Kosovo.
Publié le 20/04/2013
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massacre de 45 civils kosovars crée une vive émotion, et la pression militaire de l’OTAN s’accroît.
Le Groupe de contact organise à Londres en janvier, à Rambouillet enfévrier, et à Paris en mars, des pourparlers auxquels participent les autorités yougoslaves et les principales formations albanaises, dont l’UCK.
3.5 La transformation du conflit en guerre
Entériné par l’UCK, l’accord final du 15 mars 1999 est rejeté par la Yougoslavie, qui refuse la présence des forces de l’OTAN.
Une ultime tentative menée par le médiateurRichard Holbrooke échoue et, alors que les forces serbes ont pénétré au Kosovo et que les observateurs de l’OSCE quittent la province, l’OTAN déclenche l’opération « Forcealliée », le 23 mars.
Huit pays — Allemagne, Canada, Espagne, États-Unis (ceux-ci apportant l’essentiel des forces et des armements), France, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni — participent aux opérations aériennes qui visent, tout d’abord, les cibles militaires de la Yougoslavie.
Opposée à la décision des puissances occidentales, la Russie, qui gèle sa coopération avec l’OTAN, tente, le 30 mars, une médiation politique, qui se solde par un échec.
LaChine proteste également contre cette opération, qui n’a pas reçu formellement l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies.
Et si le gouvernement monténégrin réaffirmesa réserve vis-à-vis de la politique serbe, l’opposition démocratique serbe reste silencieuse.
Pour faire face à l’escalade de la répression serbe contre les Albanais, contraintsà l’exode, l’OTAN intensifie ses raids et multiplie et élargit ses cibles (politiques et économiques), commettant diverses « erreurs » (civils touchés ; bombardementaccidentel de l’ambassade de Chine qui attise la tension entre ce pays et les États-Unis) et entraînant un durcissement de l’action serbe.
Des dizaines de milliers depersonnes expulsées de la province (près de 900 000 selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 90 % des Albanais) affluent auxfrontières de l’Albanie, de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et du Monténégro.
Le Tribunal pénal international inculpe Slobodan Milošević et quatreautres dirigeants pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Parallèlement aux frappes aériennes qui se poursuivent sur la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Voïvodine, des tentatives diplomatiques, qui cherchent à replacer leconflit dans le cadre de l’ONU et à redonner à la Russie sa place dans la négociation, sont entreprises pour trouver une solution à la crise.
Les divergences entre l’OTAN etMiloševi ć, d’une part, et l’OTAN et la Russie, d’autre part, ralentissent les négociations.
Elles sont menées par le président finlandais Martti Ahtisaari (pour l’Unioneuropéenne) et le Russe Viktor Tchernomyrdine.
Un plan de sortie de crise préparé au sein du G8 (qui réintègre la Russie) est finalement accepté sans condition parSlobodan Miloševi ć en juin 1999, après plus de 70 jours de bombardements.
Ce plan, qui réaffirme l’appartenance du Kosovo à la République fédérale de Yougoslavie, maisinstaure de facto un protectorat international, reprend les cinq conditions posées par l’OTAN sur la base des accords de Rambouillet : l’arrêt des exactions contre la population civile du Kosovo, le retrait des forces militaires et paramilitaires serbes de la province, le retour dans leurs foyers de tous les réfugiés, la mise en place d’unstatut d’autonomie pour le Kosovo et le déploiement d’une force multinationale de maintien de la paix (la KFOR).
Il est voté par le Conseil de sécurité de l’ONU(résolution 1244, 10 juin 1999).
Selon l’accord, le Kosovo est, par ailleurs, divisé en cinq zones, dont le commandement est confié aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l’Italie et à l’Allemagne,mais le rôle et la place du contingent russe restent l’objet de divergences.
En juin, quand les forces de la KFOR pénètrent au Kosovo (35 000 hommes placés sous l’égide del’ONU), elles y ont été précédées par les Russes, qui seront finalement déployés dans les secteurs américain, français et allemand, ainsi que sur l’aéroport de Priština.
3.6 Le Kosovo sous administration des Nations unies
3.6. 1 L’application de la résolution 1244 de l’ONU
L’arrêt des frappes précède le retrait des forces serbes (juin 1999), souvent accompagné par l’exode de civils serbes du Kosovo ou de Tziganes (200 000 environ) craignantdes représailles de la part de l’UCK.
Celle-ci cherche à garder ses armes et à s’imposer comme pouvoir public et administratif, mais un accord est signé avec la KFOR,prévoyant la démilitarisation de cette organisation et sa transformation en force politique.
Une partie de ses hommes devrait intégrer un corps de protection duKosovo (TMK), décision qui provoque l’inquiétude des Serbes.
Selon la résolution du Conseil de sécurité, une Mission des Nations unies pour le Kosovo (Minuk) assure l’administration civile et le Français Bernard Kouchner est désignéhaut représentant de l’ONU avec, pour adjoint, l’Américain John Covey.
Avec les trois principaux partis albanais du Kosovo, mais sans les Serbes du Kosovo qui s’y refusent,la Minuk constitue, en décembre, un Conseil de 8 membres (4 Kosovars et 4 représentants de la Minuk) chargé de la direction administrative de la province, sous laprésidence de Kouchner.
Ils décident également la création de 19 départements administratifs codirigés par des représentants locaux et ceux de la Minuk.
Un bilan des violations des droits de l’homme depuis le début du conflit est dressé par le HCR et l’OSCE.
Un an après la signature du plan, les affrontementsintercommunautaires se poursuivent.
Le G8 décide d’un plan de reconstruction englobant l’ensemble des pays de la région, mais conditionne son application à la démocratisation de la Serbie.
Désireused’accélérer ce processus, l’opposition serbe manifeste, réclamant le départ de Miloševi ć et la tenue d’élections anticipées.
La chute de Miloševi ć et la victoire de l’opposition menée par Vojislav Kostunica, qui devient président de la Yougoslavie, favorisent l’évolution de la situation.
Lors desélections municipales organisées le 28 octobre 2000 par la Minuk, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), le parti du leader des Albanais modérés, Ibrahim Rugovaremporte avec 60 % des suffrages ce premier scrutin libre et démocratique depuis dix ans.
Les électeurs serbes, qui représentent moins de 10 % du corps électoral, neprennent pas part au vote, mais la participation des Albanais est massive.
Cependant, Bernard Kouchner nomme « des représentants serbes dans toutes les municipalitésoù ils vivent ».
Ces élections marquent une étape essentielle dans l’application de la résolution 1244 de l’ONU qui prévoit « une autonomie substantielle » pour le Kosovo.
Après le remplacement de Bernard Kouchner par le Danois Hans Haekkerup, en janvier 2001, l’avenir du Kosovo demeure difficile.
La population serbe, dont une grandepartie a fui vers la Serbie, est régulièrement victime de représailles de la part des Albanais et vit recluse dans des enclaves.
Dans le même temps, les rebelles albanaisétendent leur action dans le sud de la Serbie, où réside une importante minorité albanaise.
Considérée par l’OTAN comme une zone de sécurité, cette région a été aulendemain de la guerre au Kosovo interdite à l’armée yougoslave, favorisant l’essor de la rébellion albanaise qui s’est aussi étendue à la Macédoine.
Cependant, en signe debonne volonté, l’OTAN permet en avril 2001 aux troupes yougoslaves de se redéployer dans certains secteurs de la zone-tampon.
De leur côté, les autorités de Belgradelibèrent 150 Kosovars qui avaient été arrêtés lors de la retraite de l’armée yougoslave et emmenés en Serbie, où la justice les avait condamnés à de lourdes peines deprison.
3.6. 2 Ibrahim Rugova, président du Kosovo (2002-2006)
En novembre 2001, les premières élections législatives depuis la fin de la guerre en juin 1999 sont organisées au Kosovo.
1,25 million de Kosovars, dont 170 000 Serbes,sont appelés aux urnes pour élire à la proportionnelle une Assemblée législative de 120 membres, pour trois ans.
La Ligue démocratique du Kosovo (LDK), d’IbrahimRugova, donnée favorite, obtient 46,3 % des suffrages.
Le Parti démocratique du Kosovo (PDK), dirigé par l’ancien chef de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), HashimThaçi, recueille 25,5 % des suffrages et l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), 7,8 %.
Le seul parti serbe en lice, la Coalition pour le retour (Povratac), obtient 11 % dessuffrages, la participation des électeurs serbes ayant été massive.
Après plusieurs mois de blocage politique, faute de majorité parlementaire, Ibrahim Rugova est élu président du Kosovo par le Parlement le 4 mars 2002, à la suite d’uncompromis trouvé avec le nouvel administrateur de l’ONU, l’Allemand Michael Steiner.
Bajram Rexhepi, issu des rangs du PDK, devient Premier ministre.
Selon les termesde la résolution 1244 de l’ONU, le Kosovo, qui doit s’administrer sous l’égide de la Minuk, dispose d’institutions aux moyens très limités, mais Ibrahim Rugova ne cache pas.
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