j-j rousseau la nouvelle heloise
Publié le 14/01/2011
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Ce texte de Jean-Jacques Rousseau est extrait de Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1761. Il y est question du désir. L’auteur se livre à deux descriptions la description tout d’abord de l’état de désir, c’est-à-dire lors de l’absence de ce qui est désiré l’imagination pallie à cette absence en embellissant l’image de ce qui est désiré. Ensuite, Rousseau décrit l’état dans lequel on se trouve lorsque l’on vient à posséder ce qui était désiré la réalité ne peut rivaliser avec la beauté qu’avait produite l’imagination. Rétrospectivement, on se rend compte qu’il n’y a illusion et beauté que lors du désir et que le plaisir qu’elles procurent est bien supérieur à celui de la possession et de la jouissance de l’objet désiré. Pour Rousseau, la vie ne vaut vraiment d’être vécue que si elle est emplie de désirs. > Ce texte s’organise en trois moments ; dans un premier moment. des lignes I à 3, il nous est dit que le bonheur est dans le désir plus que dans la possession de ce qui est désiré. Dans un second moment, des lignes 3 à 12 Rousseau démontre que l’homme est fait pour désirer; sa capacité à désirer, en effet, lui rend comme présent l’objet de son désir tandis que la possession donc qu’il désire détruit la beauté qu’avait produite l’imagination. Enfin, dans un dernier moment, des lignes 13 à 17, l’auteur procède à une généralisation et conclut que vivre, pour l’homme, ce n’est pas jouir de tout niais c’est essentiellement éprouver du désir, c’est à dire éprouver l’absence de ce dont on voudrait jouir. > Nous nous proposons de faire une explication linéaire et détaillée de ce texte. Suivra une réflexion personnelle à propos de cette caractéristique humaine décrite par Rousseau ; caractéristique qui amène l’homme à anticiper, à imaginer, à rendre comme présent ce qui pourtant est absent et qui est peut-être à l’origine de sa créativité tant artistique que technologique: > l’homme est-il cet animal très particulier qui se distingue des autres animaux par sa capacité à changer son milieu et à se changer lui-même parce qu’il est un être de désir, c’est-à-dire un are éternellement insatisfait ? Que manque-t-il à l’homme pour qu’il désire tant ? > «Malheur à qui n’a plus rien à désirer o (L. 1), déclare Rousseau la phrase sonne comme une sentence et une mise en garde. Or elle semble heurter le sens commun. En effet, le désir est généralement considéré comme le moment qui précède la satisfaction, moment fait d’angoisse mais aussi de doute car tant qu’on n’a pas obtenu ce qu’on désirait, on n’a rien et on est donc, sinon malheureux, tout du moins dans l’attente d’un bonheur à venir. Ce sens commun est hérité de l’étymologie du mot « désir». «Désir» vient en effet de « desiderare » en latin, qui signifie « le regret de l’absence du ciel étoilé », l’avenir étant lu dans les étoiles, alors, par certains devins. Or Rousseau nous prédit le malheur non pendant le désir, ce qui s’accorderait avec l’idée d’angoisse et d’attente contenue dans le mot « désir», mais au contraire malheur si l’on « n’a plus rien à désirer » (L. 1) Il faut donc comprendre que le bonheur est dans le désir. Comment expliquer ce paradoxe ? La phrase suivante propose une première explication celui qui n’a plus rien à désirer « perd (...) tout ce qu’il possède» (L. 1-2). Le paradoxe semble s’accroître: car que peut perdre celui qui désire, c’est-à-dire celui qui ne possède pas encore ce qu’il souhaite ? Apparemment, il ne peut rien perdre. Plus encore, on pourrait penser que celui qui n’a plus rien à désirer est ainsi libéré de tout désir, de toute attente, de toute angoisse quant à l’obtention de ce qu’il désire : il devrait non pas perdre mais gagner en bonheur, en indépendance et en liberté... Les lignes suivantes fournissent un complément d’explication. (On remarque à ce propos que Rousseau s’explique non pas de manière directe mais par le biais d’une suite de phrases qui contribuent à installer une logique sous-jacente.) « On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère » (L. 2): > Rousseau a bien en vue la notion de jouissance, qui peut s’apparenter an plaisir. Mais cette jouissance, curieusement, ne vient pas avec l’obtention, « on obtient» (L. 2) de ce qui était désiré mais elle surgit avec l’espérance « on espère » (L. 2), c’est-à-dire lors de l’attente qui caractérise le désir de quelque chose ou de quelqu’un. Ainsi, Rousseau semble privilégier seulement le sens optimiste de l’étymologie du mot « désir», c’est-à-dire l’attente emplie d’espoir. Le sens pessi...
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