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Jacques Tardi c'était la guerre des tranchées

Publié le 05/05/2013

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Biographie : Jacques Tardi est né en 1946, et fait ses débuts de dessinateur dans les années 70. Son père, militaire de carrière, finira par refuser d’aller en Indochine et démissionner. Hanté par la 1ère Guerre Mondiale (son grand-père y a été gazé) , Tardi y consacre ses œuvres les plus fortes, dans lesquelles il utilise des noirs et des blancs très contrastés. La composition de C’était la guerre des tranchées (Casterman, 1993), œuvre particulièrement documentée, lui a demandé dix années de travail. Les œuvres ayant fait son succès sont : -Adèle et la Bête -Le Der des Ders -Le cri du peuple -Varlot Soldat   Analyse de l’œuvre : Le document présenté se compose de 3 planches de bande-dessinée, offrant chacune 3 vignettes de format identique. C’est donc une disposition très régulière que l’on observe sur ces quelques pages. Un autre élément d’unité est le choix du noir et blanc et du trait net, mais lourd et épais. L’écrit a une part importante : par les bulles bien sûr, mais aussi par la reproduction des courriers que s’envoient les deux personnages principaux. > Le récit : Ces planches présentent la guerre à travers le regard croisé d’un couple : lui, Pierre est sur le front ; elle, Edith, travaille en usine à Paris. Seules les deux premières vignettes et la dernière évoquent la situation désespérée de Pierre : blessé, il se trouve pris dans des barbelés au milieu du no-man’s land. Les deux soldats français qui, dans la dernière image, l’observent depuis leur tranchée confirment qu’il ne s’en tirera pas…Les six vignettes centrales présentent Edith, d’abord à l’usine d’armement où elle lit la carte de son mari et y répond, puis sur le chemin du retour chez elle. Elle est comme encadrée par les images de son mari, mais ignore qu’au moment où elle reçoit sa carte et pense à lui, il est en train de mourir… > Les personnages : Pierre, enchevêtré dans les barbelés, l’uniforme déchiré, incapable de bouger, est une représentation bien éloignée du soldathéroïque classique plein de noblesse : Tardi nous montre un homme qui souffre, aux traits un peu grossiers et dans une posture à la fois tragique et grotesque.Edith est présentée comme un personnage un peu éteint : yeux baissés, visage fermé et sans expression. Elle semble accablée par sa situation. ( voir notamment la 5ème vignette : par le jeu des proportions, elle est comme « écrasée « entre le panneau qui ordonne le silence sur la guerre à la population et les mots de son époux) > Le graphisme : Les trois premières vignettes présentent de grandes similitudes graphiques : les poteaux et barbelés produisent le même effet d’emprisonnement, d’écrasement que les machines de l’usine. Dans les deux cas, les personnages semblent privés de leur liberté et de leur personnalité. De même, on peut comparer les deux dernières vignettes : Edith observe la vitrine, ces richesses auxquelles elle n’a pas accès ; les deux camarades de Pierre le regardent mourir, ils sont comme spectateurs et démunis face à leur impuissance. On remarquera aussi que le lecteur s’est lui aussi comme éloigné du soldat agonisant : d’homme souffrant, avec un visage dans les premières vignettes, il n’est plus qu’une silhouette indistincte à la fin. C’est une forme de déshumanisation, d’ailleurs le récitatif de la dernière vignette présente cette comparaison : « on aurait dit un insecte pris dans une toile d’araignée «. > Les courriers :La carte de Pierre évoque le quotidien du soldat : les colis reçus, le cantonnement, la fatigue, mais sans plaintes ni apitoiement sur son sort. A vrai dire, son ton est plutôt optimiste : il évoque sa prochaine permission et le cadeau qu’il aimerait offrir à sa femme. Est-ce un optimisme réel ou un effet de la censure militaire ?…La réponse d’Edith est plus pessimiste et critique cette guerre ainsi que les « embusqués «. Elle évoque davantage aussi le déchirement de la séparation d’avec l’homme qu’elle aime et dont elle espère le retour. > Le réalisme : En dehors de l’évocation très directe des conditions de vie au front comme à l’arrière, on peut relever de nombreux éléments réalistes qui contribuent à faire de cette BD un témoignage poignant : - le registre de langue familier, voire même vulgaire ( ex : dernière vignette, le récitatif) - des personnages communs, ordinaires pris comme héros ( on peut parler ici d’ « anti-héros «) - la reproduction des courriers ( mise en page de la carte et de la lettre, écritures et même fautes d’orthographe) - les choix graphiques ( traits et couleurs) CONCLUSION : A travers le support original de la BD, Tardi nous offre un vrai témoignage historique, mais aussi une vision critique et sans complaisance de la 1ère guerre Mondiale. Les images et les mots qui s’allient ici rendent le récit particulièrement crédible et poignant.   Contexte ( historique, social, artistique…) : Près de 80 ans séparent l’œuvre de Tardi des événements de la 1ère guerre Mondiale qui y sont évoqués. Avec le support assez inattendu de la bande-dessinée, il aborde des sujets sensibles : l’impuissance et les souffrances des soldats, le cas des soldats fusillés pour l’exemple…L’absurdité de ce conflit est largement mise en évidence.   Œuvres traitants du même thème : -La tranchée, résumé : Sauveur Albertini fait parti de la police militaire. Il s'égare et se retrouve dansun abri de tranchée juste au moment où un meurtre est commis. Il est chargé de mener l'enquête. Mais les assauts reprennent et il se retrouve sur le front pour la première fois. Il découvre l'horreur et l’absurdité de la guerre. -Paroles de poilus : Lettres et carnets du front 1914-1918, résumé : Les lettres des poilus, ces combattants de la première guerre mondiale, témoignent de l'horreur qu'ils ont vécu. Mobilisés entre 1914 et 1918, ils évoquent leur quotidien, le froid, la faim, les champs de bataille, les blessures et la mort qui rôde mais aussi le temps des permissions. Vingt lettres sont reproduites dans cet album et adaptées en bande dessinée par différents auteurs et illustrateurs.  

« centrales présentent Edith, d'abord à l'usine d'armement où elle lit la carte de son mari et y répond, puis sur le chemin du retour chez elle.

Elle est comme encadrée par les images de son mari, mais ignore qu'au moment où elle reçoit sa carte et pense à lui, il est en train de mourir... > Les personnages : Pierre, enchevêtré dans les barbelés, l'uniforme déchiré, incapable de bouger, est une représentation bien éloignée du soldathéroïque classique plein de noblesse : Tardi nous montre un homme qui souffre, aux traits un peu grossiers et dans une posture à la fois tragique et grotesque.Edith est présentée comme un personnage un peu éteint : yeux baissés, visage fermé et sans expression.

Elle semble accablée par sa situation.

( voir notamment la 5ème vignette : par le jeu des proportions, elle est comme « écrasée » entre le panneau qui ordonne le silence sur la guerre à la population et les mots de son époux) > Le graphisme : Les trois premières vignettes présentent de grandes similitudes graphiques : les poteaux et barbelés produisent le même effet d'emprisonnement, d'écrasement que les machines de l'usine.

Dans les deux cas, les personnages semblent privés de leur liberté et de leur personnalité.

De même, on peut comparer les deux dernières vignettes : Edith observe la vitrine, ces richesses auxquelles elle n'a pas accès ; les deux camarades de Pierre le regardent mourir, ils sont comme spectateurs et démunis face à leur impuissance.

On remarquera aussi que le lecteur s'est lui aussi comme éloigné du soldat agonisant : d'homme souffrant, avec un visage dans les premières vignettes, il n'est plus qu'une silhouette indistincte à la fin.

C'est une forme de déshumanisation, d'ailleurs le récitatif de la dernière vignette présente cette comparaison : « on aurait dit un insecte pris dans une toile d'araignée ». > Les courriers :La carte de Pierre évoque le quotidien du soldat : les colis reçus, le cantonnement, la fatigue, mais sans plaintes ni apitoiement sur son sort.

A vrai dire, son ton est plutôt optimiste : il évoque sa prochaine permission et le cadeau qu'il aimerait offrir à sa femme.

Est-ce un optimisme réel ou un effet de la censure militaire ?...La réponse d'Edith est plus pessimiste et critique cette guerre ainsi que les « embusqués ».

Elle évoque davantage aussi le déchirement de la séparation d'avec l'homme qu'elle aime et dont elle espère le retour.. »

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