JOURNAL LITTÉRAIRE de Paul Léautaud

JOURNAL LITTÉRAIRE. L'écrivain français Paul Léautaud (1872-1956) tint ce Journal de 1893 jusqu'à sa mort : (dix-neuf tomes publiés de 1954 à 1966). Léautaud n'a nullement cherché à se poser ici en historien des idées, ni même en mémorialiste. Sans doute il ne manque jamais l'occasion de nous donner quelque ragot scandaleux sur ses confrères, mais la vie littéraire se réduit pour lui au petit monde du Mercure de France, à quelques familiers tels que Vallette, Rachilde, Schwob, Gourmont. A vrai dire, comme il ne manque pas de le proclamer, un seul personnage intéresse Léautaud, et c'est lui-même. S'il n'a rien d'un esprit supérieur, ni d'une grande âme, au moins est-ce un homme honnête, pauvre, farouchement indépendant et surtout d'une sincérité peu commune. Sa vie privée se résume en de banals dévergondages érotiques. Son registre de sentiments, ou plutôt de sensations (car il se méfie de tout ce qui pourrait ressembler à de l'amour ou de la tendresse). est assez limité. Il dit peu, mais il dit tout, indemne de tout scrupule moral ou mondain, indifférent au scandale, avec une sorte de cynisme ingénu. Il n'y a guère que dans le Journal de Stendhal qu'on trouverait un style aussi vif et aussi direct, ainsi qu'une telle précision psychologique.