islamique, philosophie - philosophie.
Publié le 08/05/2013
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Des commentateurs comme Averroès étaient particulièrement appréciés pour leur interprétation d'Aristote, le philosophe de loin le plus estimé à l'époque.
Selon le courant connu sous le nom d'« averroïsme radical » ou de la « théorie de la double
vérité », d'après laquelle les propositions religieuses et philosophiques sont incompatibles bien qu'elles soient vraies toutes deux.
Dépassant le cadre de la philosophie d'Averroès proprement dite, cette théorie exerça une influence décisive sur la
séparation qui finit par s'opérer entre philosophie et religion dans la philosophie européenne.
Averroès, pour sa part, considérait que la religion et la philosophie sont deux voies différentes conduisant au même but — le salut —, la contradiction entre
les deux n'étant qu'apparente.
Seul le philosophe est en mesure de comprendre comment ces deux approches divergentes peuvent être réconciliées par la raison, et il n'est nul besoin d'ébranler la foi du simple croyant par de telles considérations.
Car
cela ne susciterait que méfiance à l'égard de l'orthodoxie du philosophe ou affaiblissement de la foi du croyant.
Deux conséquences indésirables que le philosophe doit veiller à éviter en donnant une expression mesurée de ses vues.
6 PHILOSOPHIE ET SAGESSE
L'arabe possède deux mots pour « philosophie », qui représentent de façon significative la distinction entre les deux principaux types d'approches philosophiques.
Le terme falsafa a été nouvellement forgé pour désigner le mot grec philosophia. Le mot
arabe hikma, de son côté, signifie « sagesse » au sens le plus large et peut s'appliquer à toute une gamme d'œuvres philosophiques plus orientées vers le mysticisme et à une méthode de philosophie qui appréhende la réalité en vue de transformer
l'âme et qui n'est jamais complètement étrangère à la recherche d'une pureté spirituelle.
Cette forme de philosophie a toujours eu sa place dans le monde islamique, notamment en Perse et en Inde, où elle se perpétua après le déclin de la philosophie
péripatéticienne au XII e siècle.
Si la hikma s'est développée dans les directions les plus diverses, on peut y distinguer les courants soufiste et illuminationniste, qui l'un et l'autre cherchent non seulement à comprendre rationnellement le monde mais s'interrogent aussi sur la crainte
qui habite l'homme face au mystère divin de l'univers.
Les principaux penseurs de ces courants sont Ibn Arabi, Suhrawardi, et Mulla Sadra, et cette forme de philosophie s'est avérée particulièrement populaire dans la partie chiite du monde islamique.
Apparue lorsque les musulmans commencèrent à s'interroger sur le sens profond de leur religion, elle s'est perpétuée jusqu'à nos jours, florissant particulièrement en Iran.
7 HÉRÉSIE ET PHILOSOPHIE
La critique de la philosophie péripatéticienne débuta dans la seconde moitié du XIe siècle et atteignit son apogée avec le traité Incohérence des philosophes d'al-Ghazali.
Il soutenait que les philosophes défendent des idées qui sont ou hérétiques, ou
contraires à la vérité de l'islam.
Mais loin d'en faire le cœur de sa critique, il s'efforçait plutôt de montrer que les principales thèses philosophiques ne sont pas consistantes, même à l'aune de leurs propres raisonnements, preuve que les principes de la
religion ne sont pas rationnellement menacés par les idées philosophiques.
Dans sa critique de la philosophie, il distinguait la philosophie de la logique, soutenant que celle-ci joue un rôle important dans la compréhension des questions religieuses.
D'autres contempteurs de la philosophie, comme Ibn Taymiyya, ont été jusqu'à critiquer la logique.
Mais dans l'ensemble, la tradition péripatéticienne de la philosophie a décliné dans le monde islamique sunnite tout en gagnant d'autres secteurs de la
vie intellectuelle, comme la jurisprudence, avant de connaître un renouveau au XIX e siècle dans le cadre du mouvement de la Renaissance islamique (Nahda).
8 RAISON ET RÉVÉLATION
La question de savoir quelle est la nécessité de la philosophie, dans la mesure où l'islam enseigne au croyant tout ce qu'il a besoin de savoir, a souvent menacé le rôle de la philosophie islamique et a suscité un certain nombre de réponses.
Tout
d'abord, l'islam se présente comme une foi rationnelle et le Coran appelle constamment le lecteur à examiner les preuves qu'il avance à l'aide de la raison.
Si l'islam tient la raison en si grande estime, on est en droit de supposer que la philosophie est
une activité importante pour les musulmans.
En second lieu, si le prophète Mahomet est le dernier prophète, comme le veut l'islam, c'est que Dieu souhaite que les hommes fassent usage de leur raison pour comprendre la nature du réel.
Aucune
nouvelle prophétie ne pouvant les aider à comprendre l'univers, il faut qu'ils s'en remettent à l'islam et à leur propre raison, ce qui, en retour, implique qu'il n'y a pas d'incompatibilité fondamentale entre la religion et la raison.
9 LA PHILOSOPHIE ISLAMIQUE MODERNE : LE MONDE ARABE
Une des tâches principales de la philosophie dans le monde islamique depuis le XIX e siècle a été de comprendre la question de son déclin relatif, voire de sa décadence, par rapport à l'Occident.
Le mouvement de renaissance Nahda a cherché à allier
les principaux acquis de la civilisation européenne moderne et ceux de la culture islamique classique, dont la philosophie qui avait précédé l'impérialisme et les siècles de décadence.
Jamal al-Din al-Afghani et le cheikh Muhammad Abduh ont tous
deux défendu l'essence rationnelle de l'islam, qui peut donc être maintenu à côté des formes de pensée scientifique de l'Occident.
Parallèlement au regain de la philosophie islamique péripatéticienne, nombre des courants majeurs de la philosophie
occidentale ont été intégrés au monde islamique, processus qui se poursuit de nos jours.
De même, de nombreux philosophes islamiques adoptent des thèses de la philosophie occidentale pour comprendre les problèmes théoriques qui se posent à
eux.
10 LA PHILOSOPHIE ISLAMIQUE MODERNE : LA PERSE
Un des penseurs les plus influents du XXe siècle en Iran a été le Français Henry Corbin, qui a très largement contribué au renouveau de la tradition perse en philosophie.
Il a montré qu'il existait une école pérenne de sagesse philosophique alliant à la
fois des idées de la religion perse pré-islamique et des idées des soufistes et des illuminationnistes.
Cette sagesse (hikma) est liée au symbole de la lumière (d'où le nom d'« illuminationniste » donné à ce type de philosophie), qui représente une voie
par laquelle les individus peuvent accéder à la compréhension de leurs besoins spirituels et des principes fondamentaux de l'humanité et de la réalité.
Toutes les religions étant fondées sur certaines idées générales, le soufisme offre aux musulmans
un moyen de s'en rapprocher.
À l'importance que donne l'islam à l'unicité de Dieu correspond l'insistance sur l'unité du réel, fondement de la critique de l'approche scientifique occidentale de la nature, qui tend à instrumentaliser et à exploiter celle-ci.
La philosophie islamique a une conception fondamentalement moniste de l'humanité et du monde et est portée par le souci de comprendre la totalité spirituelle de l'humanité.
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