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Kommandantur - Le silence de la mer

Publié le 10/10/2011

Extrait du document

p 47 – 48

 

Extrait court mais qui présente de nombreuses originalités par rapport au reste de la nouvelle et souligne la rupture que constitue le voyage à Paris (rupture qui se manifeste dans l’organisation de la nouvelle découpée en chapitres réguliers jusque là et qui, à partir de la page 47, n’est plus organisée qu’en un seul chapitre + citation d’Othello).

Unité d’une scène.

 

-> Singularité de la situation à souligner par rapport au reste de la nouvelle (voir indice de temps « Un jour ») :

• Nouvel espace -> définir ce que représente historiquement et symboliquement la Kommandantur par rapport à l’espace récurrent du salon où s’est construite l’utopie de WVE à travers ses monologues.

• Première réapparition de WVE après son séjour à Paris (Voir comment, dans les 2 § précédant l’extrait, on souligne l’attente des deux autres personnages et donc la rupture dans le rituel installé de la visite – «  cette absence ne me laissait pas l’esprit en repos » « elle non plus n’était pas exempte de pensées pareilles aux miennes »)

 

-> Une scène en contrepoint de la scène rituelle dans le salon : la scène au miroir 

• Le décor de la scène (organisation spatiale et objets)

- deux espaces [le bureau de WVE / l’antichambre dans laquelle se trouve le sergent et qui est ouverte au public = où le narrateur est venu pour faire « une quelconque déclaration de pneus]

- précision du décor réduite à deux éléments : la « petite table » à laquelle est assis le sergent et surtout « un haut miroir au mur » (comme pour le chapitre deux, pas de détail dans un but réaliste)

=> le miroir va jouer un rôle dramatique dans la scène (apparition de WVE comme une image -> mise à distance de l’homme – dans son humanité – qui s’est progressivement imposé dans les chapitres précédents)

=> l’organisation spatiale (en deux espaces) manifeste le dispositif théâtral : WVE apparaît au narrateur (« WVE sortit de son bureau ») et à la fin du § sort de scène (« et il regagna en clochant son bureau où il s’enferma »)

• Les personnages

- Le narrateur : contrairement au chapitre deux où le narrateur était en position d’observation, le personnage est ici engagé plus nettement dans la scène -> « je restais là … sans savoir pourquoi, curieusement ému, attendant je ne sais quel dénouement ».

Il n’est pas seulement témoin de la scène. (« il ne me vit pas / J’entendais / je voyais »)

Il devient partie prenante de l’échange (« Ses yeux se levèrent … pendant quelques secondes nous nous regardâmes… il pivota et me fit face… sans pour autant me quitter des yeux »)

- WVE : cette réapparition du personnage doit manifester clairement pour le lecteur la rupture et montrer les traces physiques du désespoir dans lequel WVE est plongé à l’issue de son voyage à Paris. La description qui est faite présente une image radicalement différente de celle qui a été construite dans les chapitres deux et suivants.

* apparition au miroir : une image fantomatique (le visage pâle et tiré)

* le mouvement accablé du corps : lever avec lenteur légèrement la main / laisser retomber / secouer imperceptiblement / esquisser une inclination du buste

* la perte d’assurance : irrésolution pathétique / regard à terre

=> C’est donc un homme abattu, privé de parole (aphasie) comme bâillonné (voir comment dans la scène suivante – la dernière soirée, l’« affreuse oppression » p 55 va se manifester dans la prise de paroles de WVE). WVE, qui jusque là avait tenté de se rapprocher de son hôte, reste à distance. L’impossibilité à communiquer se manifeste par le dernier mot du § « il s’enferma ». D’autre part, un détail renforce la dimension pathétique de la sortie de scène du personnage : le narrateur rappelle le boitement du personnage (« en clochant » = marcher en boitant).

NB : commenter le choix des mots relevés en italiques

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