indo-européennes, langues - Langues et Linguistique. 1 PRÉSENTATION indo-européennes, langues, famille de langues la plus parlée dans le monde, comprenant les groupes albanais, arménien, balte, celtique, germanique, grec, indo-iranien, italique (dont les langues romanes), slave et deux groupes éteints : l'anatolien (dont le hittite) et le tokharien. Aujourd'hui, environ mille six cents millions de personnes parlent des langues indo-européennes. Selon Joseph Greenberg, l'indo-européen est apparenté à un vaste ensemble de langues parlées en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, qu'il appelle la famille eurasiatique. 2 RECONSTITUTION DE LA FAMILLE INDO-EUROPÉENNE La famille indo-européenne, qui n'est, pour les linguistes, qu'une famille parmi d'autres dans les nombreuses familles de langues du monde, a joué un rôle capital dans l'histoire de la linguistique. En effet, elle fut la première famille de langues a être identifiée formellement comme la descendance d'une langue originelle commune, que l'on appelle aujourd'hui le proto-indo-européen. En 1786, William Jones, magistrat de la Cour suprême britannique en Inde, qui était par ailleurs un polyglotte exceptionnellement doué (il possédait vingt-huit langues), remarqua que, parmi celles-ci, certaines, c'est-à-dire le sanskrit, le grec, le latin, le gotique, le celtique et l'avestique se ressemblaient de façon telle, « aussi bien dans les racines des verbes que dans les formes de la grammaire «, qu'elles ne pouvaient qu'« avoir surgi de quelque source commune qui, peut-être, n'existait plus «. Il inaugurait ainsi, quelque soixante-dix ans avant Darwin, une vision évolutionniste des langues dont la communauté des linguistes est encore loin d'avoir tiré toutes les conclusions. Au cours du XIXe siècle, de très nombreuses études comparées ont montré que ces ressemblances permettaient de reconstituer une partie du vocabulaire, de la morphologie et même de la syntaxe du proto-indo-européen. Ces études, qui firent un large usage des classifications systématiques des éléments constituants du sanskrit faite par les grammairiens indiens, amenèrent les spécialistes de linguistique comparée à une vision analytique systématique des langues, dont l'application aux langues individuelles, en dehors des études historiques, donna naissance, au début du XXe siècle, à la linguistique structurale, fondée notamment par Ferdinand de Saussure qui avait d'abord été l'un des plus brillants comparatistes de l'histoire de la linguistique. Ainsi, la comparaison de séries de mots ou de formes apparentées dans différentes langues indo-européenne permit-elle de remarquer qu'existaient des correspondances entre les sons -- ou phonèmes-- qui les composaient, et que ces correspondances, dans de nombreux cas, se retrouvaient d'une série à une autre. Par exemple, dans la série indo-européenne des formes verbales signifiant « (je) porte «, en sanskrit bhár-ami, en grec phér-ô, en latin fer-o, la consonne initiale n'est pas exactement la même dans les trois langues, bien que les sons représentés par bh, ph et f aient plusieurs points communs. Mais, aussi bien ces points communs que ces différences se retrouvent dans la série des noms du « frère «, sanskrit bhráta, grec phráter et latin fráter. (Voir Grimm, loi de ;Verner, loi de.) L'examen, d'abord intuitif, puis aidé par des investigations expérimentales, des ressemblances et des différences entre phonèmes de séries de ce genre fut à l'origine de la phonétique et a permis de reconstituer la prononciation de certains mots dans la langue originelle commune. Il a montré aussi que ce sont les formes phonétiques et non orthographiques qui sont importantes pour la reconstitution de la proto-langue. Par conséquent, une langue écrite ne jouit dans la reconstruction d'aucun avantage particulier, en dehors du fait que certaines d'entre elles sont attestées depuis des temps reculés et sont, de ce fait, susceptibles de montrer des états de langue plus proches de la langue originelle. Cependant, la reconstruction de l'indo-européen, si elle permet de se faire une idée relativement précise de ce à quoi pouvait ressembler la langue originelle de la famille, ne permet pas de rétablir une langue que l'on pourrait espérer parler, même si un érudit du XIXe siècle a proposé abusivement des « traductions « de fables en indo-européen. D'autre part, bien que ces reconstitutions du vocabulaire indo-européen nous éclaire dans certains cas sur la vie économique, sociale et idéologique du peuple qui parlait cette langue, bien des aspects restent encore obscurs, et, en particulier, l'époque à laquelle était parlée cette langue ainsi que les dates, même approximatives, auxquelles les diverses branches se sont séparées du tronc commun. La linguistique ne fournit, en effet, presque aucun moyen de dater une langue par rapport à une autre, et celles qui sont avancées concernant l'indo-européen proviennent presque toujours de données archéologiques. Elles sont d'autant plus incertaines que, en l'absence d'écriture, celles-ci ne précisent pas quelle langue parlaient les peuples dont on retrouve les traces matérielles. S'il est sûr que, dès 2000 av. J.-C., le grec, le hittite et le sanskrit étaient déjà des langues distinctes, il serait bien aventureux d'établir la date à laquelle la langue originale était encore unifiée, que cette date soit antérieure de un, deux ou trois millénaires, voire plus. Depuis la fin du XIXe siècle, parallèlement aux études scientifiques qui se sont poursuivies sur l'indo-européen, et non sans interférer parfois avec elles, la famille indo-européenne a été abusivement exploitée par des idéologies racistes, en particulier par le nazisme, qui a utilisé en particulier le terme d'indogermanisch qui désigne, en allemand, cette famille pour doter fantasmatiquement les locuteurs de l'indo-européen d'un type anthropologique nordique, en vue d'étayer le mythe d'une race germanique « pure « remontant aux temps les plus reculés. Si de tels errements ne sont aujourd'hui plus d'actualité, il n'en demeure pas moins que de nombreux indo-européanistes manifestent une réticence dépassant les strictes exigences scientifiques à laisser apparenter à l'indo-européen des langues dont les locuteurs sont de types anthropologiques tendant à s'éloigner du standard occidental. 3 ÉVOLUTION L'évolution générale des langues indo-européennes manifeste un déclin progressif de la flexion. L'indo-européen commun était en effet une langue extrêmement flexionnelle, ce que reflètent les langues anciennes telles que le sanskrit, l'avestique et le grec classique. De nombreuses langues indo-européennes modernes, en revanche, comme l'anglais, le français et le persan, ont évolué vers un système analytique (utilisant prépositions et verbes auxiliaires). Ce déclin de la flexion s'explique largement par la chute progressive, due à l'évolution phonétique, de la syllabe finale de nombreux mots, ce qui a abouti à la disparition d'une grande partie des suffixes de la langue commune. De nouvelles formes et des distinctions grammaticales sont, par ailleurs, apparues dans diverses langues. L'évolution sémantique, que l'on a observée et étudiée avec succès dans de nombreux cas individuels, mais sans parvenir à la systématiser comme ce fut le cas de l'évolution phonétique, a affecté de nombreux mots au point de leur faire parfois perdre toute relation perceptible avec leur sens originel. 4 CULTURE ANCIENNE On ne peut établir la signification originelle que d'un nombre limité de mots reconstruits du proto-indo-européen. Ce lexique, reconstruit, suggère une culture néolithique ou peut-être une métallurgie très primitive, pratiquant l'agriculture et l'élevage d'animaux domestiques. L'identité et la localisation de cette culture ont fait l'objet de nombreuses spéculations. Elle a été située par certains dans les steppes au sud-ouest de l'Oural. Une hypothèse récente, fondée notamment sur la forte divergence du hittite d'avec les autres langues de la famille, situe avec vraisemblance le foyer indo-européen en Anatolie, dans l'actuelle Turquie. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.