Indiquez dans quelle mesure vous semble exact ce jugement de Lamennais sur La Fontaine : « Il ne retrace pas seulement les caractères, les passions, les mœurs, mais aussi les misères sociales, les injustices auxquelles l'habitude rend indifférent ; il les fait détester, il proteste en faveur du faible contre l'abus de la force, en faveur de l'humanité contre ses oppresseurs... Il est vraiment le poète du peuple ».
Publié le 27/02/2011
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I. Il ne s'agit pas des vices ou des travers indépendants du système social : sottise, avarice, vanité, etc... — Triomphe de la force : Le loup et l'agneau ; — Abus de l'injustice : Les animaux malades de la peste ; — Abus de certains privilèges : Le jardinier et son seigneur ; — Misère des humbles : La Mort et le bûcheron. II. Cependant, malgré ces quelques « revendications « sociales, La Fontaine n'est pas « le poète du peuple « : son égoïsme insouciant et distrait, — sa vie facile, — son attachement aux grands.
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- La Fontaine définit ses Fables comme « Une ample comédie à cent actes divers / Et dont la scène est l'univers / Hommes, dieux, animaux tout y fait quelque rôle.» Dans quelle mesure les fables que vous avez étudiées, justifient-elles cette affirmation du poète ?
- A la fin de son ouvrage, La Préciosité et les précieux, de Thibaut de Champagne à J. Giraudoux, René Bray, cherchant à définir une « éthique de la préciosité », note (page 395) : « Ne pourrait-on dire que, dans la préciosité, le poète, au fond, est toujours seul devant soi ? Qu'il quête ou non l'applaudissement, il cherche d'abord sa propre approbation. Se distinguer des autres, c'est se donner du prix à soi et pour soi : le juge suprême, c'est toujours soi. La préciosité est une « dan
- Que pensez-vous de ce jugement d'Olivet sur les « Caractères » (1730) : « Tant qu'on a cru voir dans ce livre les portraits des hommes vivants, on l'a dévoré pour se nourrir du triste plaisir que donne la satire personnelle. Mais à mesure que ces gens-là ont disparu, il a cessé de plaire par la matière. »
- Corneille a dit dans son Premier discours sur le poème dramatique : « Les grands sujets qui remuent fortement les passions et en opposent l'impétuosité aux lois du devoir ou aux tendresses du sang doivent toujours aller au-delà du vraisemblable et ne trouveraient aucune créance parmi les auditeurs s'ils n'étaient soutenus par l'autorité de l'histoire. » Dans quelle mesure cette invraisemblance relative des sujets a-t-elle pu entraîner chez Corneille l'invraisemblance des caractères ?
- Gabriel Rey écrit dans Humanisme et surhumanisme (1951): «Dire que la littérature classique est le fait d'une élite pour une élite est sans doute plus exact historiquement qu'en soi. Rien n'empêche de concevoir un classicisme de masse ; c'est une simple question d'éducation et de pensée régnante, de mode enfin. [...] Prétendre que le «peuple» - entité d'ailleurs plus mythique que réelle - est voué à jamais à sa vie intellectuelle et artistique actuelle, à la pensée (si l'on peut dire)