Kant: cette joie prise au malheur d’autrui
Publié le 17/07/2018
Extrait du document
Vous dégagerez l’intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée :
« De cette joie prise au malheur d’autrui, la plus douce est le désir de vengeance, qui consiste, avec l’apparence du meilleur droit, et même de l’obligation (par amour du droit) à se proposer pour fin, même sans avantage personnel, le malheur d’autrui,
Toute action qui lèse le droit d’un homme mérite un châtiment, par lequel le crime est vengé dans la personne du coupable (et le châtiment ainsi ne répare pas seulement le dommage causé). Mais le châtiment n’est pas un acte de l’autorité privée de l’offensé, mais celui d’un tribunal distinct de lui, qui donne effet aux lois d’un pouvoir supérieur à tous ceux qui y sont soumis, et si nous considérons (comme cela est nécessaire dans l’éthique) les hommes dans un état juridique, déterminé seulement par de simples lois de la raison (et non d’après des lois civiles), personne n’a le droit d’infliger des châtiments et de venger l’offense supportée par les hommes, si ce n’est celui qui est le suprême législateur moral et celui-ci seul (je veux dire Dieu) peut dire : « La vengeance m’appartient, je vengerai. » C’est donc un devoir de vertu non seulement de ne pas répliquer, simplement par vengeance, à l’inimitié des autres par de la haine, mais encore même de ne pas demander au juge du monde de nous venger et cela en partie parce que l’homme s’est suffisamment couvert de fautes pour avoir lui-même grand besoin de pardon et en partie aussi, mais particulièrement, parce qu’aucune peine, quel que soit son objet, ne doit jamais être dictée par la haine. — C’est pourquoi le pardon est un devoir de l’homme; mais il ne doit pas être confondu avec la veule patience à supporter les offenses comme renonciation aux moyens rigoureux pour prévenir l’offense répétée d’autrui; car ce serait jeter ses droits aux pieds des autres et violer le devoir de l’homme envers lui-même. »
KANT
«
• Pourquoi est-ce «un devoir de vertu » de «ne pas demander
au juge du monde de nous venger »?
• En quoi « le pardon » est-il « un devoir de l'homme »? .
- (En quoi est-ce la conséquence de tout ce qui précède dans
le texte ...
)?
• Avec quoi le pardon ne doit-il pas être confondu?
- Est-ce contradictoire de dire d'une part que le pardon est
un devoir et d'autre part qu'il ne faut pas renoncer « aux
moyens rigoureux pour prévenir l'off ense répétée d'autrui?
- Passe-t-on alors du plan de l'éthique ( « des simples lois de
la raison » ?) au plan civil ( « lois civiles » ?) ?
- Cette distinction fait-elle difficulté ?
• En quoi ce texte présente -t-il un intérêt philoso phique ?.
»
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