...... J'avoue qu'il ne m'en fallut pas davantage pour présumer fortement l'innocence de la famille.
Publié le 02/02/2013
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...... J'avoue qu'il ne m'en fallut pas davantage pour présumer fortement l'innocence de la famille. Je pris de nouvelles informations de deux négociants de Genève, d'une probité reconnue, qui avaient logé à Toulouse chez Calas. Ils me confirmèrent dans mon opinion. Loin de croire la famille Calas fanatique et parricide, je crus voir que c'étaient des fanatiques qui l'avaient accusée et perdue. Je savais depuis longtemps de quoi l'esprit de parti et la calomnie sont capables. Mais quel fut mon étonnement, lorsqu'ayant écrit en Languedoc sur cette étrange aventure, et catholiques et protestants me répondirent qu'il ne fallait pas douter du crime des Calas. Je ne me rebutai point. Je pris la liberté d'écrire à ceux-mêmes qui avaient gouverné la province, à des commandants de provinces voisines, à des ministres d'État ; tous me conseillèrent unanimement de ne me point mêler d'une si mauvaise affaire ; tout le monde me condamna et je persistai : voici le parti que je pris. La veuve de Calas, à qui pour comble de malheur et d'outrage on avait enlevé ses filles, était retirée dans une solitude où elle nourrissait de ses larmes, et où elle attendait la mort. Je ne m'informai point si elle était attachée ou non à la religion protestante, mais seulement si elle croyait un dieu rémunérateur de la vertu et vengeur des crimes. Je lui fis demander si elle signerait, au nom de ce dieu, que son mari était mort innocent ; elle n'hésita pas. Je n'insistai pas non plus. Je priai M. Mariette de prendre au conseil du roi sa défense. Il fallait tirer madame Calas de sa retraite, et lui faire entreprendre le voyage de Paris. On vit alors que s'il y a de grands crimes sur la terre, il y a autant de vertus, et que si la superstition produit d'horribles malheurs, la philosophie les répare. Voltaire. Lettre (à M. d'Am...)
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