradigmes existants (ceux-ci nous disent des choses à propos de la lune qui semblent incompatible avec l'existance de la vie sur sa surface), la découverte de la vie dans une partie de la galaxie plus méconnue ne le serait pas. De la même manière, une nouvelle théorie ne doit pas forcément être en conflit avec aucun de ses prédécesseurs. Elle pourrait toucher traiter exclusivement de phénomènes précédemment inconnus, comme la théorie quantique (mais, sensiblement, pas exclusivement) avec des phénomènes subatomiques inconnus avant le XXe siècle. Ou encore, la nouvelle théorie pourrait simplement être une théorie de niveau supérieur à celles connus avant, une qui lia ensemble tout un groupe de théories de niveau inférieur sans en changer une substantiellement. Aujourd'hui, la théorie de conservation de l'énergie fournit de tels liens entre la dynmique, la chimie, l'électricité, l'optique, la théorie thermale et ainsi de suite. D'autres rapports compatibles encore entre des théories anciennes et nouvelles peuvent être conçus. L'un d'eux et tous pourraient être exemplifiés par le processus historique par lequel la science a été développée. S'ils étaient, le développement scientifique serait véritablement cumulatif. De nouvelles sortes de phénomènes révéleraient simplement un ordre dans un aspect de la nature où aucun n'avait été jamais vu. Dans l'évolution de la science les nouvelles connaissances remplaceraient l'ignorance plutôt que de remplacer les connaissances d'une autre sorte incompatible.
Bien sûr, la science (ou quelque autre entreprise, peut-être moins effective) pourrait avoir développé dans cette manière toute cumulative. De nombreuses personnes l'ont cru, et la plupart semblent toujours supposer que l'acquisition cumulative est au moins l'idéal que le développement historique afficherait s'il n'avait pas seulement été si souvent tordu par l'idiosyncrasie humaine. Il y a d'importantes raisons pour cette croyance. Dans la Section X nous découvrirons comme la vue de la science comme cumulation est étroitement liée à une épistémologie dominante qui considère la connaissance comme une construction placée directement sur des données sensibles crues par l'esprit. Et dans la Section XI nous examinerons le fort soutien fourni au même schéma historiographique par les techniques de pédagogie effective. Néanmoins, malgré l'immense plausibilité de cette image idéale, il y a toujours plus de raisons de se demander si elle peut possiblement être une image de la science. Après la période pré-paradigme l'assimilation de toutes les nouvelles théories et de presque toutes nouvelles sortes de phénomènes a en fait exigé la destruction d'un paradigme précédent et un conflit conséquent entre écoles concurrentes de pensée scientifique. L'acquisition cumulative de nouveautés non anticipées s'avère être exception quasiment inexistante à la règle du développement scientifique. L'homme qui prend la vérité historique sérieusement doit suspecter que la science ne tend pas vers l'idéal que notre image de sa cumulativité a suggéré. Peut-être est-ce une autre sorte d'entreprise.
Si, toutefois, les faits résistants peuvent nous porter aussi loin, alors un second regard à ce que nous avons déjà traité pourrait suggérer que l'acquisition cumulative de la nouveauté n'est pas seulement rare en fait mais improbable en principe. La recherche normale, qui est cumulative, doit son succès à la capacité des scientifiques à choisir régulièrement des problèmes qui peuvent être résolus avec des techniques conceptuelles et instrumentales proches de celles déjà existantes. (C'est pourquoi un souci excessif des problèmes utiles, quelle que soit leur relation à la connaissance et à la technique existantes, peut si facilement empêcher le développement scientifique.) L'homme qui tâche de résoudre un problème défini par la connaissance et la technique existantes n'est pas, cependant, simplement en train de chercher. Il sait ce qu'il veut atteindre, et il désigne ses instruments et dirige ses pensées en conséquence. La nouveauté non anticipée, la nouvelle découverte, peut émerger seulement dans la mesure où ses anticipations sur la nature et ses instruments s'avèrent être fausses. Souvent l'importance de la découverte qui en résulte sera elle-même propertionnelle à la mesure et à l'obstination de l'anomalie qui l'a annoncée. Evidemment, alors, il doit y avoir un conflit entre le paradigme qui révèle l'anomalie et celui qui plus tard rend l'anomalie comme légale. Les exemples de découverte à travers la destruction de paradigme examinés dans la Section VI ne nous ont pas confrontés au simple accident historique. Il n'y a aucune autre moyen effectif par lequel les découvertes peuvent être générées.
Le même argument s'applique encore plus clairement à l'invention de nouvelles théories. Il n'y a, en principe, que trois types de phénomènes au sujet desquels une nouvelle théorie peut être développée. Le premier est constitué de phénomènes déjà bien expliqués par des paradigmes existants, et ceux-ci fournissent rarement le motif ou le point de départ de construction de théorie. Quand c'est le cas, comme ça l'est avec les trois fameuses anticipations traitées à la fin de la Section VII, les théories qui en résultent sont rarement acceptées, car la nature ne fournit aucune base de discrimination. Une seconde classe de phénomènes est constituée de ceux dont la nature est indiquée par des paradigmes existants mais dont les détails ne peuvent être compris que par davantage d'articulation de théorie. Ceux-ci sont les phénomènes auxquels les scientifiques directent la plupart de leur recherche, mais cette recherche vise à l'articulation de paradigmes existants plutôt qu'à l'invention de nouveaux paradigmes. Seulement quand ces tentatives à l'articulation échouent les scientifiques rencontrent le troisième type de phénomènes, les anomalies reconnues dont la caractéristique est leur refus obstinant à l'assimilation aux paradigmes existants. Seul ce type provoque de nouvelles théories. Des paradigmes fournissent tous les phénomènes sauf les anomalies avec une place déterminée par théorie dans le champ de vision du scientifique.
Mais si de nouvelles théories sont invoquées pour résoudre des anomalies dans la relation d'une théorie existante à la nature, alors la nouvelle théorie réussie doit quelque part permettre des prévisions qui sont différentes de celles dérivées de son prédécesseur. Cette différence ne pourrait pas avoir lieu d'être si les deux étaient logiquement compatibles. Dans le processus d'assimilation, la seconde doit déplacer la première. Même une théorie comme la conservation d'énergie, qui semble aujourd'hui être une superstructure logique qui est reliée à la nature seulement par des théories indépendamment établies, ne s'est pas développée historiquement sans destruction de paradigme. Au lieu de cela, elle a émergé d'une crise dans laquelle un ingrédient essentiel était l'incompatibilité entre la dynamique newtonienne et certaines conséquences récemment formulées de la théorie calorique de la chaleur. Seulement après que la théorie calorique avait été rejetée la conservation d'énergie pouvait-elle faire partie de la science. Et seulement après qu'elle avait fait partie de la science pendant un certain temps pouvait-elle sembler être une théorie d'un type logiquement plus élevé, non en conflit avec ses prédécesseurs. Il est difficile de voir comme de nouvelles théories pourraient surgir sans ces changements destructifs de croyances au sujet de nature. Bien que l'inclusivité logique demeure une vue permise de la relation entre les théories scientifiques successives, c'est une implausibilité historique.
KUHN, Thomas. The Nature and Necessity of Scientific Revolutions. In The Structure of Scientific Revolutions. University of Chicago Press, 1962.
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toujours plus de raisons de se demander si elle peut possiblement être une image de la science.
Après la périodepré-paradigme l'assimilation de toutes les nouvelles théories et de presque toutes nouvelles sortes de phénomènes aen fait exigé la destruction d'un paradigme précédent et un conflit conséquent entre écoles concurrentes de penséescientifique.
L'acquisition cumulative de nouveautés non anticipées s'avère être exception quasiment inexistante à larègle du développement scientifique.
L'homme qui prend la vérité historique sérieusement doit suspecter que lascience ne tend pas vers l'idéal que notre image de sa cumulativité a suggéré.
Peut-être est-ce une autre sorted'entreprise.
Si, toutefois, les faits résistants peuvent nous porter aussi loin, alors un second regard à ce que nous avons déjàtraité pourrait suggérer que l'acquisition cumulative de la nouveauté n'est pas seulement rare en fait maisimprobable en principe.
La recherche normale, qui est cumulative, doit son succès à la capacité des scientifiques àchoisir régulièrement des problèmes qui peuvent être résolus avec des techniques conceptuelles et instrumentalesproches de celles déjà existantes.
(C'est pourquoi un souci excessif des problèmes utiles, quelle que soit leurrelation à la connaissance et à la technique existantes, peut si facilement empêcher le développement scientifique.)L'homme qui tâche de résoudre un problème défini par la connaissance et la technique existantes n'est pas,cependant, simplement en train de chercher.
Il sait ce qu'il veut atteindre, et il désigne ses instruments et dirige sespensées en conséquence.
La nouveauté non anticipée, la nouvelle découverte, peut émerger seulement dans lamesure où ses anticipations sur la nature et ses instruments s'avèrent être fausses.
Souvent l'importance de ladécouverte qui en résulte sera elle-même propertionnelle à la mesure et à l'obstination de l'anomalie qui l'aannoncée.
Evidemment, alors, il doit y avoir un conflit entre le paradigme qui révèle l'anomalie et celui qui plus tardrend l'anomalie comme légale.
Les exemples de découverte à travers la destruction de paradigme examinés dans laSection VI ne nous ont pas confrontés au simple accident historique.
Il n'y a aucune autre moyen effectif par lequelles découvertes peuvent être générées.
Le même argument s'applique encore plus clairement à l'invention de nouvelles théories.
Il n'y a, en principe, quetrois types de phénomènes au sujet desquels une nouvelle théorie peut être développée.
Le premier est constituéde phénomènes déjà bien expliqués par des paradigmes existants, et ceux-ci fournissent rarement le motif ou lepoint de départ de construction de théorie.
Quand c'est le cas, comme ça l'est avec les trois fameuses anticipationstraitées à la fin de la Section VII, les théories qui en résultent sont rarement acceptées, car la nature ne fournitaucune base de discrimination.
Une seconde classe de phénomènes est constituée de ceux dont la nature estindiquée par des paradigmes existants mais dont les détails ne peuvent être compris que par davantaged'articulation de théorie.
Ceux-ci sont les phénomènes auxquels les scientifiques directent la plupart de leurrecherche, mais cette recherche vise à l'articulation de paradigmes existants plutôt qu'à l'invention de nouveauxparadigmes.
Seulement quand ces tentatives à l'articulation échouent les scientifiques rencontrent le troisième typede phénomènes, les anomalies reconnues dont la caractéristique est leur refus obstinant à l'assimilation auxparadigmes existants.
Seul ce type provoque de nouvelles théories.
Des paradigmes fournissent tous lesphénomènes sauf les anomalies avec une place déterminée par théorie dans le champ de vision du scientifique.
Mais si de nouvelles théories sont invoquées pour résoudre des anomalies dans la relation d'une théorie existante àla nature, alors la nouvelle théorie réussie doit quelque part permettre des prévisions qui sont différentes de cellesdérivées de son prédécesseur.
Cette différence ne pourrait pas avoir lieu d'être si les deux étaient logiquementcompatibles.
Dans le processus d'assimilation, la seconde doit déplacer la première.
Même une théorie comme laconservation d'énergie, qui semble aujourd'hui être une superstructure logique qui est reliée à la nature seulementpar des théories indépendamment établies, ne s'est pas développée historiquement sans destruction de paradigme.Au lieu de cela, elle a émergé d'une crise dans laquelle un ingrédient essentiel était l'incompatibilité entre ladynamique newtonienne et certaines conséquences récemment formulées de la théorie calorique de la chaleur.Seulement après que la théorie calorique avait été rejetée la conservation d'énergie pouvait-elle faire partie de lascience.
Et seulement après qu'elle avait fait partie de la science pendant un certain temps pouvait-elle semblerêtre une théorie d'un type logiquement plus élevé, non en conflit avec ses prédécesseurs.
Il est difficile de voircomme de nouvelles théories pourraient surgir sans ces changements destructifs de croyances au sujet de nature.Bien que l'inclusivité logique demeure une vue permise de la relation entre les théories scientifiques successives,c'est une implausibilité historique.
KUHN, Thomas.
The Nature and Necessity of Scientific Revolutions.
In The Structure of Scientific Revolutions.University of Chicago Press, 1962..
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